Réforme de l'assurance-chômage : une attaque contre tous les travailleurs

Les chômeurs au travail, à n’importe quelles conditions

Les chômeurs au travail, à n’importe quelles conditions

La réforme de 2019, qui avait été mise en place progressivement, constituait déjà une aggravation des conditions d’ouverture du droit aux allocations d’abord, puis une réduction du montant des allocations appliquées à partir d’octobre 2021. Elle annonçait déjà la couleur de ce qui se prépare aujourd’hui : des dizaines de des milliers de chômeurs ont été exclus du droit au chômage, sans compter tous ceux qui ont vu le montant de leur indemnité journalière chuter drastiquement. Et pour cause, il faut avoir travaillé six mois au lieu de quatre pour ouvrir de nouveaux droits à indemnisation. Le calcul des indemnités journalières a été revu à la baisse, pénalisant largement les travailleurs en contrat précaire qui, pour les mêmes horaires de travail, perçoivent un salaire inférieur à ceux en contrat à durée indéterminée. Nul besoin d’entrer dans tous les détails de la réforme pour comprendre les conséquences sociales de ces mesures pour l’ensemble des chômeurs : moins d’allocations et plus de difficultés à accéder aux droits.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, le gouvernement entend mettre en place un nouveau projet avec la modification majeure de moduler, en fonction des besoins des employeurs, le montant de l’allocation chômage. Le gouvernement a également pensé à moduler les indemnités par région, pour être au plus près des besoins des employeurs locaux. Le battage médiatique sur les pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs comme les transports ou la restauration cet été est devenu le prétexte parfait pour le gouvernement et les capitalistes pour justifier leur nouvelle réforme. Comment se fait-il qu’il y ait encore des chômeurs alors que les employeurs ont besoin de travailleurs ? Vous ne voulez pas travailler ? Il voudrait donc durcir les conditions de chômage quand le Medef a besoin d’embaucher pour obliger les chômeurs à prendre n’importe quel emploi avec n’importe quel salaire, quitte à être plus flexible et à allonger la durée de l’allocation quand les employeurs n’en ont plus besoin. En clair une gestion au quotidien, calculée méthodiquement, en fonction des besoins des employeurs.

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Autre nouveauté, la modification du système de contribution patronale, déjà présente dans le premier projet, mais qui entrera en vigueur le 1er septembre. Pour prétendre dissuader les employeurs de recourir aux contrats courts, le gouvernement a intégré dans la réforme un système de bonus-malus pour les entreprises. En réalité, ces cotisations du nouvel employeur sont assises sur le nombre de salariés que l’entreprise n’a pas récapitulé et ne concernent qu’une partie des secteurs comme la restauration ou les transports. Cela signifie surtout que certaines entreprises (selon le journal Les Échos, plus de 60 % d’entre elles) auront droit à une réduction de ces charges patronales, de 4,5 % du salaire brut à 3 %.

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La réforme de l’assurance-chômage n’est finalement rien d’autre qu’un moyen de lobbying organisé par l’État auprès des employeurs pour inciter les chômeurs à prendre des emplois précaires, mal rémunérés et peu ou pas formés pour pousser coûte que coûte les travailleurs sur le marché du travail, sans jamais remettre en cause le travail les conditions.

Les attaques contre le droit au chômage sont en réalité des attaques contre tous les travailleurs. L’armée de réserve industrielle, comme Marx appelait les travailleurs privés, est utilisée par les employeurs comme un moyen de pression sur les salariés, pour faire accepter aux entreprises des conditions de travail continuellement dégradées sous prétexte que d’autres attendraient pour prendre leur place.

Dans la situation actuelle, où les patrons et le gouvernement saisissent tous les prétextes possibles et imaginables pour nous faire serrer la ceinture, il est urgent de poursuivre nos intérêts et ce dont nous avons besoin ! Partager le temps de travail entre tous pour ne plus être privé d’emploi ou se tuer au travail ; et pour tous les travailleurs, indexer les salaires sur l’inflation. Avec les profits exorbitants que les grandes entreprises empochent, ce n’est certainement pas à nous de payer leur crise !

16 septembre 2022, Matilde Nallot