L’érythème migrant est la première et la plus courante manifestation de la maladie de Lyme transmise par une piqûre de tique. Il est important de le détecter tôt pour éviter la maladie. Suivez le guide!
Qu’est-ce qu’un érythème migrant ?
L’érythème migrant apparaît comme une tache rouge sur la peau qui s’étend progressivement. « Cette manifestation cutanée typique se forme souvent dans la semaine, parfois dans le mois, après une piqûre de tique. Cette dernière est en fait obligatoire pour qu’apparaisse un érythème migrant. Et comme son nom l’indique, cette tache rouge va s’étendre quotidiennement pour atteindre progressivement une taille qui chez certains patients peut aller jusqu’à plusieurs dizaines de centimètres de diamètre », précise le Dr. Cédric Lenormand, dermatologue aux hôpitaux civils universitaires de Strasbourg et membre de la Société Française de Dermatologie (SFD).
La peau reste parfaitement lisse : vous ne sentez rien lorsque vous tendez la main. Ni petit bouton ni desquamation. « On peut voir un bouton rouge au milieu du site, qui correspond à la réaction inflammatoire à la piqûre de tique. Cela peut aider au diagnostic, sachant que ce bouton n’est pas toujours présent », ajoute le spécialiste. Lorsque ce point de réaction existe, il apparaît généralement immédiatement après la morsure et ne tend pas à l’extension régulière caractéristique de l’érythème migrant – un bon moyen d’éviter de confondre la « réaction allergique » courante à la morsure avec un authentique érythème migrant.
Quelle est la cause de l’érythème migrant ?
L’érythème migrant est la manifestation la plus fréquente (plus de 90 %, voire 95 % des cas), et la première au temps de la maladie de Lyme. « Il s’agit de la manifestation la plus spécifique de la maladie de Lyme, correspondant à sa phase précoce et localisée. Elle est reconnue au premier abord sans qu’il soit nécessaire d’approfondir les investigations », précise le Dr. Lenormand.
La maladie de Lyme se caractérise par une infection bactérienne, qui est toujours causée par une piqûre de tique infectée, rarement perçue par les patients, car ce sont très souvent de petites tiques qui sont responsables de la transmission de l’agent infectieux. « La bactérie en question s’appelle Borrelia burgdorferi, précise notre interlocuteur. En France, une seule tique peut la transmettre, Ixodes ricinus. Cette tique a trois stades de vie : stade 1 sous forme de larve, stade 2 sous forme de nymphe (1 à 3) mm) et femelle adulte ( 5 à 6 mm) au stade 3. Ixodes ricinus peut transmettre la bactérie durant les deux derniers stades de son développement, la morsure d’une nymphe étant plus difficile à détecter du fait de sa petite taille et du caractère indolore de celles-ci. «
Après avoir piqué, la tique, si elle est infectée, doit avoir le temps de transmettre la bactérie à son hôte : « La tique doit rester attachée au minimum 6 à 24 heures, car la bactérie se trouve généralement dans l’intestin de la tique vectrice, donc il faut un certain temps pour être injecté dans son hôte ». Il est clair que si vous êtes piqué dans la journée et que la tique est complètement retirée le soir, il n’y a aucun risque de développer un érythème migrant (et donc la maladie de Lyme), au niveau de cette piqûre. Cependant, il faut s’assurer qu’il n’y a pas d’autres endroits sur le corps.
A noter que les personnes mordues par une tique porteuse de Borrelia ne développent pas forcément la maladie de Lyme. De 12 à 25 % des tiques, selon les régions et les écosystèmes, sont porteuses de Borrelia burgdorferi en Europe, et le risque de développer un érythème migrant en cas de morsure suffisamment longue d’une tique infectée est estimé à environ 10 %. Les traitements antibiotiques préventifs après une morsure n’ont donc aucun intérêt, mais la prudence s’impose et le site de la morsure doit être surveillé pendant 1 mois.
Quels sont les signes cliniques ?
Dans plus de 70 % des cas, l’érythème migrant ne s’accompagne d’aucun symptôme : pas de sensation de démangeaison ou de picotement, pas de douleur. « Une minorité de patients décrit une sensation anormale à la surface de la peau, où elle est rouge, et qui indique une irritation des petits nerfs cutanés. C’est ce qu’on appelle une paresthésie (engourdissement) ou une dysesthésie (brûlure) », note le Dr. Lenormand.
Entre 20 et 30 % des personnes ayant développé un érythème migrant présentent des symptômes généraux :
« Tous ces signes infectieux non spécifiques ressemblent à un syndrome grippal », résume le dermatologue.
A noter que la tache rouge peut voir sa couleur fluctuer tout au long de la journée, parfois très rouge, parfois à peine rose, voire presque invisible, « ce qui peut être assez difficile », prévient le Dr. Lenormand. Au fur et à mesure qu’il se dilate, sa partie centrale peut également devenir plus blanche, donnant un aspect « anneau » très distinctif.
Alors que l’érythème migrant est de loin la première manifestation de la borréliose de Lyme (ou maladie de Lyme), d’autres formes de la maladie se retrouvent chez des patients qui n’ont pas identifié d’érythème migrant auparavant. Possibilité de les revoir :
Une borréliose de Lyme précoce disséminée
Les manifestations de la maladie de Lyme disséminée précoce surviennent dans les six mois suivant la piqûre infectieuse et sont dues à la propagation de la bactérie dans le corps à partir du site d’inoculation. Il peut s’agir d’un érythème migrant multiple. « C’est généralement la même bactérie : la tique ne pique qu’une seule fois, ce qui provoque un érythème migrant au site de la piqûre, puis en se diffusant dans le sang, la bactérie va provoquer un nouvel érythème ailleurs dans la peau », précise le spécialiste. Il peut également s’agir de manifestations neurologiques (paralysie faciale, méningite, douleur au niveau d’une racine nerveuse) ou cardiaques (troubles de la conduction cardiaque entraînant syncope et rythme cardiaque irrégulier), qui nécessitent parfois une hospitalisation.
La borréliose de Lyme tardive disséminée
Manifestations plus rares de la maladie de Lyme tardive disséminée, qui se développent et persistent plus de 6 mois après la morsure. « Si la plupart des patients qui en sont touchés se souviennent à nouveau d’avoir été exposés à des tiques au cours de leur vie, en revanche, ils n’ont généralement pas le souvenir d’avoir eu des taches rouges », précise le Dr. Lenormand. Sont-ils passés inaperçus ou n’ont-ils jamais existé ? Une chose est sûre, poursuit l’expert, « on parle de la maladie de Lyme tardive, car la maladie n’a jamais été traitée. Or, la bactérie peut rester dans l’organisme pendant des années. » Les tableaux cliniques peuvent être dermatologiques (rougeur violacée chronique d’un membre associée à une acrodermatite atrophique chronique), articulaires (arthrite, typiquement du genou avec tuméfaction douloureuse qui se développe lors des poussées), voire neurologiques. « Parfois, chez des sujets souvent âgés, cela peut donner des images de syndrome de pseudo-démence avec perte de mémoire réversible. Ces symptômes disparaissent avec un traitement antibiotique », explique le dermatologue. Il en va de même pour tous les autres symptômes de la forme tardive, bien que des séquelles soient parfois possibles.
Dr. Cédric Lenormand met en garde contre la tendance à vouloir expliquer à tout prix certains symptômes fréquents dans la population générale (fatigue, maux de tête, douleurs musculaires ou articulaires, difficultés de concentration) sans cause apparente à la persistance hypothétique (et invérifiable) de la bactérie Borrelia. dans l’organisme des patients, entraînant des traitements inadaptés et parfois dangereux. « Aucune étude scientifique de qualité ne permet actuellement de démontrer le lien entre ces symptômes et une infection active à Borrelia », affirme de son côté Santé publique France.
Par conséquent, il est important dans ces cas difficiles de poser un diagnostic correct. Les patients peuvent bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire de qualité dans des centres d’expertise (centres de compétences/centres de référence maladies à vecteurs croisés) couvrant l’ensemble du territoire.
En cas d’érythème migrant, qu’il soit unique ou multiple, l’examen clinique est suffisant. La présence d’une tache rouge de plus de 5 cm de diamètre, qui s’élargit progressivement, suffit à confirmer le diagnostic. En cas de doute, le médecin n’a qu’à mesurer l’extension de l’érythème tous les quelques jours pour le confirmer.
Le contexte peut également être utile, surtout si la personne se souvient d’avoir été mordue ou exposée à des tiques récemment, que ce soit lors d’une promenade dans les bois ou même pendant du temps passé dans un jardin. ou dans les parcs urbains, qui abritent également des tiques vecteurs de la bactérie Borrelia burgdorferi. Ce dernier représente 30% du nombre de piqûres.
« Si vous êtes face à un simple érythème migrant, il est déconseillé de réaliser un test sérologique. La sérologie peut être négative et trompeuse, même si le patient, qui n’a pas eu le temps de produire des anticorps, est infecté, souligne le Dr. Les anticorps de Lenormand dans le sang sont particulièrement utiles pour les formes généralisées de la maladie, surtout tardives ou la sérologie est presque toujours fortement positive En soutenant qu’une sérologie positive ne dispense pas d’effectuer des investigations complémentaires à la recherche d’autres diagnostics En effet, une sérologie positive la sérologie ne signifie pas nécessairement que le patient est infecté par Borrelia et que ses symptômes sont liés à cette bactérie.
Quelle est la durée de l’érythème migrant ?
En général, l’érythème migrant régresse progressivement et disparaît, même en l’absence de traitement, et bien que cela puisse prendre un certain temps, jusqu’à un an, témoigne le spécialiste : « Pour cette raison, l’érythème migrant a longtemps été appelé érythème chronique migrant ».
Cependant, cela n’empêche pas de prendre un traitement, qui est indispensable : si certains patients non traités guérissent spontanément de leur tache rouge, ils risquent de développer d’autres stades de la maladie par la suite, bien que ce ne soit pas systématique.
Quels sont les traitements ?
L’érythème migrant est traité par antibiothérapie. « Des questions se posent quant à sa durée optimale », explique le Dr. Lenormand. Aux USA, le traitement est prescrit pendant 10 jours, en France pendant 14 jours. Le but est avant tout de prévenir le risque d’apparition ultérieure de nouveaux symptômes de la maladie de Lyme. » Une toute nouvelle étude, non encore publiée, suggère que 7 jours pourraient effectivement suffire. de durée, la nature des antibiotiques efficaces est bien connue.
Après le traitement, qui permet de faire disparaître la tache en moins de 3 semaines dans la plupart des cas, il est recommandé de revoir le patient, un mois ou un mois et demi après le début du traitement antibiotique. « Il n’y a pratiquement pas de cas de résistance. Le but principal est de vérifier qu’il s’agissait bien de la maladie de Lyme et non d’une autre maladie de peau qui l’aurait mimée », précise l’expert.
A noter que dans moins de 1 à 2 cas sur 10, les patients ayant développé des manifestations autres que la tache rouge, comme une fièvre légère, des maux de tête ou de la fatigue, peuvent mettre un peu plus de temps à récupérer et à se débarrasser complètement de ces symptômes, qui n’a pourtant pas tendance à s’aggraver. Celles-ci peuvent persister pendant trois à six mois après la fin du traitement et disparaître progressivement. « C’est un phénomène assez classique après un certain nombre d’infections. Au bout d’un an, les patients sont généralement revenus à leur état d’origine », rapporte le Dr. Lenormand.
Quels sont les risques de complication ?
Hormis le risque de réaction allergique aux antibiotiques, aucune complication d’érythème migrant n’a été décrite lorsque le traitement a été bien conduit. Cela signifie que la prescription du médecin doit être respectée.
« Par contre, il faut comprendre que l’infection n’est pas immunisante, et qu’après guérison d’un érythème migrant traité, on peut se faire piquer à nouveau un mois plus tard et contracter à nouveau la bactérie et développer d’autres symptômes. . requis. »
En lien avec les manifestations généralisées de la maladie (neurologiques, articulaires), il peut parfois y avoir des séquelles définitives de l’infection, notamment lorsque le diagnostic est retardé avant la mise en place du traitement, mais cela reste assez rare, assure le spécialiste.
Quelle prévention mettre en place ?
Il est généralement conseillé de prendre des précautions lors des sorties dans la nature, le jardin en bout de champ ou la forêt voisine. Avant, pendant et après.
Pour éviter d’être mordu :
« Il est à noter que les tiques transmettent rarement d’autres maladies et que pour les métiers à haut risque, comme le personnel forestier, il existe un vaccin contre l’encéphalite à tiques, une maladie virale qui peut être grave. Dans leur cas, il s’agit de plusieurs piqûres. par semaine, voire par jour », explique le Dr. Cédric Lenormand.