Lorsque le désir fait défaut et que cette situation persiste, elle peut révéler des problèmes plus profonds. Première raison de consulter un sexologue, la baisse de la libido peut s’expliquer par de nombreux facteurs.

Libido en deux… C’est l’une des premières raisons de consulter un sexologue et un problème bien plus courant qu’on ne le pense. Il est vrai que dans une enquête française sur la sexualité auprès de 12 000 personnes âgées de 18 à 69 ans, seuls 1,9 % des hommes et 6,8 % des femmes déclarent souffrir « souvent » d’une absence ou d’un manque de désir réel. libido, au cours de la dernière année. Mais les chiffres ont bondi à 20,1% et 29% respectivement lorsque « parfois » a été remplacé par « souvent ». Si la baisse de la libido n’est pas répertoriée comme un trouble du désir sexuel dans les manuels médicaux, elle ne doit pas être prise à la légère, car elle peut être source de stress.

« Si une personne vient en consultation pour ce type de problème, je recommande aux médecins de traiter le problème selon une approche en quatre temps », explique le Pr Patrice Lopès, ancien chef de service de gynécologie au CHU de Nantes et directeur de la formation. sexologie des Hôpitaux Universitaires de l’Ouest. Tout d’abord, l’approche médicale. Il s’agit d’étudier certaines structures neurales du cerveau, telles que l’hypothalamus et le thalamus, qui sont connues pour être impliquées dans le craving grâce à des études réalisées à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM). « On peut rencontrer des troubles du désir d’origine centrale, ainsi que des troubles d’origine hormonale », précise le professeur Lopès.

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La piste de l’origine hormonale

Ces troubles touchent les deux sexes. Chez les hommes, il peut s’agir d’un taux anormalement bas de testostérone ou d’un taux étonnamment élevé de prolactine, une hormone qui peut agir pour réduire la sécrétion de testostérone dans certaines cellules testiculaires. « Chez la femme, le manque d’hormones œstrogènes peut entraîner une baisse de la libido due à une atrophie des organes génitaux, poursuit le médecin. On pense également que les hormones androgènes jouent un rôle, avec une légère augmentation de la concentration de testostérone expliquant l’augmentation du désir en période préovulatoire, et à l’inverse, une baisse qui expliquerait la diminution de la libido après ablation ovarienne. » En plus de ce tableau clinique , il y a des rapports douloureux qui feront naturellement baisser le désir.

Interroger son passé

« Un passé traumatique peut plus tard, parfois des années plus tard, se transformer en troubles chroniques de la libido. »

Deuxième axe de l’enquête, il faut s’intéresser à la personne qui consulte, et surtout à son passé. « Il est clair qu’un passé traumatique (comme les abus sexuels) peut se transformer en troubles chroniques de la libido plus tard, parfois des années plus tard. » détaille le professeur Lopes. Le médecin recommande également de se renseigner sur l’éducation, la religion, l’expérience, sans oublier tout ce qui tourne autour du psychologique. Des pratiques sexuelles conflictuelles, une mauvaise imagination érotique ou une imagination érotique culpabilisante, une aversion pour certaines pratiques, l’évitement des perceptions positives, des problèmes d’identité et une santé mentale instable peuvent également être impliqués.

Certaines périodes difficiles pour les individus, comme le deuil, ne sont clairement pas propices au désir sexuel. Plus banalement, des commentaires durs ou des critiques sur les compétences sexuelles peuvent s’imprimer dans la mémoire et la peur de ne pas pouvoir attirer un partenaire sera alors à l’origine de la rupture du désir. Surtout chez les hommes, la pression est grande dans nos sociétés modernes axées sur la productivité, y compris la pression sexuelle.

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Enfin et surtout, bien sûr, les troubles de l’humeur, en particulier la dépression, ont des effets dévastateurs. « Surtout dans la période autour de la ménopause, une femme déjà légèrement déprimée le sera encore plus à cause des changements hormonaux, de la prise de poids et d’une mauvaise estime de soi », commente le gynécologue. Cela peut réveiller des troubles de la libido.

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Le rôle primordial du contexte familial et professionnel

« Une femme qui vient de perdre son emploi, qui est au chômage, ou dont la carrière professionnelle est menacée par la naissance d’un nouvel enfant, a très souvent une libido perturbée. »

Troisième point à considérer en cas de baisse de désir : le contexte social. Les problèmes financiers, les tensions au travail, les problèmes dans les relations avec les collègues, les amis, les parents ne sont pas sans conséquences sur le désir sexuel. « Une femme qui vient de perdre son emploi, qui est au chômage, ou dont la maternité ou la naissance d’un nouvel enfant menace sa carrière professionnelle, a très souvent une libido perturbée », souligne le professeur Lopès.

Les hommes ne valent pas mieux. Le chômage ou au contraire la pression d’un travail stressant avec des journées de travail de plus en plus longues sont une véritable catastrophe pour la libido. Aux États-Unis, par exemple, où travailler plus de quarante-cinq heures par semaine avec très peu de temps libre est la norme, le désir est en chute libre. Une étude début 2010 montre une baisse de 15% des relations sexuelles par rapport aux années 1990.

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Le porno mis en cause

On dit que l’invasion de la pornographie sur les écrans d’ordinateur et les téléphones portables nuit à la libido même dans la « vraie » vie. Certains chercheurs pensent que la pornographie peut paradoxalement provoquer une anorexie ou un dysfonctionnement sexuel chez des personnes psychologiquement fragiles. En 2011, une enquête auprès de 28 000 téléspectateurs de pornographie en Italie a montré que beaucoup d’entre eux se livraient à une consommation quotidienne excessive et s’habituaient ainsi à des images extrêmes (performances irréalistes ou violentes). Selon les chercheurs qui ont mené l’étude, l’effet pour ces hommes serait catastrophique : ils ne pourraient plus ressentir suffisamment d’excitation lorsqu’ils seraient en situation d’amour.

« La libido, ce n’est pas des hormones, ce n’est pas de l’anatomie, ce n’est pas de la psychologie, c’est tout un ensemble de facteurs sur lesquels vous devriez vous interroger. »

Voici la quatrième question que le thérapeute doit aborder face à une personne se plaignant de troubles du désir : où en est leur relation ? « Le couple joue un rôle important dans la libido, car il peut y avoir des déceptions, des habitudes qui rendent le désir moindre, note Patrice Lopès. Il m’est arrivé d’accepter une femme en consultation, dont le compagnon, auparavant très exigeant, était beaucoup moins sexagénaire. Parce qu’elle se sentait moins désirée, elle avait par conséquent moins de désir, alors que le problème venait de lui, de problèmes érectiles qu’il ne voulait pas admettre, et du coup il ne faisait plus de préliminaires et évitait les rencontres sexuelles. » Dimensions l’individu et le couple est lié.

« Dans mes enseignements, j’insiste sur le fait que la libido ce n’est pas les hormones, ce n’est pas l’anatomie, ce n’est pas la psychologie, c’est toute une série de facteurs sur lesquels il faut s’interroger », conclut Patrice Lopès.