Fréquentation du réseau depuis la crise Covid, tarification solidaire, sécurité des usagers, nouveautés mais aussi recrutements et crise énergétique, tels sont les thèmes abordés ce mardi par Pierrick Poirier, directeur général de Keolis Bordeaux Métropole et Béatrice de François, vice-présidente de Bordeaux Métropole en charge des transports et du stationnement. Une présentation des grands projets pour 2023 et 2024 était aussi au menu de cette rentrée, sur laquelle plane l’ombre de la crise énergétique.
Au sortir de la crise sanitaire, « on a retrouvé le niveau d’achalandage qui était celui de 2019 », affirme Pierrick Poirier depuis le début. Et de fait : après une baisse du nombre de voyageurs en 2020 (de 70 millions de déplacements), le réseau TBM (Transports Bordeaux Métropole) semble avoir retrouvé de la vigueur puisqu’il affichait 108,5 millions de déplacements fin août (tram, bat -lionceau). bus). Soit même une hausse des déplacements de + 0,21 % qu’en 2019.
Quant au service Mobibus pour les personnes à mobilité réduite, il repart avec une fréquentation soutenue puisque de 71 900 trajets en 2019, il est passé à 76 000 fin août. Un petit bémol : les résultats plus contrastés des crédits vélo qui passent de 1,3 million en 2019 contre 900.000 fin août, soit une baisse de 30,7%, attribuée par le directeur général à la « démocratisation » du vélo personnel et du free-floating développement.
Parallèlement, les mesures prises pour faciliter le transport des voyageurs, comme la tarification solidaire, rencontrent un écho favorable auprès du public. Créée par la Métropole en septembre 2021, elle permet aux usagers de bénéficier de tarifs adaptés à leur situation familiale. Selon ses ressources, il peut bénéficier d’une réduction de 30% ou 50% du prix, voire de la gratuité. Ainsi aujourd’hui, 70 000 abonnés en bénéficient ; 80% d’entre eux sont entièrement gratuits.
Sécurité des transports : Priorité TBM
Côté sécurité, TBM est particulièrement impliqué dans la lutte contre le harcèlement, notamment sexuel et sexiste. Le dispositif « Ask Angela » permet désormais à toute personne témoin ou victime de harcèlement ou d’agression de solliciter l’aide des commerçants locaux, des établissements privés ou du réseau TBM. Depuis le début de l’année, 71 déclarations ont été faites et traitées.
Côté sécurité routière, « depuis 20 ans, le nombre d’accidents a été divisé par trois », explique Pierrick Poirier, dont le réseau de tramway, l’un des plus développés de France, couvrira bientôt un peu plus de 80 km, après l’extension de ligne A jusqu’à l’aéroport.
Seul inconvénient : l’augmentation des collisions avec les piétons, les deux-roues, les scooters. « Avec l’augmentation de l’utilisation des piétons et des véhicules à deux roues motorisés ou non, tous ces usagers doivent être conscients de la traversée des routes et des risques de traverser un tramway », poursuit-il. Pour pallier le problème, des trains flash (dont toute la flotte de trams est équipée), envoient un signal lumineux et sonore. Parallèlement, un nouveau système de passage piéton (dont quatre sont déployés sur les quais) attire l’attention des personnes traversant ces voies pour le passage d’une rame de tramway.
La prévention et la formation des plus jeunes sont aussi un sujet pour la TBM qui rencontre chaque année plus de 10 000 jeunes dans les lycées et les quartiers, en partenariat avec les centres sociaux, pour les alerter et les sensibiliser à ces enjeux sécuritaires. Le jeu de cartes (« coût du risque »), nouvel outil ludique, vient d’être créé à cet effet.
Les chapeaux de motard sont de retour
De nombreuses innovations voient le jour cet automne. Ainsi, la Métropole a investi 16 millions d’euros dans l’achat de 35 nouveaux véhicules articulés, en service dès cet été sur les lignes 2, 5 et 9. A noter également l’ouverture de deux stations V3 (bas Lormont et place Latule à Bordeaux) et la rénovation de l’hybridation de Bat3.
Dans un autre registre, l’application TBM a été améliorée, une application de guidage piétons avec ajout de QR codes (Navilens) est en cours de test, et le paiement par carte bancaire sur les lignes 1 et 9 (pour le moment) fait également partie des nouveautés.
Côté projets, le printemps 2023 verra le prolongement du tram A jusqu’à l’aéroport et son ouverture en conséquence, 5 nouvelles stations. Les voies devraient être ouvertes dès le début du mois de janvier et les tests seront effectués sur une période d’un mois. Au printemps 2024, la ligne express Saint-Aubin/Saint-Médard-Gare St-Jean ouvrira à son tour, permettant un trajet sans changement, de la gare de Bordeaux à St-Aubin.
Entreprise de 2 800 salariés, Keolis Bordeaux Métropole s’apprête à recruter 35 chauffeurs et 11 agents de maintenance d’ici la fin de l’année. A ce titre, une campagne de communication sera lancée sur le thème de l’inclusion « parce que nous avons des métiers encore genrés, mais nos métiers sont ouverts à tous », explique Pierrick Poirier.
Depuis janvier, 123 agents ont déjà été embauchés en CDI (dont 93 chauffeurs) et 95 agents ont bénéficié d’une promotion interne ; Autre argument en faveur de la campagne de recrutement de cette entreprise qui peinait ces derniers temps à trouver des candidats, que le dirigeant tempère : « Il y a des tensions sur les recrutements en France dans de nombreux métiers. Nous sommes une entreprise qui offre des perspectives de développement et de carrière. Le seul inconvénient, ce sont les restrictions sur le temps de travail. »
Dans un contexte de crise énergétique
Mais le TBM doit aussi faire face à un autre problème, plus important : celui de la crise énergétique. « Sur le réseau de transport, l’énergie de traction représente 90% des besoins énergétiques et les bâtiments, 10%. Avec les dispositions que va mettre en vigueur la Métropole, dont la campagne sur les couloirs bus pour plus de régularité, cela permettra de consommer moins de carburant car moins accélération ou décélération », explique-t-il. Mais « le prix du gaz a été multiplié par 3 et celui de l’électricité par 5 ou 6, donc le réseau et Métropole vont devoir absorber des surcoûts qui sont conséquents », admet le dirigeant. Un impact qu’il estime, pour l’année prochaine, entre 20 et 25 millions d’euros et qui peut sérieusement affecter l’utilisateur.
« Sous pression, on ne sait pas, mais le président Anziani reste plus que raisonnable et l’augmentation des cotisations ne dépassera pas 2%, s’il y a augmentation. Pour l’instant, il n’y a rien de prévu à ce niveau », précise Béatrice de François. La décision doit être votée en mars par la Métropole.