Pour fuir la misère, l’oppression ou encore l’homophobie… les raisons qui poussent les Comoriens à l’exil, notamment vers les îles voisines de Mayotte, ne manquent pas. Les journalistes étrangers n’étant pas les bienvenus aux Comores, l’équipe du magazine « Sur la ligne » a dû faire appel à un collègue pour prendre une des séries.

Manifestations interdites, manifestations à huis clos, soupçons de fraude électorale, corruption constante… « Les Comores, aujourd’hui, c’est une dictature », confirme Saïd Abdou Madi. Le secrétaire général adjoint du principal parti d’opposition, M. Juwa, a vu trop de membres de son parti aller en prison. Il s’exile à Mayotte, comme de nombreux opposants au régime d’Azali Assoumani.

L’actuel président des Comores est arrivé au pouvoir lors d’un référendum en 1999. Depuis lors, la liberté a diminué et le groupe d’îles souffre d’une crise économique. De nombreux Comoriens choisissent de quitter les bidonvilles de Mayotte, après avoir risqué leur vie en traversant l’océan Indien en kwassa-kwassa. Saïd Abdou Madi, lui aussi, est arrivé sur l’un des bateaux de pêche devenus le symbole de l’immigration clandestine. C’était il y a quatre ans et depuis, il attend la chute du régime pour revoir sa famille.

« Vous voulez protester, ils ne veulent pas, quand il y a des élections, ils trichent, battent les gens, volent… La tyrannie, pas la démocratie. Tous ces problèmes de wassa ne prendront pas fin tant que ce problème ne sera pas résolu. « 

Saïd Abdou Madi, secrétaire général adjoint de Juwa, le parti d’opposition comorien

Djaffar a été expulsé de Mayotte trois jours avant la fusillade. Il a continué à se joindre à l’équipe « Sur la ligne ». Les journalistes étrangers ne sont pas les bienvenus aux Comores, a confié le jeune homme à un confrère, à ce magazine. Depuis qu’il a été contraint de retourner dans les îles comoriennes, Djaffar vit caché avec son frère. Il ne souhaite qu’une chose, revenir à Mayotte pour vivre librement son homosexualité.

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« Ici, si votre homosexualité est découverte, vous pouvez être arrêtée par des hommes et battue. Cela peut même finir en prison. »

Djaffar, un jeune homosexuel comorien

Ici, les relations homosexuelles sont légales, considérées comme « contre nature », et de nombreux Comoriens ne les tolèrent pas. Le père de Djaffar n’a pas accepté le départ de son fils. Il l’a frappée et elle l’a rejeté. Un jour, il a « sorti une arme », raconte le jeune homme, montrant ses cicatrices. Djaffar s’enfuit et coupe les ponts. Tout ce qu’il a laissé derrière lui, c’est son frère et le désir de quitter les îles le plus tôt possible.

Extrait de « Mayotte-Comores : la sœur ennemie », à voir dans « Sur la ligne », le magazine d’information internationale diffusé le 2 février 2023 à 23h. sur France 2.

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