Gardez votre visage secret. Elisabeth de Trinité
Traduit de l’italien par Pauline de Cointet-de Vanssay, révisé par Monique Orfeuil ndv
Le 8 novembre est la fête de sainte Elisabeth de la Trinité, dont la spiritualité de la lumière, le miracle de l’équilibre, sera découverte par le plus grand nombre. Elle était la sœur de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, décédée comme une enfant au Carmel d’une grave maladie – à l’âge de 26 ans, à Dijon, en 1906. Le théologien Hans Urs von Balthasar parlait de « sœurs dans l’Esprit » , et Elisabeth il écrit : « La structure de son univers spirituel, le contenu et le style de sa pensée théologique est d’une densité, d’une cohérence sans faille » (1).
« Ô mon Dieu, Trinité que j’adore »
L’intense essai de Roberto Fornara, récemment traduit en français, constitue une formidable porte d’entrée dans cet univers. Avec rigueur intellectuelle et précision théologique, tout en restant accessible, la carmélite italienne propose une profonde méditation sur la célèbre prière qu’Elisabeth composa en une seule entrée le 21 novembre 1904, après une retraite de la communauté de formation spirituelle enseignée par le père dominicain. « Oh mon Dieu, Trinité que j’adore » (également changé d’élévation en Trinité) contient la quintessence de sa spiritualité.
« O je suis Trois, je suis Tout », s’enflamme Elisabeth à la fin de son texte, s’en remettant absolument à la Trinité, en signe de gratitude. « Toute la vie et l’expérience spirituelle d’Elisabeth baignent dans cette atmosphère d’adoration : on ne peut pas venir à la foi sans passer par la dimension de l’émerveillement », commente Roberto Fornara, qui analyse minutieusement la source symbolique, les aspects sémantiques et spirituels de cette écriture, et l’influence de saint Paul, saint Jean et Jean de la Croix.
Reposer en Dieu
La disposition « conjugale » de l’amour est le fondement de son travail, tout comme l’amitié, vivre dans la générosité d’une attention sans faille, c’est sa relation aux autres. Elisabeth, fascinée par la personnalité contemplative de Marie de Béthanie, a voulu que la cellule de son cœur soit « une petite Béthanie » pour Jésus, enveloppant dans cette formule son désir de sacrifice et d’adoration, son encouragement à trouver « l’Hôte divine au plus profond de nos âmes ».
Le thème de la résidence (celle que Dieu est pour nous, l’idée qui traverse tout l’Ancien Testament, et que nous sommes pour Dieu, telle qu’enrichie par Jean l’Évangéliste) expliquée entre autres par Roberto Fornara, du point de vue des Carmélites : dans le mouvement réciproque d’abandon et d’acceptation.
Et il montre bien ce que « se reposer en Dieu », c’est pour Elisabeth « être la maison de Béthanie, un lieu d’amitié, où l’on peut l’accueillir, l’écouter, lui plaire, chercher à rester dans sa volonté ». La grande découverte d’Elisabeth est qu’il n’y a pas d’obstacles, il n’y a pas de contradiction entre le laisser se reposer et se reposer en lui. »
Introduction par le Frère Didier-Marie Golay o.c.d.
Cerf, « Lexio », 620 pages, 12,50 €
La vigilante collection de poche « Lexio » a eu l’heureuse idée de réunir les lettres d’Elisabeth de la Trinité dans un riche volume qui témoigne de la cohérence et de l’éclat de la pensée des Carmélites de Dijon. « Que le Christ captive, enchaîne, attaque mon cher Guite, qu’il aille se perdre en Lui comme une goutte d’eau dans l’océan ! Demeurons dans Son Amour : là Il fait rencontrer deux petits frères pour les fondre dans l’unité » , écrit-il par exemple à sa sœur bien-aimée en 1902, restant très proche de lui malgré la clôture. Son désir d’être avec Dieu en toutes choses, son souci de renforcer ses proches qui restent dans le monde jaillissent de chaque écrit, mettant l’accent sur la loyauté et la confiance.