Ce bistrot du 19e arrondissement vient d’être couronné du prix du « meilleur antidépresseur » par le guide gastronomique « Le Fooding ».
La dernière fois que nous avions choisi un restaurant parisien pour ses huîtres et fruits de mer, ce fut une nouvelle déception. Cependant, il semble que le ressentiment ne soit que la preuve de la faiblesse. Peu importe. C’est donc avec l’envie d’en découdre une nouvelle fois avec les fines de claire d’Oléron, les amandes de Dieppe ou les creuses de Saint-Vaast que l’on pousse la porte de la Soces qui vient de fêter sa première bougie sur les hauteurs de Belleville, dans ce village jordanien très populaire.
Dès le départ, on en prend plein les yeux. Moulures et murs tantôt grattés, tantôt polis et teintés au pastel, accueillant la cuisine sous verrière et zinc. Adrien de Liedekerke, l’un des trois « soces », habitué des puces de Saint-Ouen, a fait sa part du boulot. Côté bouche, place à Kevin Deulio (ancien de la brasserie Ritz) et Marius de Ponfilly (ancien chef du Clamato) pour nous émerveiller.
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Les creux numéro 4 de Saint-Vaast, servis par 6 (16 euros) se tiennent là, en rond, prêts à être dévorés. Cette fois, on ne frise pas le gel des doigts. C’est frais, punchy sans être burlesque, sublimé par sa vinaigrette maison au cidre de pomme. Accompagnez-les d’une belle assiette de coques de l’Utah (la plage normande, pas l’État mormon) bien cuites et nappées d’une sauce au beurre blanc terriblement gourmande (10 euros).
Séduisant carpaccio d’espadon
Sur cette lancée, le carpaccio charnu d’espadon de ligne, légèrement arrosé d’huile d’olive et saupoudré de piment vert de Sichuan concassé, est une réussite (16 euros) : frais et tendre. Une belle façon de rappeler que la simplicité, une fois maîtrisée, vaut toutes les recettes. On ne s’attardera pas moins sur l’œuf cocotte et le Katsuobushi (une préparation de bonite à ventre rayé séchée, fermentée et fumée), qui semble perdre pied dans sa riche crème infusée (9 euros).
Voilà donc ce qui semble être le secret de Soces : un anticonformisme qui permet de jouer sur les structures et l’éclairage élégant de la salle à manger, les tables bistrot rondes ou rectangulaires et quelques classiques de notre gastronomie revisités avec des touches orientales. Mais cet anticonformisme est un équilibre instable et il en faut peu pour le faire vaciller. Comme cette assiette froide dans laquelle sont servis les spaghetti alla chitarra et son beurre d’anchois qui maintient tant bien que mal une chaleur d’ensemble (22 euros). Le dos de cerf en médaillon accompagné de rillettes qui se dévoilent sous un linceul de christophine, montre beaucoup plus de caractère, malgré les champignons de Paris un peu grossiers (39 euros).
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Soces, que le guide Le Fooding vient de couronner du prix du « meilleur antidépresseur » de 2023, prouve donc qu’il lui reste encore un petit quelque chose à faire pour bomber sa poitrine sans discuter. A suivre de près.
Soces, 32, rue de la Villette, Paris 19e. Ouvert mercredi, jeudi et vendredi à partir de 18h. à 2 heures du matin ; Samedi et dimanche à partir de 12h à 14h30 puis à partir de 18h à 2h du matin. De 7 € à 35 € à la carte.
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Le batch cooking des grands chefs