Après les avocats, les médecins, les vétérinaires… c’est au tour des agents et courtiers d’assurances qui manifestent leur opposition au projet d’instauration d’un prélèvement à la source sur leurs revenus.
Dans le PLF 2023, le ministère des Finances a proposé l’instauration d’un prélèvement à la source de 10% sur « les honoraires, commissions, courtages et autres rémunérations de même nature ».
La première proposition du gouvernement était d’utiliser un taux de 20 %, mais la disposition a été modifiée au niveau de la première chambre. La disposition applicable, entre autres, aux aux courtiers d’assurance.
Le principe de la retenue à la source remis en cause par la profession
Représentée par la Fédération nationale des courtiers et agents d’assurances (FNACAM), cette dernière a publié lundi 14 novembre un communiqué pour protester contre cette mesure qui vise à retenir 10% de leur chiffre d’affaires à la source au titre d’avances sur IS ou IR payables en fin d’année. l’année.
Pour le gouvernement, l’idée derrière cette extension du prélèvement à la source à quelques professions autres que les salariés et les fonctionnaires est d’assurer une certaine équité fiscale et d’éliminer tout risque de fraude. Mais à la FNACAM, on ne voit pas les choses de cette façon.
Le patron de l’un des géants du courtage au Maroc, la société cotée AFMA, Farid Bensaid, juge cette disposition « totalement injustifiée ».
« Cette disposition peut se justifier pour les joueurs qui ne paient pas d’impôts ou dont le chiffre d’affaires est difficilement identifiable par la DGI. Ce n’est pas le cas chez nous, car le chiffre d’affaires de notre profession est automatiquement déclaré par les compagnies d’assurance au régulateur et à la DGI. L’administration fiscale a accès à l’intégralité de notre chiffre d’affaires car il existe déjà une retenue à la source qui s’applique à la TVA au taux de 14%. La régulation proposée par le PLF est donc injustifiée pour nous », explique-t-il d’un coup d’œil au président de la FNACAM.
Ce dernier ne cache pas sa surprise face au timing de cette mesure, alors que le milieu, nous dit-il, attendait la suppression de la TVA de 14% qui est actuellement prélevée à la source. Une TVA qui, selon lui, n’existe dans aucun autre pays africain et qui, de surcroît, n’est pas remboursable.
« A l’heure où l’on s’attendait à la suppression de cette TVA de 14% non déductible et qui ne devrait pas exister du tout car il y a déjà de la TVA payée sur les primes d’assurance, nous sommes confrontés à une nouvelle taxe sur le chiffre d’affaires de 10% qui aura un impact direct sur les intermédiaires car ils vont devoir payer 10% de leur chiffre d’affaires en avance d’impôt alors que la plupart d’entre eux n’ont pas un revenu imposable de 10% du chiffre d’affaires donc il faut faire une grosse avance de trésorerie et avoir du retard à la fin de l’impôt un an pour les récupérer », décrypte Farid Bensaid, qui ajoute que cette disposition va tout simplement « étouffer » quelques acteurs du secteur.
« Un risque de crise sans précédent pour le secteur des assurances »
Tout d’abord, il ajoute que sur 2.091 intermédiaires d’assurance recensés fin 2021, 97% sont des SA ou des SARL, et seule une petite minorité est organisée en personne physique. Ainsi, la grande majorité des intermédiaires sont soumis, comme toute entreprise, au régime de l’IS dont les acomptes sont versés trimestriellement à l’administration fiscale.
Selon le président de la FNACAM, la modification de l’acompte provisionnel de l’impôt sur les sociétés à hauteur de 10% du chiffre d’affaires est une aberration. « L’acompte provisionnel est calculé sur la base d’une estimation raisonnable du résultat net qui devrait tomber à la fin de l’exercice, alors que l’acompte de 10 % de la taxe sur le chiffre d’affaires est une entreprise qui paie 10 % de son chiffre d’affaires en advance CIT doit générer une marge nette d’au moins PLN 33 % pour se remettre sur pied à la fin de l’exercice. détaché des réalités de notre métier… »
Pour lui, comme pour l’ensemble de la profession, cette disposition proposée dans le PLF est une ponction nette sur la trésorerie des intermédiaires. « Une entreprise peut mourir de trésorerie. Notre secteur est dans une situation difficile. Si ce règlement passe, à chaque fois qu’un client paie, nous devons payer 10% à l’État et manquer la fin de l’année pour récupérer le solde. Je vous assure que de nombreux intermédiaires n’y survivront pas », prévient Farid Bensaid.
Le communiqué de la fédération pointe un risque de crise sans précédent pour le secteur si la mesure n’est pas retirée. « La FNACAM est chargée d’appeler les décideurs à retirer cette mesure qui ne fera que fragiliser la majorité des agents et courtiers d’assurance et mettre le secteur de l’assurance de notre pays face à une crise sans précédent, voire une défaillance irréversible de son principal canal de distribution. »
Comment le gouvernement réagira-t-il à cet avertissement? Le PLF est actuellement en discussion à la deuxième chambre où la CGEM dispose d’un groupe parlementaire qui va sûrement présenter un projet d’amendement pour tenter de redresser la situation. Sera-t-il accepté par la majorité des groupes de la Chambre des conseillers ? Le gouvernement va-t-il céder ? À suivre.
Modifié le 14 novembre 2022 à