RD Congo : fin de voyage pour le cercueil de Patrice Lumumba, inhumé à Kinshasa

Un pèlerinage de neuf jours qui retrace les moments forts de la vie de Patrice Lumumba en République démocratique du Congo s’est terminé jeudi à Kinshasa par l’inhumation de son cercueil, plus de 61 ans après son assassinat et le même jour à l’occasion du 62e anniversaire du pays. indépendance.

Le cercueil de Patrice Lumumba a été inhumé à Kinshasa le jeudi 30 juin, jour anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo, plus de 61 ans après son assassinat et au terme d’un pèlerinage de neuf jours qui retrace les moments forts de sa vie. .

Dans une cérémonie très solennelle, en toute déférence, le président de la RDC Félix Tshisekedi s’est adressé directement à Patrice Lumumba, face au cercueil contenant la dépouille du martyr de l’indépendance : une dent, qui a valeur de relique.

« Je vous remercie, Monsieur le Premier Premier ministre » d’un Congo indépendant, « notre héros national », a-t-il dit, après avoir salué la « lutte acharnée contre le colonialisme », la lutte « pour la liberté et l’indépendance » menée par Lumumba. « Que notre terre ancestrale vous soit douce et légère. »

Peu de temps après, le cercueil a été transporté dans une tombe de béton et de verre, surmontée d’une magnifique statue de Lumumba, érigée dans la rue qui porte son nom et mène à l’aéroport international de Kinshasa, à « l’Echangeur de Limete ». L’ouverture de la tombe au public est prévue fin août.

Dans une salle aménagée à proximité, au pied de la « tour de l’Echangeur » ​​qui symbolise la ville de Kinshasa, une vingtaine d’artistes congolais ont reproduit à leur manière la vie, la vision et l’héritage politique de ce héros des indépendances africaines.

« Lumumba fait les frais des revendications et des souffrances du peuple congolais contre la Belgique. Le chemin reste semé d’embûches, mais il sait conduire le peuple à l’indépendance », analyse l’organisateur de l’exposition, l’artiste Franck Dikisongele, devant un tableau montrant le héros tirant une charrette pleine de drapeaux de la RDC .

« Malheureusement, il a aussi versé son sang », a-t-il ajouté, poursuivant la visite.

« Le sang et l’esprit »

"Le sang et l'esprit"

Selon les historiens, c’est son discours virulent contre le racisme des colons belges qui l’a fait entrer dans la légende le 30 juin 1960, jour de la proclamation de l’indépendance de l’ex-Congo belge.

Le discours, qui scelle aussi le sort des nationalistes, est considéré comme communiste par ses détracteurs.

À Lire  Trophée des champions : Déplacement à Tel-Aviv, premier Galtier, retour de Nantes... Ce qu'il faut savoir

Après seulement 75 jours, il est déposé et, quelques mois plus tard, tué avec deux camarades le 17 janvier 1961 à Shilatembo, dans le Haut-Katanga (sud-est), par des séparatistes katangais et des mercenaires belges.

Son corps, dissous dans l’acide, n’a jamais été retrouvé. Il a fallu des décennies pour découvrir que des restes humains avaient été déposés en Belgique, lorsqu’un policier belge ayant participé à la disparition s’en est vanté. Une dent appartenant à ce policier a été confisquée en 2016 par un tribunal belge.

Le président du Congo se réjouit que des obsèques puissent enfin être offertes aux martyrs de l’indépendance. Il a remercié la famille de Patrice Lumumba, dont les enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants étaient présents, mais aussi « le peuple belge et ses autorités » pour, a-t-il dit, « d’avoir contribué au rétablissement de la vérité » sur le meurtre de Lumumba, « après des années de le déni ».

>> A (retour) voir : Roland Lumumba sur le meurtre de son père Patrice : « On cherche toujours la vérité »

En effet, estime Félix Tshisekedi, « ce n’est qu’après avoir dit la vérité, après s’être attribué les responsabilités les uns des autres, que nous pourrons ensemble, Congolais et Belges, entamer l’étape décisive du vrai et définitif pardon, de la justice et de la réconciliation ».

Suite au retour officiel des dents de Patrice Lumumba par la Belgique en RDC le 20 juin, le cercueil du héros national congolais est arrivé le 22 en RDC puis transporté à Sankuru (centre), son pays natal, à Kisangani (nord – est ), son fief politique, puis dans le lieu de torture.

« Les funérailles sont la fin du processus. Le voyage s’inscrit dans la pratique du deuil de leaders extraordinaires comme Lumumba », estime le cinéaste congolais Balufu Kanyinda, l’organisateur des funérailles.

« Je vis à Sankuru. Le sang et l’esprit de Lumumba habitent en moi. Je suis ici parce que son esprit ne va plus errer », a déclaré l’homme de 24 ans après la cérémonie, Didier Shonda, avec la même coiffure. comme Lumumba. « Désormais, nous savons où recharger nos batteries pour vraiment libérer notre pays et la jeunesse africaine. »

Un deuil national qui a commencé lundi s’est terminé après les funérailles du corps du héros.