Le gouvernement a présenté sa nouvelle réforme de l’assurance-chômage. Le texte raccourcit la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi à partir du 1er février 2023, à condition que le taux de chômage ne dépasse pas 9%. Une mesure dénoncée par les syndicats et saluée par le patronat.

Ce projet de loi « portant mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein emploi » a été présenté le 21 novembre par le gouvernement. Il est prévu de faire varier la durée d’indemnisation des nouveaux demandeurs d’emploi en fonction de la situation économique. « Quand ça va bien, les règles seront plus dures, quand ça va mal, elles seront assouplies », explique le ministre du Travail, Olivier Dussopt. Cette réforme concernera les nouveaux demandeurs d’emploi à partir du 1er février 2023.

Aujourd’hui pour ouvrir des droits, il faut avoir travaillé 6 mois au cours des 24 derniers mois (36 mois pour les plus de 53 ans). La durée d’indemnisation s’applique sur la base d’une journée travaillée, une journée indemnisée. La durée maximale d’indemnisation est de 24 mois pour les moins de 53 ans, 30 mois pour les 53 et 54 ans et 36 mois pour les 55 ans et plus. Avec la nouvelle réforme, cette durée d’indemnisation variera en fonction de la situation du marché du travail.

Lorsque le taux de chômage est inférieur à 9 % ou s’il baisse pendant trois trimestres consécutifs, la situation sera considérée comme bonne, la durée d’indemnisation sera raccourcie. Elle peut être réduite de 25% avec un plancher minimum de 6 mois. Il est clair qu’un chômeur qui aurait aujourd’hui droit à 12 mois d’allocations chômage n’aura droit qu’à 9 mois à compter du 1er février 2023.

En revanche, si le taux de chômage dépasse la barre des 9 % ou s’il augmente de 0,8 point en un trimestre, la situation sera considérée comme mauvaise, donc la durée d’indemnisation sera calculée sur la base actuelle.

Cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron vise à inciter les demandeurs d’emploi à trouver un emploi plus rapidement. Avec cette réforme, le ministère du Travail s’attend à ce qu’entre 100 000 et 150 000 personnes reprennent le travail. L’exécutif entend également lutter contre le recours abusif aux contrats à court terme en introduisant un bonus-malus dans les cotisations chômage des entreprises. Selon l’Unedic, le nouveau mode de calcul entraînera une baisse du tarif journalier de 17 %, en moyenne, la première année pour 1,15 million d’allocataires. L’organisation espère réaliser des économies de l’ordre de 3,5 à 4 milliards par an.

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Les syndicats de salariés sont à l’unisson pour dénoncer cette mesure qu’ils jugent inefficace et simpliste. A propos de France Inter, Denis Gravouil, membre du directoire CGT, parle d’une « politique scandaleuse » qui vise à faire « de grosses économies sur le dos des chômeurs ». « L’assurance-chômage est un filet de sécurité, ce n’est pas une variable d’ajustement pour obliger les salariés à accepter des emplois pourris », ajoute le syndicaliste.

Le collectif AC Chômage ! Agissons ensemble contre le chômage ! c’est un vent contraire à cette nouvelle réforme qui « veut frapper à nouveau les chômeurs et leur rendre la vie infaisable pour les inciter à travailler. Ses membres organisent une manifestation contre cette réforme à Besançon le 3 décembre. AC Militants du chômage ! sont également alarmés par la possibilité de supprimer les allocations de chômage après deux refus de CDI en un an pour une personne en CDD occupant le même poste ou un poste similaire.

De leur côté, les employeurs saluent les mesures qui vont « dans le bon sens ». Christophe Thiebaud, président de la CPME 39 du Jura, (Confédération des Petites et Moyennes Entreprises) pose le problème du recrutement des chefs d’entreprise et « des salariés qui imposent leurs conditions de travail dans des secteurs encore en tension : BTP, transport, logistique, hôtellerie ou service personnel ».

Selon Pôle Emploi, en 2021 sur les 3,1 millions d’offres d’emploi déposées, 6% n’ont pas été pourvues faute de candidats, soit 186 mille postes vacants. Des chiffres qui cachent les difficultés de recrutement liées aux conditions de travail proposées (rémunération, temps de travail, pénuries, etc.).

Selon l’INSEE, la pauvreté touche « essentiellement les chômeurs », dont 38% vivent en dessous du seuil de pauvreté. Premièrement, les femmes sont soumises à des emplois à temps partiel et à des salaires inférieurs et donc à des allocations de chômage inférieures. Dans le même temps, entre un quart et la moitié des chômeurs éligibles ne réclameraient pas leur allocation, selon un rapport de la Dares.