Avez-vous l’impression de vous transformer en dragon dès qu’une goutte d’alcool vous tombe sur la gorge ? Vous avez probablement un reflux gastro-oesophagien (RGO). On en parle souvent chez les bébés, mais les adultes ne sont pas épargnés non plus… « Des études montrent que la prévalence dans les pays industrialisés varie de 34 à 44 % soit 4,5 cas pour 100 000 habitants, avec une nette augmentation de la fréquence à partir de 40 ans. » , écrit Paolo Barrata, ORL, dans Comprendre et traiter le reflux*.
Quand le reflux devient pathologique et que chaque digestion douloureuse signifie que votre protection anti-reflux a perdu son efficacité. Cependant, cela ne signifie pas que votre problème est l’acidité ! « Les causes du RGO sont nombreuses : mécaniques (mauvaise posture, problèmes anatomiques), chimiques (si vous prenez des antidépresseurs, certaines combinaisons alimentaires), hormonales (si vous êtes en surpoids, lorsque vous êtes stressé par trop de cortisol), et nerveuses. », énumère Charles-Antoine Winter, nutritionniste et auteur du Grand Livre du Régime Antireflux*.
Il regrette que certains médecins administrent trop systématiquement des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), qui sont des médicaments destinés à réduire la sécrétion d’acide gastrique. La Haute Autorité de Santé a d’ailleurs mis en garde contre la surprescription de ces médicaments en 2020. Le repas qui provoque des reflux, poursuit la nutritionniste.S’ils sont sous IPP depuis longtemps, ça arrête la douleur, mais ça ne résout pas le problème, ça l’aggrave même. Par conséquent, il est important de se concentrer sur de bonnes habitudes de vie qui peuvent atténuer ces symptômes.
Eviter de boire beaucoup pendant les repas
« Boire trop dilue les sucs digestifs, la digestion ralentit, donc l’estomac va mettre plus de temps à se vider : là on augmente le risque de reflux, notamment avec la pression posturale, explique Charles-Antoine Winter. Imaginez un ballon rempli d’eau, pliez ça, ça met la pression. » Mais ne pas en boire ne serait-ce qu’une goutte avec un repas, surtout s’il est chaud, salé ou sucré, s’avère déraisonnable. Notamment pour les personnes âgées, qui ont parfois moins soif et risquent de se déshydrater. La diététicienne conseille donc de boire peu et de boire entre les repas. « De 30 minutes avant un repas à 1 heure après votre dernière bouchée, ne buvez pas plus de 150 ml de liquide. C’est l’équivalent d’un verre de cantine. »
Buvez uniquement de l’eau… tiède
S’il faut s’y habituer (aussi compliqué soit-il), c’est à arrêter de fumer et d’alcool, qui agissent comme de l’essence sur un feu de paille. Oubliez aussi les sodas et l’eau pétillante (ou remuez bien pour enlever les bulles). Il est logique que les bulles créent une pression et donc facilitent le reflux. A l’apéritif, vos choix seront drastiquement réduits. Mais aussi au petit-déjeuner… Il faut vraiment limiter le café et, dans une moindre mesure, le thé. « Nous avons constaté qu’avec la caféine, le sphincter inférieur de l’œsophage (qui empêche de remonter) a tendance à se détendre et à se relâcher », poursuit Charles-Antoine Winter.
Un dernier conseil boisson : buvez de l’eau à température ambiante ou tiède. « La condition pour qu’il y ait une activité enzymatique qui permette la digestion et facilite la vidange de l’estomac, c’est que la température soit de 37 degrés, insiste-t-il. Si vous buvez de l’eau à 6 degrés, l’activité enzymatique s’arrête. Donc même par temps très chaud, jamais boire de l’eau glacée ! »
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Surélever votre tête pendant la sieste et la nuit
Les médecins conseillent d’ajouter un oreiller sous le matelas pour dormir la tête surélevée afin d’éviter les reflux nocturnes. De même, il est recommandé d’éviter la sieste postprandiale de l’après-midi. Si le rythme est vraiment trop intense, vous pouvez dormir à moitié assis. Encore mieux si vous pouviez marcher quelques minutes ou au moins rester debout.
« Utiliser le concept de gravité va aider, insiste Charles-Antoine Winter. Marcher, respirer vont améliorer la digestion, ainsi que le transit. D’autant plus que le transit bloqué augmente le reflux. » En revanche, oubliez le sport lors de la digestion, si vous allez faire du yoga et dans certaines positions la tête baissée, cela risque de ne pas vous plaire.
Bien mastiquer
On l’oublie parfois, mais une bonne mastication est une condition sine qua non pour éviter que votre repas ne reste dans votre estomac. Pour un diététicien, il faudrait mastiquer des aliments cuits jusqu’à 30 fois et des légumes crus 80 fois, vos voisins de table apprécieront… « Quand j’avale, les aliments doivent être bouillis, imbibés de salive. être plus facile. »
Autre avantage : « la mastication évitera l’idée du gavage, qui augmente la pression de l’estomac et donc le risque de reflux. On voit des gens qui mangent des quantités énormes en 10 minutes. » Mais si vous mangez lentement, en vous concentrant sur le goût, la composition de l’assiette, vous serez rassasié plus tôt qu’autrement.
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Eviter certains aliments
« Les plats préparés comme les conserves de viande, de thon ou de poisson, les cubes de soupe, les soupes industrielles doivent être limités au maximum car ils contiennent une forte teneur en sel, glutamate, conservateurs, toutes substances qui aggravent les irritations de l’estomac », écrit-il. ORL italien. Les fruits les plus acides (agrumes, ananas, kiwi, etc.) sont logiquement consommés avec modération et de préférence à l’heure du déjeuner et non juste avant le coucher. Attention également à certaines épices : le piment, le paprika, le poivre, le gingembre, la cannelle, le curry et le vinaigre peuvent stimuler la production de suc gastrique, précise Paolo Borrata.
Et le citron ? Malheureusement, cela endommagera la muqueuse de l’œsophage. Mais pour beaucoup, il sera tout de même utile pour faciliter la digestion de l’estomac. Dans Mes Petites Recettes Contre le Reflux, la diététicienne propose des recettes qui conviennent aux deux types de patients RGO : ceux qui souffrent d’un excès de « feu digestif » et les patients ayant une faiblesse de « feu digestif ».
* Comprendre et traiter le reflux, Pr Paolo Borrata, Tchou Editions, août 2022, 14,95 €.
** Le Grand Livre de l’Alimentation Antireflux, Charles-Antoine Winter, Edition Leduc, août 2019, 17 €.
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