Le sous-préfet de Bayonne, Philippe Le Moing-Surzur, identifie « une recrudescence » de ces « comportements inacceptables » : « Ils augmentent de 60 % dans le département et de 65 % au Pays basque. »
Le général de brigade de police William Carcelen…
Le sous-préfet de Bayonne, Philippe Le Moing-Surzur, identifie « une recrudescence » de ces « comportements inacceptables » : « Ils augmentent de 60 % dans le département et de 65 % au Pays basque. »
Le sergent de police William Carcelen en sait plus que de simples statistiques car il a traité ces crimes. « Si t’es à pied et que le mec décide d’accélérer, ça va super vite. Même avec une bouteille’ tu peux rester gelé. Et il note aussi « une explosion dans quelques mois ».
« Une option »
Comment expliquer le phénomène ? Difficile de trouver un profil, il n’y a pas de portrait curaté de ce délinquant. « Ça pourrait être monsieur ou madame tout le monde », note le commissaire de division Olivier Calia. « Au départ, il y a une faute assez mineure, un verre de trop, un manque d’assurance. Et ça déchire. Nous avons récemment eu deux autres personnes sur le toit : elles avaient respectivement 2 et 3 grammes de résine de cannabis dessus. »
La (sur)attention portée par les médias à ces épisodes contribue probablement à minimiser les refus d’obéir. « Je le pensais, mais aujourd’hui j’en suis moins sûr », doute William Carcelen. Ce dont il ne doute pas, c’est que « le déni est devenu une possibilité, une option ». Ceci pour les personnes qui sont généralement à des kilomètres de ce comportement. « Il y a des endroits où il ne se passe pas une nuit sans que cela se produise. C’est presque un jeu, là on dépasse ces profils. »
Go fast
Le brigadier essuya un refus d’encore un autre ordre. « J’étais au BAC. C’était à la frontière, une voiture a attiré notre attention. Quelque chose au garde-à-vous… » Ça va vite. Ces drogues sont transportées à une vitesse vertigineuse à travers différents pays. Ça passe ou ça casse. « Nous sommes en route vers le crime organisé. Dans la voiture nous retrouvons plus tard 300 kilos d’herbe. Ceux-ci ne s’arrêtent pas aux contrôles. »
William Carcelen conduit dans le golfe non marqué, à la suite du fugitif. D’autres équipes de police convergent. « L’homme ne connaît pas le quartier, il se perd au cœur de Saint-Jean-de-Luz et trébuche sur un mur. Je fais comme on m’a appris, je bloque sa sortie. Le trafiquant parvient à sortir de l’impasse, mais perd le contrôle de sa voiture plus loin.
Cette fois, le brigadier ne sortit pas son arme. Dans d’autres cas, des coups de feu ont été tirés par la police. Comme le 16 octobre 2022 à Bidart, où un jeune de 18 ans a pris la fuite. « J’avais peur d’être contrôlé », dira-t-il devant ses juges. L’intervention de la police n’a fait aucun blessé. Dans la nuit du 23 au 24 septembre, un autre conducteur a percuté cinq policiers qui tentaient de l’arrêter. Le 11 janvier 2021, une conductrice entre en collision avec une patrouille : la police ouvre le feu, elle est tuée.
« Dégainer son arme n’est jamais anodin. C’est important. Pour nous, il s’agit d’intégrer définitivement le danger auquel nous sommes confrontés. Dans les cas critiques, nous dégainons notre arme. »
De l’humain
Dessiner dans le cadre d’un go fast, affronter un criminel avec certitude, ce n’est pas le faire devant un « Mister Everybody » éméché qui perd tout contrôle et fonce. Olivier Calia parle de « placer le curseur ».
Bien sûr, la formation aide. « C’est cohérent », assure William Carcelen. Le protocole, les automatismes cadrent l’instant. « Et nous savons que chaque seconde de notre intervention peut être disséquée en cas de problème. Mais toutes les procédures du monde ne peuvent embrasser l’infinité des possibles : « On essaie d’anticiper, mais quand la matière est humaine, les scénarios ne rentrent jamais tout à fait dans les cases.