Et si la réforme de l’assurance-chômage passait à côté des vrais problèmes ? Dans une lettre, la raison est entendue. Si le chômage est encore élevé en France (7,3% de la population active selon les dernières statistiques) bien que les chefs d’entreprise ne parviennent pas à recruter, c’est parce que le système d’assurance chômage est généreux. De fait, quand on compare notre filet de sécurité à ceux mis en place par nos voisins européens, la protection du « à la française » semble très confortable : longues durées d’indemnisation, subventions de remplacement et plafonds d’indemnisation élevés, sanctions moins sévères… des indemnisations variables Des exigences en fonction de la santé du marché du travail, a insisté pendant des mois Olivier Dussopt, le ministre du Travail compte bien faire passer l’exemple du Canada pour améliorer sa réforme. Lundi dernier, le gouvernement a précisé les paramètres qu’il a touchés en annonçant vouloir fixer la durée d’indemnisation des yoyos et le niveau du taux de chômage. Pour simplifier, en dessous du taux de 9% de taux de chômage, alors le délai sera réduit de 25%, ce qui sera le cas à partir du 1er février prochain pour tous les nouveaux demandeurs d’emploi (hors chômage des travailleurs du plein air et des loisirs). En revanche, si le prix revient à partir de ce point respectable ou s’il augmente de 0,8 point par trimestre, la période reviendra à son niveau antérieur.
Le problème, c’est que ce chiffre magique de 9 % est une moyenne qui masque les différences entre les territoires. Sur la base de statistiques fournies par l’INSEE, l’économiste Olivier Bouba-Olga a ainsi recalculé le taux de chômage dans un maillage géographique très fin (voir la carte ci-contre).
La variation du taux de chômage est beaucoup plus importante que dans les zones d’emploi
« Il faut territorialiser la politique de l’emploi »
Que devons-nous rechercher ? Le pays est divisé en zones comme Les Herbiers en Vendée, Vitré en Ille-et-Vilaine ou Beaune en Bourgogne où le taux de chômage est inférieur à 3,5% et des zones comme Alès ou Maubeuge où le plus élevé atteint près de 14%. Il n’y a pas de marché du travail mais des marchés du travail. Sur les 302 lieux de travail étudiés, 55 ont un taux de chômage supérieur à 9 %. Les territoires uniques rassemblent un quart des demandeurs d’emploi, qui relèvent souvent du fonds du chômage de longue durée ou ne sont plus indemnisés par Pôle Emploi. « Ces pays montrent que le déséquilibre entre l’offre et la demande d’emploi ne dépend pas seulement de la question de l’assurance chômage généreuse et du découragement au travail. Avec la réforme Dussopt, il y a un risque de transférer le risque à des gens qui n’en ont pas. possibilité de reprendre le travail », a souligné Olivier Bouba Olga. Elle risque d’exacerber la pauvreté dans certaines régions. « L’analyse territoriale montre que l’origine du problème est souvent liée aux questions de mobilité, de logement, de garde d’enfants, qui revêtent une importance différente selon l’endroit où l’on se trouve », poursuit l’auteur de l’article.
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Comment accepter un poste saisonnier sur la côte basque quand il n’est pas possible de se loger avec le prix de la pierre qui monte ? Comment trouver un travail à 50 kilomètres de chez soi quand on n’a pas de permis et qu’il n’y a pas de transport en commun ? « Il faut fonder la politique de l’emploi sur la rationalisation de la performance publique », conclut l’auteur de l’étude. donner de l’importance à la géographie. D’autres économistes ont une vision similaire de l’amélioration du salaire minimum. Il n’en est pas de même au Smic en Ile de France ni dans le bassin de la Creuse. A sa création en 1950, le SMIG – l’ancêtre du SMIC – est régionalisé, avec des décisions définissant la réduction de chaque arrondissement. Mais ici aussi, le jacobinisme a prévalu.
Opinions
Sébastien Abis, PDG du Club Demeter et chercheur Iris