Dès lundi, les Français de plus de 60 ans peuvent recevoir les nouveaux vaccins contre le Covid-19. Mais il faudra attendre le 18 octobre pour se protéger de la grippe. Si la pandémie de coronavirus a fait connaître les gestes barrières, elle a éclipsé la grippe… mais elle n’a pas disparu. Certains médecins craignent une épidémie dévastatrice cet hiver entre la fatigue de respecter les gestes barrières et de se faire vacciner régulièrement contre le Covid-19 et un système de soins sous-marin qui aurait du mal à accueillir tous les patients.

Une maladie plus grave qu’on ne le pense

« Je suis toujours étonné de la façon dont la grippe est traitée dans notre pays », s’agace Olivier Guérin, chef du pôle gériatrie au CHU de Nice. Car ce virus est loin d’être inoffensif. Rappelons quelques chiffres : en France la grippe touche entre 2 et 6 millions de personnes, provoquant en moyenne 18 000 hospitalisations et 10 000 décès chaque année… Mais les impacts indirects moins connus ne sont pas à négliger. Ainsi, attraper la grippe multiplie par 8 le risque de faire un AVC. Malheureusement, 23 % des personnes âgées atteintes de cette maladie connaissent une perte d’autonomie. Pour la moitié d’entre eux, ce sera pour toujours.

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Une (double) épidémie imprévisible

« En ce moment, il est très difficile d’anticiper la gravité, la durée d’une épidémie de grippe, poursuit le gériatre et ancien membre du Conseil scientifique du Covid-19. L’année dernière, nous avons assisté à un retard assez inédit : l’épidémie est démarrée tardivement et a duré longtemps : 9 semaines ». Selon Santé Publique France, le pic a été atteint début avril, bien plus tard que les années précédentes. Bonne nouvelle cependant : l’épidémie est restée modérée et les hôpitaux ont bien résisté à la double vague de Covid et de grippe.

Mais le contexte est différent aujourd’hui… Par ailleurs, dans l’hémisphère sud, notamment en Australie, l’épidémie de grippe a démarré de manière précoce et intense. Donc l’inverse de ce qu’a connu la France l’hiver dernier. « On ne sait pas à quoi s’attendre de cet hiver, nuance Olivier Guérin. Mais on a deux moyens de se protéger : le vaccin et les gestes barrières. »

L’épidémie de Covid avait permis de banaliser les bonnes habitudes pour éviter la propagation du coronavirus, mais aussi grippe, gastro, rhume… Pourtant, les gestes barrières, omniprésents depuis deux ans, ont quasiment disparu du paysage. Ce qui inquiète Alain Fischer, l’ancien « Monsieur Covid » du gouvernement, qui confiait au Parisien fin septembre : « Depuis deux ans, la grippe est tenue à distance, grâce aux mesures barrières contre le Covid ». année il sera difficile de maintenir le même niveau de protection : masque, distanciation, lavage des mains… »

Une vaccination trop basse chez nos seniors

« Si on veut avoir un impact fort sur l’épidémie, il faut atteindre 75% de la population vaccinée à risque », prévient Olivier Guérin. Pourtant, on en est loin… En effet, la couverture vaccinale a atteint 56,8% chez les 65 ans et plus en 2021-2022… contre 59,9% en 2020-2021 selon la Haute Autorité de santé. « Cette tendance à la baisse nous inquiète », explique le gériatre. Douze sociétés éduquées ont également appelé à une meilleure vaccination contre la grippe pour les personnes à risque. Problème : La fatigue est palpable quand certaines personnes doivent se faire vacciner tous les trois mois…

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Un hôpital à bout de souffle

Entre l’épuisement lié au manque de personnel, le renvoi en pagaille, les vagues éprouvantes du Covid, les soignants ont beaucoup souffert ces derniers mois (et années). « On n’a jamais vu un système de santé aussi délabré que celui qui se prépare à affronter l’hiver, prévient le gériatre. Forte capacité ».

Et même en ville, avec la désertification médicale, il reste difficile d’accéder à un soignant. Une situation très difficile à endurer pour des soignants épuisés : « mais surtout on risque de perdre des patients qui auraient pu survivre ». D’autant que, comme l’hiver dernier, le système de santé va devoir faire face à une double épidémie : le Covid-19, qui connaît une nouvelle vague depuis octobre, et la grippe.

Des vaccins disponibles, sûrs et gratuits

Comme on le sait, le virus de la grippe évolue, il faut se refaire vacciner chaque année pour être protégé. Du 18 octobre au 15 novembre, les personnes à risque, y compris les plus de 65 ans, sont prioritaires pour recevoir cette injection. Ils recevront un bon de l’Assurance Maladie par courrier à leur domicile, avec lequel ils pourront se rendre gratuitement à la pharmacie pour obtenir le sérum.

Un vaccin plus efficace pour les plus de 65 ans

Quatre vaccins sont commercialisés en France cette année. Tous sont tétravalents, c’est-à-dire qu’ils ciblent quatre souches du virus et tous sont remboursés aux plus de 65 ans. L’un d’eux, baptisé Efluelda (et commercialisé par Sanofi), est plus dosé, il semble donc plus adapté aux seniors dont le système immunitaire n’est plus aussi résistant.

« Une étude portant sur 32.000 personnes de plus de 65 ans a montré qu’utiliser ce vaccin à fortes doses par rapport à un vaccin standard permettrait de prévenir ¼ de cas de grippe par an », a déclaré Marie-Cécile Levant, responsable des affaires médicales à l’influence chez Sanofi Vaccine. France. Il ajoute que cela permettrait également d’économiser 18 000 hospitalisations et 700 décès par an.

Précision : Des études ont montré que les effets secondaires (douleur au site d’injection, fièvre, maux de tête) surviennent plus souvent qu’avec un vaccin standard, mais sont de même intensité. Le laboratoire Sanofi, mais aussi la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) demandent aux autorités sanitaires de recommander ce sérum, qui n’est commercialisé que depuis l’an dernier, au lieu des trois autres pour les Français de plus de 65 ans. Si le bon envoyé par l’Assurance Maladie ne recommande pas ce vaccin en particulier (cette année), vous pouvez en discuter avec votre médecin ou votre pharmacien pour savoir si vous pouvez vous le procurer.

Se faire vacciner contre le Covid-19 et la grippe en une seule fois? C’est possible

La Haute Autorité de Santé recommande de combiner les deux injections : contre le Covid-19 et la grippe. « La co-administration est intéressante pour éviter deux rendez-vous, insiste Olivier Guérin. D’autant qu’elle ne modifie pas l’efficacité des deux vaccins et n’augmente pas les effets secondaires ». Il est possible de faire cette double injection avec les quatre vaccins contre la grippe et les rappels contre le Covid-19. Seule précaution : on fait une injection dans chaque bras. Pratique aussi : les professionnels de santé habilités à faire un vaccin contre la grippe peuvent également vous vacciner contre le Covid-19 : médecins, infirmiers, sages-femmes et pharmaciens (bénévoles). Si vous n’avez pas pu pratiquer cette co-administration, la Direction Générale de la Santé vous rappelle qu’il n’y a pas de délai à respecter entre les deux injections.

Faut-il attendre un vaccin unique qui cible les virus de la grippe et du Covid-19 ? « De nombreuses équipes y travaillent, mais nous n’en sommes qu’à la phase d’études préliminaires, ce n’est pas le sujet de cet hiver », répond Olivier Guérin.

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