Télécommunications : économies d'énergie pour les entreprises, augmentation de la facturation pour les employeurs ?

Une fois de plus, la question du télétravail est entrée dans le débat public. Ce mercredi, Agnès Pannier-Runacher s’est exprimée sur les mesures de sobriété énergétique prises par l’exécutif. Elle soulève le sujet du retour des salariés à leur domicile. Selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), le changement temporaire de l’environnement de travail peut être un levier incontestable d’économie d’énergie. Si le télétravail – sous certaines conditions – permet de réduire la consommation énergétique d’un grand bâtiment, les salariés risquent-ils de voir leurs factures s’envoler ?

Trois jours de télétravail : un impact sur la consommation de pétrole, gaz et électricité

Trois jours de télétravail : un impact sur la consommation de pétrole, gaz et électricité

Le recours au télétravail lors des confinements successifs liés à la pandémie a permis de mesurer et d’analyser l’impact énergétique que ce nouvel environnement de travail a pu avoir. Fortement démocratisé dans le monde pour les professions dont la présence physique n’est pas indispensable, le télétravail a bouleversé non seulement les échanges professionnels, mais aussi la façon dont on se déplace ou encore consomme de l’énergie.

En mars 2022, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié des recommandations pour réduire la consommation de pétrole. L’AIE a proposé 10 mesures concrètes à mettre en place pour atteindre cet objectif. Selon ces conclusions, la mise en place du télétravail trois jours par semaine serait la deuxième action la plus impactante sur la consommation mondiale.

Pour l’AIE, « sachant qu’un tiers des emplois peuvent être télétravaillés, on peut rapidement économiser 500.000 barils par jour (ce qui représente 45% de la demande mondiale de pétrole). [Les pays analysés] consommaient 2,7 millions de barils de pétrole par jour pour travailler dans les bureaux avant la pandémie. »

Même son de cloche du côté de l’ADEME qui, en 2020, a publié un rapport analysant les effets du travail à distance. Par organisation :

Sur la base de ces recommandations, Stanislas Guerini, le ministre de la Transformation de la fonction publique, rappelait également en août dernier l’intérêt de ce type de mesure simple à opérer. « Peut-on imaginer qu’un jour donné, on puisse faire télétravailler des agents [de la fonction publique] pour qu’on puisse fermer un bâtiment, pas le chauffer, l’allumer ? », a demandé le ministre lors d’une allocution le 26 août. .

L’idée du télétravail fait son chemin dans plusieurs pays

Le sujet a de nouveau été évoqué dans les groupes de travail « Sobriété avec les entreprises » et « Numérique et télécommunications » mis en place dans le cadre du plan gouvernemental sur la sobriété dans l’énergie.

Mais la France n’est pas la seule à mettre au cœur du débat public la possibilité de demander plus de télétravail. Lorsque l’AIE a publié ses conseils pour réduire la consommation d’énergie, plusieurs pays ont repris l’idée.

En Espagne, jusqu’en mars, le gouvernement recommandait fortement aux salariés de travailler à domicile. Mais sans en faire une obligation légale. Cet été, le gouvernement espagnol a de nouveau promu le télétravail mais l’a exclu de son décret, lié aux mesures de lutte contre la crise énergétique.

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En Lituanie, le ministre de l’Énergie a fortement recommandé de réintroduire la possibilité de télétravail les lundis et vendredis dans le cadre du plan national d’économies d’énergie. Selon les estimations, ces deux jours sans salariés dans le bâtiment permettent d’abaisser le chauffage à 17°C pendant quatre jours consécutifs.

Consommer moins au bureau mais plus chez soi ?

Consommer moins au bureau mais plus chez soi ?

Malgré les données positives sur le télétravail, la proposition ne convainc pas tout le monde. Tant les employeurs que les salariés doutent de l’efficacité de la mesure et craignent qu’il y ait un impact sur la productivité voire le bien-être des travailleurs isolés au pays. Mais la principale question est de savoir si le travail à domicile ne va pas faire grimper les factures de gaz et d’électricité des particuliers ?

Être à la maison toute la journée signifie garder un radiateur allumé en permanence. Les branchements, l’utilisation d’ordinateurs ou d’imprimantes connectés en permanence – comme l’indique l’ADEME – sont des sources d’énergie importantes.

L’Agence pour la transition écologique a d’ailleurs souligné cette forte considération dans le deuxième rapport. Elle reconnaît que le télétravail peut aussi avoir des « effets de rebond » négatifs. Parmi celles-ci figurent les conséquences évoquées ci-dessus, mais l’ADEME rappelle également que le travail à domicile peut générer des surcoûts pour créer un espace de travail adéquat (bureau, chaise adaptée, pièce dédiée au travail). De plus, les salariés travaillant à domicile doivent souvent participer à des réunions par visioconférence, cette pratique a également un coût énergétique, car elle nécessite un flux vidéo conséquent, qui produit parfois jusqu’à 2,6 kg de CO2 par an et par jour de télétravail. .

Du côté du syndicat, la proposition ne passe pas. Cela revient à confier la responsabilité financière de l’énergie aux travailleurs déjà acculés par la crise.

« Je doute que les gens veuillent travailler en télématique depuis chez eux sans compensation financière, sans compensation supplémentaire »

Même du côté de l’employeur, la volonté d’appliquer la mesure reste mitigée. « Je ne crois pas que le télétravail économise [l’énergie], contrairement à ce qu’on croit », a estimé pour sa part Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef mercredi 7 septembre sur France 2. Le télétravail n’est pas une règle mais une possibilité pour chacun une. entreprise afin de mieux gérer les coûts assumés pour la consommation d’énergie.

Certes, la promesse de renouveler le bouclier tarifaire pour protéger les consommateurs de la hausse des prix de l’énergie, ou encore l’assurance qui fait gagner du temps lors des déplacements rassurent les salariés. Mais rien n’indique que leurs factures d’énergie ne seront pas plus élevées à la fin du mois s’ils recourent trop souvent au télétravail.