En 1968, Norberto Bobbio, grand intellectuel italien, socialiste libéral de gauche, disait à ses étudiants, partisans de la « révolution culturelle » que la culture renvoie au raisonnement critique, à la capacité de reconnaître et de rejeter tout manichéisme, toute simplification et toute organisation partisane. . . Isaiah Berlin, historien et philosophe politique britannique, a accusé les « révolutionnaires » de 1968 de prononcer des slogans vides de sens et de détester le savoir et l’histoire. Jeanne Hersh, philosophe suisse, a écrit que l’esprit de 1968 apparaissait enfantin et intellectuel, résultat des activités de toute une tribu de soi-disant penseurs, écrivains et artistes qui ne s’intéressent pas à la vérité et à la réalité, mais qui étaient très peu nombreux. à la recherche de moyens faciles de gagner. Raymond Aron écrit dans La Révolution introuvable que ce mouvement n’a pas vraiment de projet politique, ni de projet intellectuel.

C’était un défi à l’administration, au rôle des institutions que les manifestants veulent réformer. Le problème, c’est qu’ils ont surtout bavardé sans programme de réforme clair. Pour beaucoup, mai 1968 est associé à la libération des femmes, à la tolérance, au progrès social. Mais il y avait le revers de la médaille, le colonialisme du népotisme, la culture des jeunes, l’anti-intellectualisme au sein même des universités – dont témoigne le rejet absolu de l’élitisme (considéré comme la caractéristique de la « droite »). de « l’extrême droite » et des « autres fascistes »), l’obligation d’être « de gauche ». Les universités sont en effet devenues une sorte d’écosystème fermé où l’idéologie de gauche est rarement et seulement sérieusement remise en cause.

Le progrès de la radicalisation progressiste

L’héritage de mai 68 ne s’est pas perdu dans les institutions françaises, il l’y a remplacé, enrichi par les restes du marxisme-maoïsme-anarchisme, la perspective française aux sauces américaines et surtout les théories du genre. Ce mélange nouveau et indigeste consiste principalement en l’éternelle concurrence de tout et de tous, telle que la production d’idées réelles, cantonnées aux universités et universitaires et transformées en société en général. C’est ce que nous appelons les linguistes spéciaux « combinaison ». Cette idée est loin de la forme inclusive et de l’« écriture » dite inclusive et objective, comme l’écrit François Rastier dans Malaise dans la langue française (2022, éd. du Cerf), de remodeler la société collective et de construire une nouvelle humanité. Contrairement aux boîtes de discussion des contestations, les producteurs des slogans de Mai 68, ajouts post-modernes, revendiquent une vision de « l’inclusion » fondée « scientifiquement » et inspirée par la « recherche » et la « transparence » linguistique, qu’ils sont censé fournir. sa légitimité institutionnelle et sociale.

Offre limitée. 2 mois 1 € sans engagement

Créée dans une institution universitaire, par ceux qui prétendent détenir un savoir légitime, et diffusée par des médias égoïstes, et vendue comme un outil de justice sociale et un outil de libération, la collusion est l’une des plus grandes erreurs du début du 21e siècle. – vous. L’adjectif « mixte » s’applique à un grand nombre de substantifs qui marquent un espace social (journalisme, publicité, campagne électorale, emploi, restaurants, modèles d’enseignement universitaire, culottes d’époque, chaussures, plein air, nature, environnement de travail, WC, etc. . . ). On assiste également à la montée en puissance de professionnels rémunérés qui se revendiquent « in it » : le consultant ou référent inclusion, le coach inclusion. Les universités mettent en place un enseignement « intégré », les entreprises construisent des toilettes « intégrées ». Lorsque le mot « mixte » est partout, et renvoie à des réalités différentes telles que la langue, l’écriture, l’environnement de travail, les toilettes et les activités, cela devient un défi pour les linguistes. Loin de fonctionner comme un multi-mot, il perd ses propriétés sémantiques, se vide de son sens ou sens possible, et devient un mot commun, une formule magique à fonction reconnaissable entre les répétables et les petits.

Les racines de l’imposture

Ce méli-mélo complet est le résultat d’une fraude perpétrée par l’Université, légitimée par des universitaires et acceptée par beaucoup. Tout commence par l’introduction de la formule « texte inclusif » dans les ouvrages linguistiques, trompeuse dès le départ, car elle couvre des domaines éloignés de l’écriture, comme le dictionnaire, la syntaxe, les méthodes du métal, la culture sociale et les pratiques de mouvement des défenseurs. de cette initiative impossible. Expliquez que la prise en compte des cultures inclusives vient des cercles du mouvement LGBTQ et s’inspire de l’idée de Bourdieu selon laquelle la langue est un outil de domination (dans le cas des hommes plus que des femmes). Mais il s’avère que le premier « travail » présenté en « texte inclusif » n’est pas venu de linguistes, mais d’un homme d’affaires et professeur de littérature. Ils seront suivis par des gens très enthousiastes et croyant à l’opportunisme.

Pour développer leurs idées, elles s’appuient sur une partie du genre grammatical qui portera le crime ontologique de discrimination à l’égard des femmes. Or, le genre grammatical fait partie du vocabulaire (une catégorie linguistique organisée qui permet de parler la langue, sa description). Ce mot est dérivé de la racine signifiant appartenir à un groupe. Cette section est importante pour la description des langues : a) décrivant la façon dont les noms sont divisés en classes lexicales ; b) contrôler l’agencement des mots au sein de groupes syntaxiques (groupes, répétitions nominales). Dire qu’il y a trois genres dans une langue donnée signifie qu’il y a trois types de noms qui se distinguent par des conventions syntaxiques. En français, il existe deux types de grammaire, la différence entre ces types ne repose pas uniquement sur les propriétés que l’on peut trouver dans la réalité. Dans « Estelle est le personnage principal de ce livre » ou « Marie est médecin », les mots personnage et médecin appartiennent au genre grammatical, mais rien n’empêche ces mots de faire référence au sexe. La morphologie (construction de mots) n’indique pas un contenu sexuel ou une injustice sociale. Ceci n’est qu’un exemple de l’erreur des théories populaires.

Tous les vrais linguistes le savent. De célèbres linguistes français ont démenti la fausseté de la chronique publiée par Marianne et de nombreux ouvrages grand public, le dernier s’intitulant Malaise en langue française (éd. du Cerf). Blâmer la catégorie grammaticale pour la description du sexe équivaut à blâmer les nombres et les nombres pour l’âge et la maladie. Quand vous avez 20 ans, vous êtes jeune et en bonne santé, quand vous avez 90 ans, vous êtes vieux et malade. Peut-on dire que les 20 et 90 sont coupables de vieillir ? Ou peut-être ont-ils les mauvaises caractéristiques des vieux et des jeunes ? L’idée qu’on puisse réformer le langage pour mieux penser est utopique et totalitaire. Aucune idéologie totalitaire n’a atteint l’universalité : communistes et nazis se contentent d’interférer avec le dictionnaire. Cela a partiellement fonctionné dans l’ex-URSS en créant une « langue soviétique » traditionnelle. Bien avant George Orwell, Evgeni Zamiatin, un écrivain russe, a écrit Les Autres où tout cela est présenté en détail.

À Lire  Décisions difficiles : qu'est-ce que la paralysie du choix ?

Cependant, la passion s’est propagée avec enthousiasme, soutenue par toutes les universités françaises avec l’aide de collègues qui enseignent dans leurs cours et qui décorent leurs textes de symboles qui n’appartiennent pas aux styles français. L’illusion du pouvoir et de la force. Ces signes leur permettent de montrer leur fidélité au nouveau pouvoir, à l’instar des fermiers verts, bien décrits par Vaclav Havel dans Le pouvoir de l’impuissance.

Marché inclusif

Derrière ces accusations absurdes et ces procès contre la langue, qui ne sont que la pointe de l’iceberg idéologique, se dessine cette idée, souvent enseignée aujourd’hui à l’Université : le cadre de la situation de la langue de la structure sociale, de la nature, de la vision du monde et de l’explication justice- désavantage social. Si la société est fondamentalement injuste, inégale et sexuée, c’est la faute de la structure linguistique. Il suffirait donc de changer le langage pour changer la pensée. Mais ce n’est pas tout, selon les charlatans de la pseudo-linguistique, ce sont des hommes qui ont volontairement « masculinisé » le langage, c’est-à-dire en inventant des dialectes qui ressemblent à des pénis droits (voir Non, le mâle n’est pas plus que la femelle) et ça va vite. le « masculiniser ». Le plus grave est que ces sagesses enthousiastes ont reçu le soutien de divers comités, notamment le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes qui s’est empressé de produire des recommandations adressées à toutes les universités de France et de Navarre sur la façon de parler et d’écrire.

De plus, de nouvelles redevances ont été créées pour s’assurer de la bonne conduite des chasseurs potentiels. Les renvois aux VSBG (Violences Sexuelles et Sexuelles) sévissent dans les universités françaises où le viol est possible. En effet, pour que les conseils à l’écrit et à l’oral ne restent pas lettre morte, des formations sont dispensées par les universitaires du groupe EGAE, instance consultative d’égalité professionnelle qui promeut une écriture inclusive notamment pour les « individu.e.s ». L’année dernière, l’Université de Paris III a fait appel à cette agence pour dispenser aux salariés de bonnes formations en éthique. Validant le jugement de son créateur selon lequel un homme sur deux ou trois est un « agresseur sexuel ». Cette année, cette formation a été déclarée obligatoire à Sciences Po.

J’ai déjà écrit que les fausses opinions sur le langage utilisé par les agences et leurs responsables provenaient d’abord des groupes d’activistes LGBTQ. Le faux rapport entre langue et société s’impose, un faux-langage d’accompagnement, « inclure » devient un mot fourre-tout pour poursuivre l’utile travail idéologique sous la zone de la lutte contre les discriminations et l’inclusion. La Commission nationale des droits de l’homme insiste sur la création d’une « discrimination LGBT » obligatoire dans la formation continue.

Création d’un Homme nouveau

Le concept de société comme rapport de pouvoir fixe entre groupes identitaires trouve ses origines dans le néo-féminisme, victime des vestiges nourris du marxisme et de cette « intersectionnalité ». La société est, selon les sociologues, le « carrefour » des groupes opprimés et exclus par les oppresseurs. En résumé il est donc basé sur une logique binaire. Elle est aussi déterministe, car elle pense que les hommes sont une essence irrationnelle (sexuelle, chromatique), à ​​jamais déterminée et que la seule façon de se débarrasser de l’oppression est de se débarrasser de l’oppression. Alors pour prendre sa place et rétrograder au rang de « règle ». Non pas effacer, mais réapprendre, « envoyer », car la création du monde nouveau passe d’abord par la création d’un homme nouveau. Et « la destruction et la division de l’humanité au nom d’un monde plus accueillant, et finalement moins violent », selon Judith Butler. Le constructivisme s’attaque aux fondements de l’humanité : le langage et le corps, par la manipulation, la croyance et les faux raisonnements.

En effet, les charlatans de la linguistique ont déclaré que l’existence du genre grammatical explique l’inégalité des salaires entre les femmes et les hommes, et que si les femmes vivent mal c’est parce que les hommes travaillent mieux. Nous attendons avec impatience les accusations selon lesquelles si les femmes sont enceintes, c’est parce que les hommes les ont forcées…

De sa critique de la société environnante, qu’il accuse d’injustice, d’inégalité, de manque de liberté, le syndicat proclame une grande et incomparable injustice, inégalité et esclavage, une création mensongère et une culture générale. La convergence est un programme politique qui appelle à la « libération » et expose la ségrégation, la condamnation, la croyance et la guerre des sexes. Alors sortez-le.

Tout ce business, délibérément promu par des intellectuels, s’est emparé de tout l’Occident, y compris de nombreux pays internationaux, qui obligent les travailleurs à suivre une formation sur la participation, la diversité et d’autres idées, ce qui n’a aucun sens. L’institution universitaire porte une grande responsabilité dans ce conflit massif auquel nous assistons déjà.

J’ai la vision de faire revivre l’ère glorieuse du communisme, dont j’ai assisté à la fin dans les années 90, sans me douter alors, que je vivais dans l’avenir de mes collègues actuels qui résistent mal à ce mal du manque de liberté. .

*Yana Grinshpun est linguiste et maître de conférences à l’Université Paris III-Sorbonne-Nouvelle. Il est également l’un des fondateurs du mouvement de surveillance anticolonial et des penseurs identitaires.

Opinions

Histoire de Christophe Donner

Histoire de Frédéric Filloux