« C’est une mesure de justice », se défend Christine Pirès-Beaune, députée du PS du Puy-de-Dôme et leader dans le dossier de la taxation des super profits. « Je dirais même une mesure de décence. Car comment justifier que les multinationales renflouent leurs caisses à coups de milliards alors que les Français ressentent de plus en plus le poids de l’inflation sur leur pouvoir d’achat ?

Depuis quelques mois, le terme de « super profits » fait rage au Parlement. Les oppositions – de la gauche à l’extrême droite – réclament une contribution aux profits exceptionnels des entreprises induits par la crise sanitaire, géopolitique et énergétique que nous traversons. Mercredi, les députés du Nupes ont franchi le pas en proposant une loi qu’ils souhaitent soumettre aux Français par référendum.

Retraites, remise à la pompe, avantages sociaux… que gagnerez-vous à la hausse du pouvoir d’achat ?

Nouvel impôt progressif

« C’est un moyen de pression politique », assure Christine Pirès-Beaune, qui regrette que la proposition ne trouve que très peu d’écho favorable au sein du gouvernement et de la majorité.

Le texte prévoit de taxer (jusqu’en 2025) toute entreprise qui facture plus de 750 millions d’euros et dont les bénéfices ont augmenté de 25% par rapport aux bénéfices moyens obtenus entre 2017 et 2019. Ils ont prévu plusieurs tranches d’imposition : si les bénéfices ont augmenté de 25% , la contribution sera-t-elle de 20 % ? ; pour une majoration de plus de 50%, la taxe sera de 25% ?; et si les profits explosaient (+75%), l’Etat prendrait 33% de ce profit supplémentaire.

Recevez notre éco-newsletter par email et retrouvez les dernières actualités des agents économiques de votre région.

Cette mesure fiscale doit toucher tous les secteurs économiques, et non seulement les producteurs d’énergie, comme prévu initialement. Selon Christine Pirès-Beaune, membre de la commission des finances de l’Assemblée nationale, la taxe sur les super bénéfices pourrait contribuer entre 10 milliards et 20 milliards d’euros aux finances publiques sur les résultats de 2022. Par exemple, si vous citez, ArcelorMittal verser un supplément supplémentaire de 2 800 millions d’euros à l’Etat, LVMH 1 000 millions, Engie 643 millions… « Cet argent retournerait dans les poches des ménages », résume le député.

À Lire  Crack'h. Le projet House of Mothers' Helpers avance

prime La taxe mondiale de 15% sur les grandes multinationales n’est pas à la hauteur du défi

TotalEnergies s’oppose

Les grands groupes concernés voient d’un mauvais œil cette nouvelle taxe. Avant la mission éclair de l’Assemblée sur les bénéfices exceptionnels des entreprises, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a défendu une « contribution volontaire » au lieu d’une taxe forcée, rappelant d’accorder une ristourne de 20 centimes d’euro le litre à la pompe depuis le 1er septembre.

Christine Pirès-Beaune assure que le Nupes n’entend pas attendre le résultat du référendum – « La procédure est très longue » – pour approuver l’impôt sur les super bénéfices. Les députés de gauche déposeront des amendements lors de l’examen du projet de loi de finances 2023, qui doit parvenir à l’Assemblée le mois prochain.

La gauche veut passer par le référendum. Mercredi, les élus du Nupes ont lancé la procédure du Référendum d’Initiative Partagée (RIP) pour voter leur projet de loi sur la taxation des super profits. Après avoir recueilli les signatures de plus d’1/5 des parlementaires (soit 185 députés et sénateurs), le texte est désormais entre les mains du Conseil constitutionnel qui doit se prononcer dans un délai d’un mois sur sa conformité à l’article 11 de la loi. Constitution (l’article qui réglemente les référendums). Après le feu vert des Sages, le projet de loi doit être signé par 10 % de l’électorat, soit 4,87 millions de Français, dans neuf mois. Si toutes les signatures sont réunies, le Parlement dispose de six mois pour étudier et voter le texte. Le cas échéant, le Président de la République doit la soumettre à référendum.