Le constructeur français, qui a revu son organisation, va intégrer tout ce qui touche aux logiciels au sein de la nouvelle division Ampère, qui regroupe toutes ses activités électriques. L’objectif est d’introduire ce nouvel acteur en bourse en 2023, qui s’appuiera sur l’expérience conjuguée de Renault et de grandes entreprises technologiques.

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10 000 salariés, dont 3 500 ingénieurs (et pour moitié spécialisés dans le logiciel) : tel est le profil de la nouvelle entité Ampère, basée en France, et qui se présente comme le premier « pure player électrique et logiciel » créé par un constructeur traditionnel. La mission assignée à cet organisme est de développer les futurs modèles électriques* et de les doter d’une nouvelle plateforme logicielle ouverte. Renault prépare la réorganisation de son architecture électrique et électronique. Avec le début de l’ère du véhicule défini par logiciel, le constructeur entend développer son propre système d’exploitation et proposer des services qui seront continuellement mis à jour. À première vue, on pourrait croire qu’il s’agit d’un copier-coller Tesla, mais la construction est un peu plus complexe. Le fait est que le diamant vise la date de 2026. Et il dit que son approche horizontale est « unique dans toute l’industrie ». Pour réduire les délais et les coûts de développement, Renault a choisi de s’appuyer sur deux acteurs technologiques majeurs avec lesquels il travaillait déjà.

* 6 modèles d’ici 2030, dont R 5 Electrique et R 4 Electrique, Mégane E-tech Electrique, Scénic Electrique et 2 autres véhicules en préparation

Qualcomm, investisseur et partenaire

Citons d’abord Qualcomm, car ce fabricant de puces est le premier investisseur connu de la division Ampère. En son nom propre, ou via l’une de ses filiales, cet acteur américain mettra les boules dans la nouvelle entité électrique de Renault. Le groupe précise au passage qu’il est ouvert à d’autres investisseurs stratégiques (dont Nissan et Mitsubishi) pour accélérer la recherche et développer l’écosystème. La collaboration technologique entre Renault et Qualcomm a débuté en 2018. Elle a conduit à l’arrivée de la plateforme Snapdragon Cockpit dans le système multimédia OpenR Link de Mégane E-Tech. La suite Snapdragon Digital Chassis sera désormais disponible à bord, avec des fonctionnalités de connectivité et d’automatisation de la conduite. Dans le cadre de la plateforme 2026, Qualcomm fournira la puissance de calcul et de traitement des données. Ses solutions (puces, logiciels, super ordinateurs de bord) s’appliqueront au cockpit numérique, à la connectivité et aux systèmes avancés d’aide à la conduite. A noter qu’ils sont compatibles avec les nouveaux cockpits Android.

Google : la force d’Android et du cloud

Et cela convient à Renault, qui a été l’un des premiers constructeurs à choisir le système d’exploitation développé par Google nativement pour l’industrie automobile. Leur collaboration remonte également à 2018, dans le cadre de l’alliance avec Nissan et Mitsubishi. De la même manière qu’il s’est imposé dans la téléphonie mobile (9 smartphones sur 10 dans le monde), l’écosystème Android vise à piloter le multimédia dans les tableaux de bord. On rappelle qu’il est basé sur l’open source et que les constructeurs peuvent choisir les fonctions contrôlées à bord par l’OS (climatisation, gestion de la batterie, etc.) en plus de la communication. Le grand avantage de la solution de Google est qu’elle assure une connexion fluide entre le véhicule et les services, quels que soient les réseaux embarqués, et que son principal atout est une large communauté de développeurs. C’est donc la garantie d’avoir des services éprouvés à l’international et des mises à jour fréquentes. Le géant californien a déjà conquis certains constructeurs avec son système Android Automotive (Volvo, GM, d’autres sont en projet comme BMW et Ford). Par rapport à la plateforme Renault, Google va investir dans les services connectés (Maps, son assistant vocal, la boutique d’applications), ainsi que dans le système d’exploitation (le cœur du réacteur). Ce n’est pas tout, car Google fournira également un jumeau numérique. Ce double virtuel basé sur le cloud facilitera l’intégration des technologies d’un futur modèle et assurera son suivi. Sur la base des données collectées à bord, Renault pourra corriger les pannes et proposer de nouvelles expériences personnalisées basées sur des cas d’usage réels, dont la maintenance prédictive et l’assurance connectée. Le losange, qui exploite la puissance du cloud de Google (un milliard de données capturées chaque jour dans tous ses sites de production), veut faire de l’américain un partenaire privilégié dans ce secteur et compte sur lui pour bénéficier de ses innovations en matière d’apprentissage. intelligence automatique et artificielle.

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Une structure ouverte à d’autres constructeurs

Tous deux cités comme partenaires clés pour le développement de la nouvelle plateforme à l’horizon 2026, Qualcomm et Google donnent à Renault l’opportunité de booster ses investissements à l’international. Les évolutions pourraient affecter d’autres constructeurs qui n’ont ni les ressources ni les moyens de développer leur logiciel embarqué. Se pose alors la question de l’indépendance. Certains groupes ont choisi de développer leur propre système d’exploitation, en contournant Google. C’est le cas, par exemple, de Volkswagen (VW.OS avec Cariad) et Daimler (MB.OS). Toyota développe également sa propre plate-forme logicielle. Il s’appelle Arene et sera mis en place à partir de 2025. Ce projet est lancé par Woven Planet, la holding qui pilote les projets de transformation numérique du constructeur japonais, et qui est dirigée par un ancien ingénieur de Google, James Kuffner. En plus d’une plateforme évolutive, Toyota entend également proposer des services basés sur le cloud, notamment en ouvrant l’accès aux développeurs travaillant sur le véhicule autonome. De son côté, Stellantis n’envisage pas de développer son propre système d’exploitation et semble réticent à opter pour Android Automotive. Le responsable technique du groupe, un ancien d’Amazon, estime qu’il existe des passerelles logicielles moins consommatrices de données et de puissance de calcul.

Renault a-t-il vendu son âme au diable ?

« Avec Google, nous allons au-delà de la simple coopération : deux champions, l’un du logiciel et l’autre de la mobilité, s’associent pour créer les technologies du futur qui changeront la donne », déclare Luca de Meo. Evoquant « l’accès simplifié aux données automobiles », cette approche logicielle transformera les véhicules du groupe en « objets plus technologiques », tout en augmentant la valeur résiduelle et en maintenant un lien avec les clients pour le service après-vente. Et pour justifier le choix de Google et Qualcomm, le PDG de Renault répond qu' »il s’agit de répondre aux attentes en termes de fonctionnalités et de services en maîtrisant la complexité et les coûts ». Pour lui, le véhicule défini par logiciel est l’avenir. Le fait est que le losange développe en parallèle ses compétences en logiciel. Il continue de diriger Software République : un écosystème collaboratif fondé avec Atos, Dassault Systèmes, Orange, STMicroelectronics et Thales. Ce collectif travaille sur des sujets tels que la cybersécurité et incube des start-up qui fournissent des services à partir d’objets connectés. Reste à savoir comment Nissan va se positionner par rapport à ce nouveau schéma. Mais quoi qu’il arrive, au sein de l’alliance et de son plan pour 2030, il était entendu que Renault manœuvrait pour faire évoluer l’architecture électronique.

Pour résumer

Le constructeur français, qui a revu son organisation, va intégrer tout ce qui touche aux logiciels au sein de la nouvelle division Ampère, qui regroupe toutes ses activités électriques. L’objectif est d’introduire ce nouvel acteur en bourse en 2023, qui s’appuiera sur l’expérience conjuguée de Renault et de grandes entreprises technologiques.

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