Des jeunes hommes à la libido en plein essor qui entrent plus tard dans leur vie sexuelle, des « vieux » qui réapprennent à vivre avec le préservatif, des professionnels débordés par les demandes exponentielles de patients désorientés… Journées francophones de sexologie et de santé sexuelle, tenues du 8 Le 10 septembre au Corum de Montpellier, assistez à la « révolution » dans le lit français, à la pandémie post-Covid #MeToo, à la crise climatique et à la guerre en Ukraine.

« Je fais ce métier depuis trente ans, ma clientèle a radicalement changé : 30 % de mes patients ont désormais moins de 25 ans » : lors des journées francophones de sexologie et de santé sexuelle, du 8 au 10 septembre au Corum de Montpellier , André Corman, sexologue à Toulouse observe le grand changement d’époque partagé par ses confrères et qui se manifeste par de nombreux symptômes. Révolution dans la sexualité des plus jeunes, cartes battues par paires, nouvelle vie des seniors, codes bousculés, bousculés par la vie avec et sous la menace du Covid, nouveau post du féminisme militant #MeToo, réseaux sociaux omniprésents, guerre en Ukraine, crise climatique .

« La société » a fait irruption dans nos consultations, où depuis longtemps on en vient à parler d’un problème dont on ne pourrait parler nulle part ailleurs, tabou », résume André Corman en une phrase, qui témoigne des difficultés croissantes chez les soignants forcés. se former à la « sexologie moderne qui associe de nombreuses compétences ». C’était plus simple avant ? « Le problème sexuel est un problème biologique, psychologique et « social ». Mais à l’époque de Freud, les réseaux sociaux n’existaient pas ! »

« Tout change très vite, c’est difficile à suivre. En tant que travailleur de la santé, mais aussi en tant que parent et grand-père. Nous sommes au centre d’une grande évolution, voire d’une révolution », ajoute Aurélie Maquigneau, psychologue et sexologue à l’AP-HM à Marseille, la secrétaire générale du congrès, qui a déjà placé ces « nouveaux modèles » au centre de la prochain rendez-vous métier du 8 au 10 juin à Lille.

« Romain Gary a écrit ‘Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable’, ce n’est plus vrai »

On connaît déjà les grandes lignes : « On pensait que les jeunes avaient une sexualité de plus en plus précoce, c’est dommage, ils repoussent l’entrée dans la sexualité », observe Aurélie Maquigneau. Malgré l’hypersexualité affichée sur les réseaux sociaux ? « C’est un point de vue adulte, on en vient à la sexualisation de comportements qui ne sont pas des comportements sexuels » – analyse la sexologue, qui parle aussi d’une génération qui « déconstruit les stéréotypes sur les identités de genre, qu’est-ce qu’un homme, qu’est-ce qu’une femme » et se débat avec ce problème  » Je suis très soucieux de poser des questions et d’obtenir des réponses immédiatement  » sur Internet.

Autre phénomène : « Nous ne pouvions pas imaginer parler du VIH à des personnes âgées de 60 à 70 ans qui ne seraient pas « nées » avec ces problèmes. Il y a de plus en plus de séparations dans la vieillesse, témoigne Aurélie Maquigneau, qui se souvient d’une de ses récentes consultations avec une patiente de 70 ans inscrite sur des sites de rencontre, à qui elle conseillait de « faire don de préservatifs ». Et cela « n’a pas été facile ». « Romain Gary a écrit, » Au-delà de cette limite, votre billet n’est plus valable, « ce n’est plus vrai », note André Corman.

Radiofréquence fractionnée pour plus de plaisir sexuel

Les femmes ne sont pas en reste : le Dr Angélique Capelle, sexologue aux Sables d’Olonne, présente au congrès une expérimentation sur le traitement des femmes ménopausées par « la radiofréquence fractionnée pour un plus grand plaisir sexuel », des « alternatives au traitement hormonal pour restaurer la muqueuse vaginale » modifiée par ménopause.

La vieillesse, mais aussi le handicap ou la maladie ne doivent plus être des obstacles, « on l’entend depuis un moment dans nos bureaux, et maintenant socialement ». Pour preuve, de nombreuses communications sur des sujets inscrits au programme des Journées Nationales de Sexologie. Le vendredi 9 septembre : une table ronde sur les maladies chroniques et la santé sexuelle, une autre sur « handicap et sexualité », une conférence « Protection de la santé sexuelle et cancer ».

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Quand il s’agit de couples, ils roulent. Philippe Brenot, psychiatre et anthropologue et président de l’observatoire international du couple, souligne qu’il reçoit, comme ses collègues, « de plus en plus de couples pour résoudre des symptômes ». Que les symptômes sexuels « sont des symptômes relationnels ». André Corman les décrit par une image, ou plutôt un geste auquel se colle le mot « bienveillance ». Il pose son smartphone sur la table : « Vous imagineriez-vous manger devant quelqu’un et prendre un livre à lire ? Et pourtant c’est ce qu’on fait aujourd’hui avec ça ! »

Rosa Carballeda : pourquoi les jeunes « font moins l’amour qu’avant »

Que deviennent les jeunes qui, comme disent tous les sexologues, « aiment moins qu’avant » ? Vous citez une étude américaine qui a révélé que 23% des 18-29 ans n’avaient eu aucun rapport sexuel en 2019, contre 8% en 2008….

L’avènement d’Internet et de l’intelligence artificielle a introduit un mode de vie centré sur l’ego. Pour les générations précédentes, il fallait y aller. Maintenant, les choses viennent à nous. Nous n’avons plus à lutter pour trouver, nous vous donnons. La question qui se pose à nos jeunes est de choisir car ils aiment beaucoup de choses. Ils ont beaucoup de liberté et ça tue la liberté, pas d’élan. Selon une autre étude menée aux Etats-Unis, 36% des 18-60 ans ont déjà refusé le sexe en regardant une série sur Netflix.

Pour avoir soif, il faut être différent. Ils sont très individuels dans quelque chose. Il nous faut une seconde pour éveiller le désir sexuel. Nous nous trompions complètement sur les effets du porno, qui est maintenant facilement disponible, sur nos jeunes : nous pensions que cela ferait d’eux de gros « cochons ». Mais le porno réduit considérablement le désir! On fantasmait sur la sexualité des jeunes. On le dit et on le redit : ils s’aiment beaucoup moins, c’est sûr.

Ils sont aussi en première ligne de ces grands changements de société qui amènent avec eux troubles, changement climatique, guerres… ?

75% d’entre eux se disent inquiets pour l’avenir, un sur huit ne veut pas être parent… Nous vivons dans une société incertaine. L’anxiété affecte votre libido. Et si l’on ajoute la peur de la performance et la peur de « ne pas paraître »… Pour les parents c’est encore pire : il faut être un bon père ou une bonne mère, subvenir aux besoins au travail et à la maison… alors il y a inutile de donner des pilules pour l’érection aux jeunes adultes, on le voit dans nos consultations, ça ne marche pas pour l’anxiété.

La bisexualité des nouvelles générations qui envahit le champ médiatique est-elle aussi courante qu’on l’a décrite ?

Nous avons été formatés sur le formulaire. Aujourd’hui, les jeunes refusent et ils ont raison. Ils veulent que nous les libérions. Alors pourquoi pas s’ils sont heureux ?

Dans ce contexte, des questions se posent quant à votre intérêt pour l’éducation sexuelle, vu la masse d’informations disponibles, vous êtes plutôt pour…

Oui, parce que vous devez vous renseigner sur la relation et vous devez vous protéger. Cela dépend de nous si nous serons responsables et changerons la situation. Pour rappel, le sexe est un signe de bonne santé. Quand on voit les demandes de consultation monter en puissance, on voit bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez le public.

La thérapie ACT pour les stressés

ACT, pour « Thérapie d’Acceptation et d’Engagement » : La Thérapie d’Acceptation et d’Engagement est-elle une Garantie de Sexualité ? Le message du congrès y est consacré. De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’une médiation de pleine conscience inspirée de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) qui vise à se reconnecter avec son propre corps. Il est utilisé « pour les personnes qui sont souvent coincées dans des luttes cognitives, ruminatives, mentales » et qui sont « alors déconnectées des sensations et du plaisir sexuel ».