Alors que nous entrons dans la cinquième semaine de grève à la centrale EDF PEI, filiale d’EDF Archipel Guadeloupe, nous cherchons à savoir comment l’électricité est produite et distribuée localement. La journée, on consomme majoritairement de l’électricité verte, mais à la tombée de la nuit, celle produite par l’unité de Jarry couvre l’essentiel des besoins. C’est juste que c’est arrêté, actuellement…

Nadine Fadel, avec Ludivine Guiolet-Oulac

Publié le 16 janvier 2023 à 16h18,

Mis à jour le 16 janvier 2023 à 17h17

Qui sont les protagonistes de l’électricité en Guadeloupe ? Comment se partagent-ils les tâches ? Nous avons posé ces questions à l’ingénieur Jérôme Bevert, chef de la mission « énergie » à l’Observatoire régional de l’énergie et du climat (OREC).

Tout d’abord, il faut savoir que « EDF Archipel Guadeloupe » est la dénomination commerciale locale du groupe EDF-SEI (Electricité de France – Systèmes énergétiques insulaires), qui n’intervient que dans les zones non interconnectées. Comme son nom l’indique, cette gestion territoriale de l’entreprise assure le service public de distribution d’électricité dans les zones insulaires isolées, EDF-SEI gère l’ensemble de la chaîne électrique dans ces zones isolées, c’est-à-dire la production, l’achat, la distribution et la vente.

EDF gère le réseau. Assure l’équilibre entre l’offre et la demande.

Jérôme Bevert, chef de projet « énergie » à OREC

La demande correspond à ce que la population consomme, dans les habitations (éclairage, électroménagers, climatisation, etc.), dans les activités commerciales (mobilier de bureau, chambres froides, équipements divers, etc.) et sur la voie publique (lampadaires, enseignes… ).

L’offre émane des producteurs d’électricité, à qui EDF-SEI achète l’énergie pour la distribuer.

La Guadeloupe compte à ce jour huit producteurs d’électricité.La production de pétrole est fournie à Jarry par l’usine EDF PEI, où sévit la grève actuelle. Au Moule, le charbon est utilisé comme combustible, le reste est de l’énergie renouvelable : 11% photovoltaïque, 12% éolien, une part minoritaire de biogaz (combustion des déchets), hydroélectrique et géothermique. La Guadeloupe est aussi le seul département de France où la géothermie est aussi bien exploitée, et la Guadeloupe est un bon élève puisque près de la moitié de son électricité est verte.

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Nous avons vraiment un mix électrique très diversifié. En 2021, nous avons produit un mix électrique composé de près de 34 % d’énergie renouvelable et, au premier semestre 2022, nous avons presque atteint 40 %. Cela signifie que, dans une journée, il y a environ 10 heures d’électricité fournies par des énergies renouvelables. C’est vraiment une source de fierté, car c’est quelque chose qui évolue chaque année.

Jérôme Bevert, chef de projet « énergie » à OREC

Les jours ensoleillés, le système solaire fonctionne à pleine capacité et en cas de vent, l’énergie éolienne est bien fournie. Si bien qu’en plein jour c’est avant tout de l’électricité verte (donc décarbonée) qui est demandée dans l’archipel.Les citoyens peuvent donc profiter de ces instants pour consommer, en faisant fonctionner la machine à laver, recharger leur véhicule électrique, cuisiner pendant une longtemps, etc…

Là où un problème survient, c’est après la tombée de la nuit. D’où le délestage.

Jérôme Bevert, chef de projet « énergie » à OREC

En début de soirée, les énergies fossiles prennent le relais. C’est là que la fermeture de l’usine de Pointe Jarry pèse le plus.