Violences conjugales : en entreprise, "il y a urgence à sécuriser le travail des femmes victimes"

En l’absence de législation, la prise en compte des violences dont peuvent être victimes les salariés dépend essentiellement du bon vouloir de leurs employeurs. Pour les acteurs du secteur, des efforts restent à faire.

Il y a au moins un angle mort ici : les entreprises ont-elles un rôle à jouer dans la lutte contre les violences conjugales ? Une seule mesure a été adoptée après le Grenelle concernant le monde du travail : la possibilité, pour les victimes de violences conjugales, de bénéficier depuis juin 2020 du déblocage initial de l’épargne de ses salariés. Doit-on aller plus loin ? Oui, je crois qu’il y a beaucoup de militants et de professionnels dans le domaine. Depuis l’automne 2021, la France a ratifié la convention 190 de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui oblige ses signataires à interdire toute violence fondée sur le sexe dans le monde du travail. Mais ce même texte appelle aussi les pays signataires à « reconnaître les effets des violences conjugales et à réduire leur impact sur le monde du travail ». Or, le gouvernement français a au moins ratifié cette convention, jugeant, dans son étude d’impact, « la législation française est conforme » aux dispositions du texte.

«Contraintes de choisir entre leur vie et leur emploi»

Le gouvernement cite à l’appui cette disposition prévue par l’accord d’assurance chômage de 2017 selon lequel : « La démission est valable lorsqu’elle intervient en raison d’un changement de résidence justifié par les circonstances dans lesquelles le salarié est victime de violences conjugales qui plainte a été déposée. Ça suffit ? Non, tranche Sophie Binet, qui est chargée de…

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