Une voiture devient un luxe nécessaire pour de nombreux conducteurs

L’Observatoire de l’automobile Cetelem 2023, étude internationale menée dans 18 pays auprès de 16 600 personnes, montre que six Français sur dix craignent de ne plus pouvoir s’offrir un véhicule à l’avenir.

Le prix des véhicules neufs ne cesse d’augmenter depuis dix ans.

La hausse est d’environ 20 % sur la période 2005-2021 aux États-Unis, en Chine et au Royaume-Uni.

En Europe, il s’élève à près de 10 % (7 % en France). Dans la zone européenne, le prix des voitures neuves a augmenté deux fois plus vite que le revenu des ménages, avant le choc des prix de 2020-2022. qui ont suivi une série de crises et les effets de la limitation des approvisionnements.

Plus de six conducteurs sur dix (61%) considèrent que le prix d’achat de leur véhicule est raisonnable (77% pour une voiture d’occasion et 57% pour un véhicule neuf).

Si l’achat d’une voiture semble globalement abordable, ce n’est pas sans tenir compte des sacrifices qui assombrissent la satisfaction de l’achat.

Ainsi, sept sur dix d’entre eux (69 % et 73 % des Français) estiment que posséder une voiture nécessite des sacrifices financiers.

Des sacrifices qui semblent inévitables quand 72% (75% des Français) propriétaires de voitures déclarent ne pas pouvoir s’en passer.

La différence « d’adaptabilité à la voiture » entre les zones rurales et urbaines n’est pas prononcée (77 % en zone rurale et 70 % en zone urbaine n’imaginent pas la vie sans voiture).

L’écart entre « car-friendly » est bien plus marqué au niveau générationnel avec les moins de 35 ans qui se disent prêts à se passer de voiture à 34% (en France, quatre sur dix font 10) contre 26% pour les plus âgés. générations, les personnes âgées.

Si le prix du véhicule est perçu comme relativement raisonnable, il est très différent du prix de son utilisation.

Près de six propriétaires de voitures sur dix (57 %) pensent que le coût total d’une voiture d’occasion est élevé.

Parmi les pays européens, c’est la France (62%), avec la Belgique (66%), la Pologne (63%) et l’Espagne (61%), qui a le poids budgétaire le plus important.

Plus de huit répondants sur dix (82 % ; 83 % en France) estiment que les coûts des services publics ont augmenté ces dernières années.

Globalement, le budget automobile annuel moyen estimé (carburant, assurance, réparations) dans les 18 pays étudiés est de 2 753 € (2 870 € en France).

L’essence est de loin la plus chère : 73 % contre 47 % pour les assurances et 41 % pour les réparations.

Face aux coûts élevés de la mobilité individuelle et aux budgets serrés, les conducteurs tentent de limiter les coûts. Cette question de coût concerne la mobilité dans son ensemble. Six personnes sur dix déclarent avoir renoncé à voyager à cause du coût.

S’ils ne sortent pas de leur véhicule, 60% au total (68% en France) devraient mettre en place des mesures pour limiter les frais liés à l’usage de leur véhicule.

Premièrement, les actions et les efforts visent à limiter la consommation de carburant. Un consensus qui recueille en moyenne 65 % des suffrages des 18 pays observés, loin devant les autres postes de dépenses : entretien (28 %), frais de stationnement (26 %), assurances (21 %), conduite sur autoroute (20 % ) ).

En France, après le carburant (67 %), la réduction des coûts liés aux péages arrive en deuxième position (37 %).

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Parmi les principales mesures prises pour limiter la consommation de carburant, la majorité (54 %) déclarent réduire leurs déplacements, 46 % comparent les prix pour acheter l’essence au prix le plus bas et 44 % tentent d’optimiser leur conduite pour consommer moins de carburant.

Pour les déplacements quotidiens, plus de quatre automobilistes sur dix (41%) utilisent systématiquement la voiture. En France, c’est un Français sur deux, la part la plus élevée en Europe après l’Allemagne (51%) et le Royaume-Uni (52%). Le brassage entre zones rurales et zones urbaines est important avec une moyenne pour les 18 pays étudiés de 56 % pour les personnes vivant hors des grandes villes contre 35 % pour les citadins des zones métropolitaines.

Les voitures sont une source d’inquiétude à l’avenir : plus de 6 propriétaires de voitures sur 10 (63 %) disent craindre de ne plus pouvoir s’offrir un véhicule à l’avenir. Ce chiffre est de 59% chez les Français.

L’abandon de la voiture est fortement associé à des conséquences négatives. Tout d’abord, 58% des conducteurs le perçoivent comme un obstacle à la liberté de mouvement, voire des trajets plus compliqués, car plus longs et moins confortables, contre 47%. Seul un peu moins d’un quart (23%) des répondants soulignent les économies potentielles s’ils ne possèdent plus de voiture. Seule une personne sur cinq (20%) prend en compte l’impact positif sur l’environnement que cela pourrait représenter.

Alors que l’interdiction de la vente des véhicules thermiques en Europe est prévue pour 2035, et alors que sept personnes sur dix ont renoncé à acheter un véhicule électrique car son prix est trop élevé, le risque d’exclusion sociale est une réalité.

« Cette édition 2023 de l’Observatoire Cetelem montre que les conducteurs ne sont pas prêts pour une voiture, quel qu’en soit le prix. L’électricité peut être une voie, mais pas à tout prix. Aujourd’hui, dans l’état actuel des choses, le risque existe de créer une fracture économique et sociale autour de la voiture, en écartant ceux qui en ont le plus besoin dans leur vie quotidienne. Un clivage encore plus grand entre ceux qui auraient les moyens financiers d’accéder à l’électricité et ceux qui regarderaient passer le véhicule de l’innovation sans avoir les moyens d’y entrer. Si l’arrivée potentielle d’un véhicule électrique low-cost typiquement asiatique, qui offrira au plus grand nombre un accès à cette technologie à moindre coût, paraît probable, le risque existe aussi que les constructeurs perdent leur influence durable. Cela devient possible pour les Occidentaux. conclut Flavien Neuvy, directeur de l’observatoire Cetelem.

Des analyses économiques et marketing ainsi que des prévisions ont été réalisées en partenariat avec la société d’études et de conseil C-Ways, spécialiste de l’Anticipation Marketing.

Des champs d’études consommateurs quantitatives ont été menés par Harris Interactive du 23 juin au 8 juillet 2022 dans 18 pays : Afrique du Sud, Allemagne, Autriche, Belgique, Brésil, Chine, Espagne, États-Unis, France, Italie, Japon, Mexique, Norvège, Pays-Bas , Pologne, Portugal, Grande-Bretagne et Turquie. Au total, 16 600 personnes ont été interrogées en ligne (méthode de collecte de données CAWI). Ces personnes âgées de 18 à 65 ans sont issues d’échantillons nationaux représentatifs de chaque pays. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas (sexe, âge). 3 000 entretiens ont été réalisés en France et 800 dans chacun des autres pays.

Source : Observatoire de l’automobile Cetelem 2023 @obs_cetelem