Une convention entrée en vigueur en début d’année prévoit une participation financière de l’Etat à la couverture santé des fonctionnaires. A terme, en 2024, cette participation atteindra 50% de la cotisation. En attendant, il est possible de bénéficier d’une prise en charge jusqu’à 15 euros par mois sur demande.

Cette réforme implique-t-elle un changement substantiel de philosophie, et un alignement sur les principes de la loi ANI de 2016 pour le secteur privé : adhésion obligatoire, contrat collectif et épargne ? Réponses avec Noémie Marciano, Technicienne & Conseil, Public & Privé pour WTW.

Quels sont les grands principes de l’accord ?

La convention ministérielle signée avec la fonction publique de l’Etat prévoit la participation de l’employeur à la couverture santé à partir du 1er janvier 2022, à hauteur de 15 euros par mois pour les agents qui justifient de l’adhésion à une complémentaire santé. C’est la première étape vers une couverture mutuelle jusqu’à 50% à partir du 1er janvier 2024, comme c’est le cas aujourd’hui pour les salariés du secteur privé. En vertu de cet accord, tous les fonctionnaires de l’État, qu’ils soient en activité ou retraités, ainsi que leurs ayants droit, pourront bénéficier d’une couverture complémentaire santé, pour laquelle au final dès la fin l’employeur participera à hauteur de 50% . Pour les actifs, l’adhésion sera obligatoire, et elle sera facultative pour les retraités. L’assurance complémentaire détenue pour couvrir ces garanties ne peut refuser la souscription d’un retraité qui en fait la demande. A partir du 1er janvier 2024, les dispositions de cet accord s’appliqueront donc à tous les agents et tous les ex-agents, sans délai de carence.

Pourquoi cette période transitoire jusqu’en 2024 ?

La période transitoire devrait permettre de supprimer progressivement le référencement. Dans chacun des ministères de la fonction publique de l’État, il existe un mécanisme de référencement, avec une liste d’assureurs identifiés pour couvrir les garanties de santé. Par exemple, pour l’Éducation nationale, c’est la MGEN qui est particulièrement référencée, et a ainsi réussi à fédérer un grand nombre d’enseignants. Cependant, ces derniers avaient déjà la possibilité de ne pas y souscrire, de souscrire à un contrat individuel, ou à la mutuelle obligatoire de l’entreprise de leur conjoint.

Qui sont les fonctionnaires concernés par cet accord ?

Tous les fonctionnaires de l’État : fonctionnaires des armées, de la justice, de l’éducation nationale (enseignants, chercheurs), etc. Jusqu’à présent, les ministères ont été assez différents en termes de participation à la protection sociale complémentaire. Certains étaient déjà impliqués, comme le ministère des Armées, tandis que d’autres ne l’étaient pas du tout, par exemple le ministère de l’Intérieur. L’accord conclu permettra également de niveler cette contribution inégale jusqu’à présent. Il n’y a qu’une seule exception pour la fonction publique territoriale, qui bénéficiera d’un délai supplémentaire pour appliquer la réforme. Ce n’est qu’à partir de 2026 que les agents pourront bénéficier d’une prise en charge à hauteur de 50% de leur cotisation santé ; pour la partie retraite, elle sera plus précoce, à partir de janvier 2025, avec un financement minimum de 20% de la cotisation. Ce qui est plus intéressant que dans le secteur privé, puisqu’il n’y a pas une telle obligation de couvrir des risques tels que l’incapacité de travail, l’invalidité, etc. (hors dispositions prévues dans les conventions collectives).

Il s’agit donc d’un changement d’ampleur, qui prévoit d’aligner le public sur les principes de l’accord ANI de 2016 

Oui, nous changeons complètement la philosophie, aujourd’hui l’adhésion est facultative avec le soutien des ministères en fonction de leur budget. Nous passerons à une adhésion obligatoire que les agents de l’État devront justifier de ne pas adhérer. La suite sera différente de ce qui se passe aujourd’hui, l’idée sera de mettre effectivement sur le même plan les fonctionnaires et les salariés du secteur privé, qui à partir de 2016 ont bénéficié d’une complémentaire obligatoire de 50% de la part de leur employeur.

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Côté financement, le fonctionnement s’aligne aussi sur le privé ? 

Une partie des cotisations sera financée par l’Etat et l’autre par les agents eux-mêmes, comme c’est le cas pour les salariés du secteur privé.

Les fonctionnaires peuvent-ils s’attendre à payer moins cher pour leur couverture santé ? 

C’est un tout autre paradigme, avec un contrat collectif, un principe de mutualisation, quel que soit l’âge ou l’état de santé des assurés, et une affiliation obligatoire : tous ces éléments devraient contribuer à la baisse du prix de l’assurance-maladie. De par sa nature, un contrat individuel optionnel est plus cher qu’un contrat collectif à adhésion obligatoire.

Quelles sont les distinctions avec le privé, notamment sur le panier de soins ? 

L’accord définit un socle de garanties supérieures pour le panier de soins ANI, prévu pour les salariés du secteur privé. Par exemple, à l’hôpital, nous avons une couverture pour les chambres privées ou les frais de soutien, qui ne sont pas inclus dans la base privée minimale. La population bénéficiera également d’une meilleure prise en charge des prothèses et implants dentaires, avec un important volet de prévention, et le remboursement des vaccins, de la contraception, des tests de dépistage, etc. Bien entendu, le panier de soins coûte donc un peu plus cher, estimé à environ 60 euros, contre 25 à 30 euros pour le secteur privé. Mais il faut garder à l’esprit que le mécanisme intergénérationnel vis-à-vis des retraités et allocataires est également inclus dans la tarification. Parallèlement, le panier minimum prévoit une couverture plus large des bénéficiaires, notamment auprès du partenaire. L’adhésion des moins de 26 ans est également prévue, en effet, l’accord s’est inspiré de tous les axes d’amélioration qu’il convient d’apporter au système privé.

Comment les complémentaires vont-elles s’adapter à ce nouveau paradigme ? 

Ils devront adapter leurs systèmes, à tous les niveaux : au niveau technique, car il faut avoir une démarche tarifaire collective, au niveau de la gestion, car ces contrats ne sont pas gérés de la même manière, et au niveau commercial, car c’est une autre forme d’accompagnement. Je pense que la plupart des mutwis en place travaillent sur ce changement depuis un certain temps. Les petits organismes peuvent avoir plus de difficulté à s’adapter.

Et quel sera le rôle d’un courtier comme le vôtre dans cette transition ? 

Nous avons plus de 25 ans d’expérience dans la fonction publique, notamment dans la partie statutaire qui est en amont de la partie complémentaire. Nous connaissons donc bien les clients de la fonction publique territoriale et des hôpitaux (avec plus de 5 500 collectivités clientes), et nous avons déjà obtenu des contrats d’accord de participation, qui sont les précurseurs des contrats qui arriveront, tant en force qu’en prévoyance. De plus, notre expérience dans le secteur privé, avec des entreprises de toutes tailles et plus de 2 millions de bénéficiaires gérés, et dans le dialogue social, nous permettra également d’aider à la transition. Nous avons remarqué qu’un solide soutien en face à face est également nécessaire pour que les autorités locales établissent des contrats et les expliquent aux agents. Sur ce point, grâce à notre maillage territorial, avec des bureaux commerciaux dans toute la France, nous disposons d’une force de vente capable de répondre aux questions des agents. Enfin, notre attention portée à la gestion des données nous permet de challenger la tarification des assureurs, et de calibrer au mieux les montants des contrats.

Comment bénéficier du remboursement de 15 euros de la cotisation mutuelle ?

Pour bénéficier du remboursement de 15 euros, vous devez adresser une demande à l’administration de votre employeur. Vous pouvez utiliser le modèle de lettre disponible sur le site public du service. Vous devrez également joindre une attestation de votre organisme de protection complémentaire.