Selon les derniers chiffres publiés par l’Assurance Maladie, la santé mentale représente aujourd’hui, en France, « près de 14 % des dépenses de santé, avec 23,3 milliards d’euros », devant le traitement des cancers et les maladies cardiovasculaires et neurovasculaires.
Vous avez dit « santé mentale » ? « Il se définit par un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, d’affronter les difficultés de la vie et de réussir son travail », explique la psychiatre Fanny Jacq, directrice de la santé mentale chez Qare, pionnier de la téléconsultation en France et président de le collectif MentalTech.
Un quart de la population concernée
Le concept est donc suffisamment large pour englober les solutions proposées pour le sevrage tabagique ou encore les troubles du sommeil. Et, de manière générale, tous les outils qui peuvent affecter notre « efficacité professionnelle », souligne le psychiatre, « du préventif au curatif ».
Avec la crise sanitaire et la généralisation du travail à distance, on n’a jamais autant parlé de santé mentale au travail.
Le président de MentalTech rappelle nonchalamment ces quelques chiffres : un salarié sur trois est touché par le stress au travail ; le mal-être au travail coûte 13 500 euros par salarié et par an. Plus généralement, « 25% de la population française sera un jour concernée par ce sujet ».
Cartographie des solutions
Pour résoudre ce problème, des solutions numériques (applications, services, etc.) ont émergé au cours des deux dernières années avec la pandémie. Mais il est parfois difficile de séparer le bon grain de l’ivraie.
C’est pourquoi l’idée du collectif MentalTech est née en mars 2022, « et de mettre en lumière des solutions numériques françaises éthiques qui fonctionnent et favorisent leur utilisation », insiste Fanny Jacq.
Aussi pour aider les médecins, les défenseurs des droits de l’homme, les chefs d’entreprise et les organismes publics à comprendre quels outils made in France étaient à leur disposition, MentalTech a publié mi-septembre une carte répertoriant toutes ces solutions.
Avec, d’abord, ce qu’on appelle le « self help », c’est-à-dire des assistants de premier niveau, que les RH peuvent promouvoir auprès de leurs collaborateurs, disponibles 24h/24 et 7j/7. 7. Il existe des exercices de relaxation, comme l’application Petit Bambou ou encore des aides au sevrage tabagique comme Kwit…
La data comme outil de ciblage
Viennent ensuite les outils de « niveau 2 », de mise en relation ou de conseil à distance avec des psychiatres, des coachs, etc. L’initiative de conseil reste personnelle et anonyme, selon la décision du salarié. Mais l’entreprise peut, pour lever les freins, proposer un accompagnement pour les premières séances. Fanny Jacq cite en exemple les solutions proposées par « Qare, Moka.care, MindDay ou encore Holivia ».
De plus, en prime, les entreprises ont la possibilité, grâce aux données, de mieux comprendre les besoins spécifiques de leurs salariés afin de leur proposer « des choses qui sonnent juste », explique le psychiatre. « Si l’on se rend compte, par exemple, poursuit-elle, que 30 % de ses salariés consultent pour des problèmes de stress, alors il serait peut-être judicieux de leur proposer des cours de relaxation. »
Prochain? Le collectif MentalTech, récemment transformé en association, continue d’œuvrer à la démocratisation des solutions de e-santé mentale. « Et si on pouvait en tirer une ou deux licornes françaises, ce serait une grande fierté ! conclut son président.