Michael n’a pas pu le supporter. Beaucoup de douleur. Trop de pression. Beaucoup de honte aussi « semble lourde sur sa famille », a déclaré Me Eva Dion, l’avocate de sa veuve. Beaucoup d’inquiétude est finalement, après avoir connu les conclusions de la libération qui seront prises par les parties adverses lors du procès qui se tiendra le 9 juin devant le tribunal correctionnel de Draguignan.
Alors Michel G. a décidé de mettre fin à ses jours. Quelques heures seulement avant l’audience qui devait le canoniser comme victime d’un accident du travail survenu le 5 avril 2017 lors du chantier d’agrandissement du Super U à Flassans-sur-Issole.
500kg de ferraille sur le dos
Naturellement retardé, le procès de la société Breuil Construction, qui a impliqué des intérimaires dans l’accident, et de la SCI Première Pierre 2009, la gestion des contrats, s’est finalement tenu jeudi. Les deux organisations ont été poursuivies pour blessures involontaires par une personne morale ayant causé un ITT pendant plus de trois mois (quatre cas). Concrètement, le tribunal a accusé le premier d’avoir manqué à son devoir de sécurité ou de vigilance, et le second de ne pas avoir désigné à temps un coordinateur sécurité du site.
Conditions très froides pour des douleurs aiguës. Le 5 avril 2017, alors que K. déplaçait une grille en béton soudé à l’aide d’une fourche, la charge a glissé de la fourche et est tombée sur Michel G. qui s’affairait à empêcher ses clients de se déplacer avec l’engin entre le parking et le supermarché et du magasin, ce dernier n’a que le souvenir d’un grand bruit. Cinq cents kilos d’acier tombèrent littéralement de son dos.
Licenciement, retraite anticipée et dépression
Victime de multiples fractures du bassin, de la colonne thoracique ou encore d’un pneumothorax, l’ouvrier de 61 ans a miraculeusement survécu au pire. Mais la gravité de sa blessure et les événements récents ont conduit à son licenciement pour incompétence et sa retraite anticipée. Avec la dépression comme compagnon du mal.
Si l’entreprise du Breuil – qui n’emploie pas Michel G. – est désolée de la tournure des événements, elle confirme par la voix de son dirigeant avoir mis en place toutes les procédures légales en matière de sécurité et notamment la formation de conduite des machines K « Il n’a pas eu le Caces (1), mais ce n’est pas une obligation, seulement une recommandation, a renvoyé Me Laurent Sounega de la défense. L’entreprise est dans le clou lorsqu’elle décide de s’auto-évaluer – même le talent des ouvriers. même les intérimaires ». Et l’avocat déplore « Nous préférons maintenir la raison humaine, alors que K. prétend toujours qu’il n’a pas baissé la fourche et que les photos ont été prises d’après l’accident elles montrent la direction du ciel. »
Effet papillon
Mais aux yeux du parquet, comme de la partie civile, Michel G. a été victime de « l’effet papillon ». « D’une négligence ou d’une série de malfaçons, non intentionnelles, mais bien réelles, pointe le procureur Valentin Taillandier. Dans les tramways, les brancards ont été perdus.
Reconnaissant que malgré tout vis-à-vis des sociétés inculpées ici pour la première fois, il a requis une amende de 25 000 contre Breuil Construction et 20 000 euros d’amende contre la SCI Première Pierre en 2009.
Michel G. ne sera pas là le 5 janvier pour entendre la décision du tribunal.
1. Certificat d’aptitude à la conduite en toute sécurité.