Texte intégral
MARC FAUVELLE Bonjour Gabriel ATTAL. GABRIEL ATTAL Bonjour. MARC FAUVELLE On reviendra bien sûr sur l’intervention d’Emmanuel MACRON sur France 2 hier, mais d’abord sur les derniers résultats de TotalEnergies qui ont chuté il y a quelques minutes. En neuf mois, l’entreprise vient de réaliser 17 milliards d’euros de bénéfice. C’est plus que le bénéfice total de l’an dernier. Est-ce une bonne nouvelle ? GABRIEL ATTAL Ce sont d’abord des bénéfices, qui sont pour la plupart générés à l’étranger. C’est la première chose. Alors c’est une bonne nouvelle si vous partagez la valeur de l’entreprise. MARC FAUVELLE Pas sûr ? GABRIEL ATTAL Ces dernières semaines, des décisions un peu douloureuses ont été prises sur les augmentations de salaire suite à une grève qui a profondément marqué les Français. Donc s’ils partagent la valeur dans l’entreprise, s’ils baissent l’addition aux Français. Permettez-moi de vous rappeler que ces derniers mois, il y a eu une remise qui a coûté 500 millions d’euros. Et s’ils investissent en France, notamment dans le secteur des énergies renouvelables. C’est ce qu’on leur demande. MARC FAUVELLE Cela signifie-t-il que vous contrôlerez la dépense de cet argent ? GABRIEL ATTAL bien sûr. Vous savez ce que nous faisons depuis quelques mois maintenant. Quand il y a eu une remise qui a été établie pour un TOTAL de 500 millions d’euros, c’est parce qu’on leur mettait beaucoup de pression en leur disant : vous faites du profit, vous en faites pour l’essentiel à l’étranger et donc ils ne sont pas taxés en La France parce que c’est le grand principe de la fiscalité internationale, alors s’il vous plait, investissez dans la baisse de la facture pétrolière des Français en période d’inflation et investissez dans les énergies renouvelables. MARC FAUVELLE Et si TOTAL ne fait pas tout ce que vous demandez hein, que va-t-il se passer ? GABRIEL ATTAL Nous leur demandons d’abord de le faire. MARC FAUVELLE Oui, et si ? GABRIEL ATTAL Alors, vous savez, nous avons pris une décision importante, c’était le quatrième point que je voulais mentionner. C’est qu’on va les taxer parce qu’il y a un mécanisme européen auquel on a contribué, qui est consigné. Le projet de loi de finances, actuellement à l’examen au parlement, introduit un mécanisme qui o permis de taxer les activités, notamment le raffinage. C’est ce qui préoccupe TOTAL en France, du moins pour les énergies fossiles, et donc contribue aux finances publiques. SALHIA BRAKHLIA Tout à l’heure vous disiez que le gouvernement faisait pression sur TOTAL pour cette fameuse ristourne à la pompe, sur le carburant. Maintenant que vous savez que le bénéfice en neuf mois est de plus de 17 milliards, allez-vous demander à TOTAL de prolonger, de prolonger ce rabais à la pompe ? GABRIEL ATTAL D’abord, c’était déjà prolongé. SALHIA BRAKHLIA Jusqu’au 15 novembre. GABRIEL ATTAL Oui, car nous-mêmes, le gouvernement, avions annoncé que la ristourne gouvernementale serait prolongée de quelques semaines et TOTAL s’y est conformé. On va leur redemander, c’est toujours les trois éléments que je viens d’évoquer. C’est 1/ partager la valeur de l’entreprise avec les salariés ; 2/ baisser la facture française quand on le peut ; et 3/ investir… SALHIA BRAKHLIA Quant aux rabais, leur demanderez-vous de les prolonger ? GABRIEL ATTAL Je vous le dis, il y a une demande générale d’inclusion. Ensuite, nous verrons comment il se répartit. MARC FAUVELLE Parce que vous dites que les Français profitent de l’énergie, c’est-à-dire du gaz, de l’électricité, mais pas des carburants ? GABRIEL ATTAL Mais ils ont instauré une remise sur le carburant, je vous le rappelle. MARC FAUVELL E Mais ira-t-elle au-delà ? GABRIEL ATTAL Ils ont annoncé 15 jours supplémentaires. Je ne poste pas à la place de TOTAL. MARC FAUVELLE D’accord. Patrick POUYANNE, patron de TOTAL, explique dans Le Monde d’aujourd’hui qu’il envisageait de verser le salaire mensuel à tous les salariés à partir de juillet, mais n’a pas voulu le rendre public dans l’immédiat. Quand vous voyez les blocages provoqués par la grève, comprenez-vous son modus operandi ? GABRIEL ATTAL Je ne suis pas là pour m’encombrer ou donner des leçons. Il est certain que, bien sûr, nous souhaiterions tous que ce dialogue social se déroule différemment, afin d’éviter ce que certains Français ont vécu et vivent encore, à savoir les files d’attente interminables aux stations-service. MARC FAUVELLE Et qui dans certains départements perdurent jusqu’à ce jour. GABRIEL ATTAL Bien sûr. C’est ce que je dis: juste Ils vivent encore. MARC FAUVELLE Nous avons une station sur 10 en France, une station sur 10 en panne de carburant. Dans un quart du pays, nous avons une station sur 5 qui n’a pas de carburant. Combien de temps cela prendra-t-il ? GABRIEL ATTAL Vous savez que nous avons une mobilisation absolue justement pour faciliter les choses et débloquer les choses. De plus, ces derniers jours, il y a quand même une amélioration et nous continuons à nous mobiliser, c’est-à-dire à faire en sorte que les gisements libèrent du carburant, que les raffineries fonctionnent. Cela prend du temps. Je vois qu’il y a eu cette amélioration au niveau national, mais on peut vraiment parler d’amélioration et de résolution de problème quand il n’y a plus de Français qui doivent se lever deux heures plus tôt le matin pour aller faire le plein de leur voiture. MARC FAUVELLE Ce calendrier n’est plus fixé dessus ? Il n’y a aucune promesse du gouvernement de dire : c’est fini dans une semaine, par exemple ? GABRIEL ATTAL Nous continuerons d’avancer et nous continuerons à faire pression et à nous mobiliser. SALHIA BRAKHLIA Gabriel ATTAL, hier sur France 2 Emmanuel MACRON a évoqué un mécanisme sur les gros cylindres qui remplacerait l’actuelle ristourne carburant à la pompe. De quoi parle-t-il? Verra-t-il le jour en janvier et de quoi s’agit-il exactement ? GABRIEL ATTAL Vous savez que nous voulons continuer à accompagner les Français face à la hausse des prix. Nous devons le faire de manière plus ciblée. Je suis le ministre du budget, je suis ici pour dire la vérité. Les payes de vacances coûtent très cher, on ne peut pas se permettre des payes de vacances toute sa vie, parce qu’à la fin ça voudrait dire qu’on dépense beaucoup d’argent en paye de vacances, mais cet argent devra être trouvé quelque part. Et je ne veux pas augmenter les impôts ou les taxes sur les Français, donc il faut passer à des mécanismes plus ciblés. Cet été on a travaillé, on ne l’a pas encore monté, mais sur un mécanisme que certains appelaient les gros rouleurs – c’est le terme que le président de la république utilisait hier. Je parle aussi des travailleurs acharnés, car il s’agit de soutenir ceux qui travaillent. Ceux qui nous écoutent là-bas, par exemple, qui se lèvent, vont en voiture m au travail et qui n’ont d’autre choix que d’aller au travail en voiture. Et c’est pourquoi nous travaillons sur un mécanisme ciblé pour les soutenir. Cela signifie que l’aide doit être dirigée vers les Français qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler, qui sont de la classe moyenne, qui souffrent de la hausse des prix. Ceci est fourni par ce mécanisme. MARC FAUVELLE Combien cela coûtera-t-il ? GABRIEL ATTAL Il faut définir les paramètres. MARC FAUVELLE Nous sommes en train et votons le budget en ce moment. N’y a-t-il pas déjà une enveloppe prévue ? GABRIEL ATTAL Ce que j’ai prévu dans le budget, j’ai prévu l’enveloppe, s’il fallait mobiliser ce dispositif – nous avions raison, car le président l’a annoncé – autour d’un milliard 500 millions d’euros. Je ne vous dis pas combien va coûter l’appareil, c’est peut-être un peu moins, c’est peut-être un peu plus, mais en tout cas, on a une enveloppe budgétée pour ça. SALHIA BRAKHLIA Donc le critère qui sera pris en compte sera forcément l’utilisation de la voiture pour se rendre au travail, sera-t-il aussi basé sur le salaire du salarié ? GABRIEL ATTAL Ce que nous avions prévu cet été lorsque nous réfléchissions à cet appareil ce sont 3 critères. Il s’agit d’un 1/ emploi, vous devez donc déclarer le revenu gagné à l’administration fiscale. C’est 2/ avoir une voiture, donc un permis de conduire et une carte grise. Et 3/ avoir effectivement un certain niveau de revenu ; pour cet été, il était prévu que la moitié de ceux qui travaillent puissent en bénéficier. Je pense que c’est 11 millions de foyers. Je ne vous dis pas que ce seront les paramètres qui seront dans l’aide annoncée par le président de la République. MARC FAUVELLE Dois-je le revendiquer ou non ? Ou le paiement sera-t-il automatique ? GABRIEL ATTAL Alors non, il y aura un compteur qui sera un site très simple. Cet été, on l’a encore préparé au cas où on mettrait en place ce système. Nous avons finalement prolongé la réduction, mais un site Web très basique a été mis en place. Vous entrez votre numéro de télédéclarant fiscal, votre numéro de carte grise, le dossier croise tout cela, et vous pouvez obtenir de l’aide en quelques jours. SALHIA BRAKHLIA T nous ne sommes pas dans une usine à gaz comme l’inspection des aliments. GABRIEL ATTAL Non. SALHIA BRAKHLIA AC a vraiment vu le jour en janvier. GABRIEL ATTAL Le Président de la République a annoncé la mise en place de ce système et donc nous allons évidemment y travailler. MARC FAUVELLE Nous parlerons des entreprises dans un instant. Beaucoup d’entre eux sont actuellement confrontés à la hausse des prix de l’énergie. On a beaucoup parlé des boulangers ces derniers temps, mais d’autres professions sont très concernées. Emmanuel MACRON a téléphoné hier, on n’a pas bien compris les détails. On essaiera d’y voir un peu plus clair avec vous, si vous le permettez à Gabriel ATTAL, dans un instant. SALHIA BRAKHLIA Toujours avec Gabriel ATTAL, Ministre, Chargé des Comptes Publics des PME, TOUS et Collectivités Territoriales. Emmanuel MACRON a déclaré hier qu’il souhaitait mettre en place un mécanisme de modération des prix de l’électricité. De quoi s’agit-il ? Sera-t-il différent du bouclier des prix qui existe déjà ? GABRIEL ATTAL oui Aujourd’hui vous avez un bouclier tarifaire qui profite aux très petites entreprises. Si vous avez moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, moins de 10 salariés, comme tous les particuliers français, vous avez droit à un bouclier tarifaire. Cela signifie qu’au lieu d’une augmentation de 120 %, comme ce serait le cas si vous ne faisiez rien l’année prochaine, votre facture d’électricité et de gaz restera à 15 %. C’est un bouclier tarifaire, tout Français qui nous écoutera verra la hausse limitée à 15% au lieu de 120%, la différence entre 15 et 120% étant amortie dans les finances publiques. MARC FAUVELLE 120% serait une augmentation pour le gaz, pour l’électricité c’était apparemment autour de 40%. GABRIEL ATTAL Non, 40% c’est cette année. L’an prochain, le prix de l’électricité devrait augmenter de 100 %, si on ne faisait pas un bouclier tarifaire. 40% c’est ce qui aurait dû augmenter en 2022 c’était 4%. MARC FAUVELLE Toute l’entreprise sera-t-elle désormais protégée ? GABRIEL ATTAL J’arrive. Donc jusqu’à 2 millions de trafic, 10 employés, vous avez ce prix bouclier. Ensuite, vous avez des petites et moyennes entreprises qui sont au-dessus de ces seuils ou qui p ils consomment beaucoup d’énergie. Je veux dire, par exemple, nos boulangers. Ils n’ont pas accès à ce bouclier. SALHIA BRAKHLIA Mais Bruno LE MAIRE, qui était à votre place il y a deux semaines, nous a dit qu’il allait changer les critères du bouclier tarifaire pour que ces entreprises entrent dans le bouclier. GABRIEL ATTAL Et donc on met en place un nouveau dispositif, le président de la République l’a annoncé, les détails seront annoncés par le Premier ministre demain, pour que ces petites et moyennes entreprises, qui sont au-dessus des valeurs seuils, soient aussi pouvoir faire l’objet d’un amortissement. leur facture d’électricité pour leur dire qu’elle n’augmentera pas plus que ça. Il est important qu’ils préparent le budget pour l’année suivante. Et puis vous avez de plus grandes entreprises, des entreprises de taille moyenne. Je pense que c’est plus de 250 salariés, pour les grandes entreprises, où ils vont mettre en place un compteur avec une aide pour les aider à amortir le choc. Des aides qui seront versées par tranches à partir de la fin de cette année et pourront s’élever à plusieurs millions voire dizaines de millions d’euros. Quel est le but de cela ? Pour permettre à 1/ nos entreprises de survivre, de résister au choc et ainsi à tous les Français qui travaillent dans ces entreprises de continuer à conserver leur emploi. Et 2/ limiter également l’inflation, car plus les entreprises sont accompagnées dans la réduction des coûts, moins elles répercutent sur les prix les consommateurs. SALHIA BRAKHLIA Mais à quel niveau limite-t-on ? Hier, le pr résident de la république parlait d’un prix raisonnable. Obtiendrons-nous une augmentation maximale de 15 % sur le bouclier tarifaire ou serait-ce beaucoup plus ? GABRIEL ATTAL Elle sera annoncée demain par le Premier ministre, je ne peux donc pas donner plus de détails aujourd’hui. Il est certain qu’il sera bien en deçà de l’augmentation que ces entreprises recevraient si elles ne faisaient rien. MARC FAUVELLE Sur la réforme des retraites, Emmanuel MACRON a rappelé son objectif de relever l’âge légal de la retraite à 65 ans, mais a précisé qu’il pourrait finir par atteindre 64 ans si la durée de cotisation est parallèlement allongée. Qu’est-ce que cela signifie ? Jusqu’où allons-nous l’étendre ? GABRIEL A TTAL Cela signifie qu’aujourd’hui vous avez 2 critères pour partir à la retraite : c’est l’âge légal de départ à la retraite pour la liquidation des droits… MARC FAUVELLE 62 ans aujourd’hui. GABRIEL ATTAL Et puis la durée de cotisation pour le montant de votre… MARC FAUVELLE Aujourd’hui 42 ans. 42 ans et quelques mois aujourd’hui. Donc GABRIEL ATTAL. Pendant la campagne présidentielle, le président a déclaré : Je vais déplacer l’âge légal de la retraite à 65 ans pendant 10 ans, c’est-à-dire pendant 3 ans, puisqu’aujourd’hui il est de 62 ans. Hier, il a dit que dans la discussion que nous avons avec les syndicats et les partenaires sociaux, nous sommes prêts à abaisser moins l’âge légal de départ à la retraite, si en retour les syndicats nous disent : allonger un peu la durée de cotisation. MARC FAUVELLE Mais attendez, qu’est-ce que c’est ? C’est 45 ans de cotisations, 44 ans ? GABRIEL ATTAL Les négociations, les concertations avec les organisations syndicales sont en cours. Donc, si je vous disais ici de quoi il s’agit, la consultation ne servirait pas à grand-chose. Le travail a commencé, il y a déjà plusieurs réunions avec mon collègue, le ministre du Travail, qui se poursuivront jusqu’à la fin de l’année afin de définir le cadre. réformes. Il y aura d’autres dimensions dans cette réforme : la prise en compte du travail acharné, des carrières longues, de la pluralité des emplois et de la retraite. Tout est sur la table. MARC FAUVELLE Les carrières longues sont aujourd’hui de 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans. Si on applique le principe de réforme aux carrières longues, on recule de 3 ans comme pour les autres Français, donc 63 ans. Pourriez-vous prendre votre retraite à 63 ans ? GABRIEL ATTAL Il est certain, et c’est ce qu’a dit hier le président de la République, que les carrières longues, c’est-à-dire les Français qui ont commencé à travailler tôt, continueront à partir avant les autres. C’est ce qu’a dit le président de la République. MARC FAUVELLE Donc entre 60 et 63 ans. GABRIEL ATTAL Les paramètres sont en discussion avec les partenaires sociaux. SALHIA BRAKHLIA Gabriel ATTAL, Au Sénat, la droite majoritaire vient de durcir la réforme de l’assurance-chômage. Il propose la suppression des indemnités lorsqu’un salarié en CDD refuse 3 contrats à durée indéterminée en un an. Allez-vous garder cette version sur les paroles? GABRIEL ATTAL Je pense donc que mon collègue ministre du Travail s’est opposé à cette mesure dans le débat. Je vous dirai pourquoi dans un instant, mais d’abord, il est important de s’en tenir à cette réforme de l’assurance-chômage, qui est très importante. Aujourd’hui, nous avons beaucoup d’entreprises qui nous disent : nous ne pouvons pas recruter. Nous avons des postes vacants, de plus, nous avons augmenté les salaires, mais nous ne pouvons pas trouver de candidats pour ces postes. Et d’un autre côté, il y a toujours des Français au chômage, même si nous avons le taux de chômage le plus bas des 15 dernières années. Cette réforme vise donc à favoriser le réemploi. Alors quand l’économie va bien, les conditions d’accès au chômage sont plus difficiles. Et ce qui est surtout important, c’est que désormais nous ne toucherons plus d’allocations de chômage lorsque nous cesserons de travailler. Il y a beaucoup de chefs d’entreprise, de restaurateurs qui vous disent : c’est dur d’embaucher, on arrive enfin à embaucher quelqu’un, mais après quelques semaines ou quelques mois on ne le voit plus. Et il est en réalité au chômage. MARC FAUVELLE On ne sait pas combien de personnes cela touche aujourd’hui. Il n’y a pas de chiffres. GABRIEL ATTAL Nous ne savons pas statistiquement, oui, mais nous savons que lorsque nous discutons avec des restaurateurs, des commerçants, des artisans, des chefs d’entreprise, ils vous disent qu’il y a eu de nombreux cas de ce genre auxquels ils ont été confrontés, alors nous nous concentrons là-dessus. SALHIA BRAKHLIA Alors durcissons-nous sur les licenciements, mais durcissons-nous aussi ceux qui refusent les contrats à durée indéterminée ? GABRIEL ATTAL Puis il y a eu effectivement cette proposition qui dit : quand tu as un CDD et que tu finis par refuser le CDI, tu n’as pas d’allocations chômage. Mon collègue, le ministre du Travail, s’y est opposé en expliquant plusieurs choses. 1/ Aujourd’hui, quand tu avais un CDD, on t’a proposé un CDI et tu l’as décliné, tu n’as plus accès à la prime précaire à la fin de ton CDD. Il y a donc déjà une forme de phrase entre guillemets. Et la deuxième chose, c’est qu’il voyait un risque dans cette disposition : que les gens, parce qu’ils ne veulent pas avoir de contrats à durée indéterminée, mais veulent enchaîner des contrats à durée déterminée, n mais au final ils refusent un CDD et donc ne veulent pas travailler, ce qui n’est toujours pas le but de la réforme, comme je viens de vous l’expliquer. MARC FAUVELLE Gabriel ATTAL, nous avons aujourd’hui une dette de la France qui s’élève à 3000 milliards d’euros. Le remboursement nous coûte un peu plus chaque mois car les prix augmentent. Pouvez-vous assurer à tous les Français qu’ils ne paieront pas un euro d’impôt de plus à la fin du quinquennat qu’aujourd’hui ? GABRIEL ATTAL Oui, il y a un engagement du Président de la République que nous avons donné en 2017, je vous le rappelle. Il ne s’agit pas d’augmenter les impôts et même de les réduire. Ils ont été réduits de 54 milliards d’euros. Alors 54 milliards d’euros, ça paraît tellement abstrait à tout le monde, mais les Français auraient dû toucher 138 euros de redevance audiovisuelle pendant ce temps, que nous avons supprimé, tout comme nous avons supprimé la taxe d’habitation. Et c’est pourquoi nous avons cet engagement, nous continuerons à le faire à l’avenir. Dans le budget dont nous discutons actuellement, il y a une réduction des impôts sur le revenu moyen de 6 milliards 400 millions d’euros. Si cette mesure n’était pas adoptée, l’impôt sur le revenu augmenterait en raison de l’inflation. MARC FAUVELLE Les Français propriétaires perçoivent actuellement leur taxe foncière et ils la voient augmenter, la taxe foncière, et elle augmentera encore de 3 milliards d’euros l’an prochain. C’est vraiment une taxe, une taxe foncière. GABRIEL ATTAL La taxe foncière est donc entre les mains des collectivités locales, qui rappellent régulièrement, à juste titre, qu’il existe une autonomie constitutionnelle des collectivités locales et que donc la taxe foncière s’applique aux impôts qui sont du ressort de la autorités locales – elles déterminent elles-mêmes le taux. SALHIA BRAKHLIA Sauf que le gouvernement a eu la possibilité de limiter cette hausse de taxe foncière, c’était une proposition de l’opposition, vous avez dit non. GABRIEL ATTAL Donc ce n’était pas une proposition très unifiée dans l’opposition, parce que presque toutes les oppositions nous ont dit : il ne faut pas restreindre. En gros, si je dois clarifier les choses, il y a une règle légale qui dit que chaque année l’assiette de cette taxe foncière est réévaluée avec l’inflation. Et nous pourrions limiter les choses, c’est-à-dire si nous voulons bloquer l’augmentation, nous ont dit toutes les associations d’élus et la plupart de l’opposition : il ne faut pas le faire. Et pourquoi ne le serait-il pas ? SALHIA BRAKHLIA Il y avait un amendement qui allait dans ce sens. GABRIEL ATTAL Mais tu n’es pas obligé, pourquoi ? Car les collectivités elles-mêmes, les mairies, ont la capacité de limiter cette augmentation. Vous avez des mairies qui disent : la revalorisation légale avec l’inflation est, disons, de 5 ou 7 %, je vais baisser mon taux pour compenser afin que les gens n’aient pas d’augmentation. Et donc les associations d’élus nous ont dit : ne faites pas passer cette mesure au niveau national, c’est aux mairies de bloquer la hausse. MARC FAUVELLE Donc si ça augmente, ce sera la faute des maires et non du gouvernement. GABRIEL ATTAL C’est bien sûr une décision communautaire. MARC FAUVELLE Il s’agit d’une augmentation prévue de 7 % pour l’année prochaine. GABRIEL ATTAL Oui, c’est la décision des communes. MARC FAUVELLE Il y a une mesure dans le budget de la Sécurité sociale, Gabriel ATTAL, qui a soulevé l’ire des laboratoires d’analyses. Le gouvernement prévoit d’économiser 250 millions d’euros en baissant les prix des tests en laboratoires. Les biologistes ne sont pas satisfaits, ils ont décidé aujourd’hui de ne pas transmettre les résultats des tests Covid. Reviendrez-vous à cette mesure ? GABRIEL ATTAL Certainement pas et je pense que cette décision de ne pas remettre les résultats du test Covid est inacceptable. Donc. Nous avons la chance d’avoir ici des biologistes médicaux très dévoués et nous avons eu la chance de les avoir pendant la crise du Covid. Ils nous ont aidés à résister avec de nombreux tests. Ces tests leur ont permis d’augmenter leur chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros. 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en plus dus aux thèses covid payées par la sécurité sociale pendant la crise covid dans un secteur déjà très rentable et dont les marges sont passées je crois de 18% à 26%. Alors j’imagine que je leur demande un effort dans le budget de la sécurité sociale de 250 millions d’euros en 2023. 250 millions d’euros d’effort après 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en plus grâce à ces tom Covid payé par les Français. Ils sont toujours payés 75% de leurs revenus par la Sécurité Sociale. SALHIA BRAKHLIA Ils disent accepter de ne faire l’effort que l’année prochaine. Il fallait en parler ensemble. Là, ils disent que c’est une décision unilatérale et c’est pour cela qu’ils souffrent. GABRIEL ATTAL Tout d’abord, les échanges avec eux sont nombreux. Mon directeur de cabinet les a de nouveau reçus récemment. Je dis, je suppose que j’exige des efforts de la part de ceux qui peuvent le faire. Tout le monde essaie. Les Français essaient. Vous avez des prix en hausse. L’État essaie, les collectivités locales essaient dans des secteurs qui ont eu une série d’avantages ces dernières années… SALHIA BRAKHLIA C’est un grand profit. GABRIEL ATTAL Je veux dire, à un moment donné, il faut évidemment contribuer. MARC FAUVELLE Superprofit chez les biologistes ? GABRIEL ATTAL Je n’ai pas utilisé le terme, vous avez vu. MARC FAUVELLE C’était une question de Salhia. GABRIEL ATTAL Là encore, il ne s’agit pas de remettre en cause le rôle des biologistes, qui est absolument essentiel et fondamental, voilà, et qui ont été admirables pendant la crise du Covid. Mais à l’heure où tout le monde essaie, un secteur qui a une belle rentabilité, qui a généré 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires grâce aux tests covid payés par la sécurité sociale, oui, on peut leur demander de faire un effort de 250 millions d’euros. (…) SALHIA BRAKHLIA Gabriel ATTAL, RATP va mettre en place une prime d’assiduité pour lutter contre l’absence de ses chauffeurs de bus. Ils pourront recevoir jusqu’à 450 € en 3 mois consécutifs. Pensez-vous que ce soit une bonne idée? GABRIEL ATTAL o oui Vu cela, il faut arriver à partager la valeur, améliorer le pouvoir d’achat de ceux qui travaillent. Et quand des primes sont introduites, je préfère qu’elles aillent à ceux qui travaillent plutôt qu’à ceux qui sont absents. Il y a un gros problème d’absentéisme à la RATP, qui a été très important en septembre. Cela fait partie des éléments qui assurent une plus grande participation, présence, donc je pense que c’est une bonne initiative. Je crois que d’autres ont également été adoptés, principalement pour le contrôle supplémentaire d’un certain nombre d’arrêts de travail, ils ont été adoptés contre certains employés e sanctions. Mais ouais, quand on dit qu’on met en place une prime, ben je préfère aller vers les présents qui permettent aux Français de monter dans les bus ou les métros que vers ceux qui sont absents. SALHIA BRAKHLIA A moins que la raison pour ne pas payer ce bonus soit la maladie, si vous tombez malade, vous ne recevez pas ce bonus. GABRIEL ATTAL Non, mais encore… SALHIA BRAKHLIA Si on frappe, on n’a pas cette prime. GABRIEL ATTAL Je veux dire, il y a d’autres initiatives pour vérifier que les congés maladie sont corrects, etc., mais encore une fois… SALHIA BRAKHLIA N’est-ce pas une mesure anti-grève ? C’est ce que disent les syndicats. GABRIEL ATTAL Ah non, ce n’est pas ce que dit la direction de la RATP. C’est une entreprise, je ne suis pas leur porte-parole, je crois que c’est un dispositif qui existe dans d’autres entreprises, il est en place depuis le 12 octobre, je pense que c’est une bonne initiative. MARC FAUVELLE Touchez-vous moins que votre collègue lorsque vous tombez malade, cela vous semble-t-il normal ? GABRIEL ATTAL Ici, prenons un exemple… MARC FAUVELLE C’est l’un des critères d’attribution de cette prime. GABRIEL ATTAL D’accord, quoi qu’il en coûte… MARC FAUVELLE Congé de maladie. GABRIEL ATTAL En plus, c’est un bonus qui, tiens, il me semble, encore une fois, je ne suis pas représentant RATP, sur une base mensuelle. C’est-à-dire que si vous êtes présent un mois, vous recevez 100 €, le mois suivant 150 €, etc. Je ne pense donc pas qu’il y ait beaucoup d’employés qui prennent des congés de maladie chaque semaine ou chaque mois. MARC FAUVELLE Gabriel ATTAL, ancien ministre de la Santé Agnès BUZYN est le seul membre du gouvernement mis en examen par la Cour de la République pour avoir géré la crise du Covid. Dans les documents qu’elle a remis à la Cour et révélés par le journal Le Monde cette semaine, elle affirme avoir averti à plusieurs reprises Edouard PHILIP et Emmanuel MACRON au tout début de l’année 2020 de l’arrivée du virus et de sa dangerosité. A-t-il raison de dire que personne ne s’en soucie ? GABRIEL ATTAL Premièrement, il est assez compliqué pour moi de commenter une enquête en cours, alors vous me demandez ici de commenter un document publié dans la presse qui serait transmis au tribunal si… SALHIA BRAKHLIA Oui, mais vous étiez au gouvernement. MARC FAUVELLE « Tout le monde autour de moi s’en fichait » GABRIEL ATTAL Moi, par définition, moi, qu’est-ce que je peux te dire, qu’est-ce que c’est ? C’est que j’étais membre du gouvernement pendant la crise du Covid. Je n’étais pas encore sur le budget, je n’étais même pas encore porte-parole… SALHIA BRAKHLIA Tu étais à Mladina. GABRIEL ATTAL J’ai été Secrétaire d’Etat jusqu’à Mladina. Mais j’ai quand même une vision de la façon dont les choses se sont déroulées, et je peux vous dire que nous avions le Président de la République, le Premier Ministre et les Ministres qui étaient là en pleine alerte et mobilisés sur ce sujet. Donc. MARC FAUVELLE Toujours dans Le Monde, elle raconte qu’on lui a tordu le bras pour quitter le gouvernement pour se présenter aux élections municipales de Paris, elle dit n’avoir pas eu le choix. A l’époque vous étiez sur sa liste aux élections municipales à Paris… GABRIEL ATTAL Non ? MARC FAUVELLE Non, vous étiez… GABRIEL ATTAL… de Vanves et d’Issy-les-Moulineaux. MARC FAUVELLE Ah oui, pardon, ce n’était pas loin. A aucun moment, lorsque vous travailliez avec elle au gouvernement, n’avez-vous eu l’impression qu’elle tournait à plein régime ? GABRIEL ATTAL Pas du tout, non, je dis ça aussi… SALHIA BRAKHLIA Tu ne l’as pas vue. GABRIEL ATTAL … très transparent, j’ai pu voir tout à l’heure qu’il avait très envie d’y aller, mais là encore chacun son ressenti. SALHIA BRAKHLIA Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, Agnès BUZYN ne peut plus sortir de chez elle sans agent de sécurité tant elle reçoit de menaces. Avez-vous entendu parler de lui? GABRIEL ATTAL Comment ? SALHIA BRAKHLIA Avez-vous eu des nouvelles de lui ? GABRIEL ATTAL J’ai eu la chance de la rencontrer lors de certains événements, mais la voici. SALHIA BRAKHLIA C’est le pôle tendu par l’ancien Président de la République Nicolas SARKOZY, il a ordonné à Emmanuel Macron de passer un accord politique avec Les Républicains. La réponse du Président hier soir sur France 2 : « Oui, je veux qu’il y ait une alliance ». Alors ça y est, c’est fait, vous avez atteint les Républicains, ils doivent faire partie de la majorité ? GABRIEL ATTAL Non, mais elle s’est posée cette question au début de l’été, Elisab e BORNE a consulté tous les partis politiques pour déterminer s’il y a une raison de participer aux discussions sur une coalition ou ici l’élargissement de la majorité. Ce n’était pas le cas. Que cherchons-nous? Il s’agit d’alliances ou de la plupart des projets basés sur le mérite. On parlait plus tôt de réformer l’assurance-chômage pour inciter les chômeurs à travailler. Cette réforme a été acceptée, le 49.3 n’était pas nécessaire car les LR l’ont votée. Au Sénat, nous avons une loi sur le ministère de l’Intérieur, qui prévoit une augmentation du nombre de policiers et gendarmes de 3 000 l’an prochain, de 8 500 dans un quinquennat, doublant la présence sur la voie publique, il a été voté très largement au Sénat, avec les voix de LR et même avec les voix de la gauche. MARC FAUVELLE Mais ce sera toujours avec la droite. GABRIEL ATTAL Non, je vous disais justement, il y avait des voix de gauche sur le projet de loi Home Office… MARC FAUVELLE Sur la réforme des retraites, force est de constater que les voix à solliciter sont là. GABRIEL ATTAL Bon, c’est certain que la candidate LR a dit dans la campagne présidentielle qu’elle voulait relever l’âge légal. Alors dans un souci de cohérence, si les LR sont cohérents avec leurs engagements qu’ils ont pris envers les Français il y a quelques mois, ils devraient voter pour une telle réforme. On verra les discussions, elles commenceront. Un autre acte législatif sur le développement des énergies renouvelables arrive, le développement des énergies renouvelables dans notre pays est bon pour l’environnement, c’est bon pour la production d’électricité. Si les écologistes ou la gauche sont cohérents avec leurs engagements et ce qu’ils disent aux Français, ils devraient voter oui. Vous voyez, on peut avancer avec des majorités de projets, des alliances de projets… SALHIA BRAKHLIA Selon les textes. GABRIEL ATTAL Sur les textes de l’art. SALHIA BRAKHLIA Selon les textes et sans l’accord global que veut Nicolas SARKOZY avec Les Républicains. GABRIEL ATTAL Non, mais lorsque ce problème s’est posé il y a quelques mois à peine, les parties concernées ne voulaient pas s’engager dans cette voie, alors… MARC FAUVELLE Je voudrais vous poser une question presque technique concernant le vote de défiance que la gauche et l’Assemblée nationale ont voté il y a quelques jours. Dans son allocution d’hier soir, Emmanuel MACRON a laissé entendre que la gauche avait volontairement retiré des points de censure afin d’être compatible avec le RN, ou que les députés de Marine LE PEN voteraient pour elle. En avez-vous la preuve ? GABRIEL ATTAL J’ai vu des déclarations de responsables du Parti socialiste qui disaient cela. Il s’agit de François KALFON, membre du bureau national du Parti socialiste. MARC FAUVELLE Et qui n’est pas député. GABRIEL ATTAL Je pense aussi à Jean-Christophe CAMBADELIS qui est responsable… MARC FAUVELLE Vous ne citez que des opposants socialistes. GABRIEL ATTAL Les membres du Parti socialiste qui ont déclaré que les références à l’immigration avaient été supprimées. J’étais dans le hall et j’ai entendu Marine LE PEN quand elle parlait. Elle a dit : Nous voterons la motion de censure présentée par la France insoumise parce qu’elle est présentée dans des termes acceptables pour nous, avec un sourire à côté de les regarder. Donc, il a quand même laissé entendre qu’il avait probablement eu des discussions sur le texte pour que le texte puisse être voté à l’Assemblée nationale. Donc. Et donc nous avons réellement vu la forme de la balançoire. Quand vous avez des partis de gauche qui prétendent combattre l’extrême droite, qui modifient leur texte en retirant un certain nombre de sujets pour qu’ils puissent avoir des votes d’extrême droite, demande-t-il, voilà. Et je me mets à la place des électeurs de gauche qui ont voté pour le député socialiste, le député écologiste, je pense qu’ils n’ont pas voté pour eux parce qu’ils pensaient que ça se passerait au parlement. MARC FAUVELLE Merci Gabriel ATTAL et bonne journée. GABRIEL ATTAL merci Source : Service d’information du gouvernement, 28 octobre 2022
MARC FAUVELLE
Bonjour Gabriel ATTAL.
MARC FAUVELLE
On reviendra bien sûr sur l’intervention d’Emmanuel MACRON d’hier sur France 2, mais d’abord sur les derniers résultats du groupe TotalEnergies, en baisse il y a quelques minutes. En neuf mois, l’entreprise vient de réaliser 17 milliards d’euros de bénéfice. C’est plus que le bénéfice total de l’an dernier. Est-ce une bonne nouvelle ?
GABRIEL ATTAL
Il s’agit d’abord de profits, qui sont pour la plupart générés à l’étranger. C’est la première chose. C’est alors une bonne nouvelle s’ils partagent la valeur de l’entreprise.
MARC FAUVELLE
Je ne suis pas sûr?
GABRIEL ATTAL
Ces dernières semaines, des décisions quelque peu douloureuses ont été prises sur les augmentations de salaire à la suite d’une grève qui a eu un impact majeur sur les Français. Donc s’ils partagent la valeur dans l’entreprise, s’ils baissent l’addition aux Français. Permettez-moi de vous rappeler que ces derniers mois, il y a eu une remise qui a coûté 500 millions d’euros. Et s’ils investissent en France, notamment dans le secteur des énergies renouvelables. C’est ce qu’on leur demande.
MARC FAUVELLE
Cela signifie-t-il que vous contrôlerez la dépense de cet argent ?
GABRIEL ATTAL
bien sûr. Vous savez ce que nous faisons depuis quelques mois maintenant. Quand il y a eu une remise qui a été établie pour un TOTAL de 500 millions d’euros, c’est parce qu’on leur mettait beaucoup de pression en leur disant : tu fais du profit, tu le fais pour l’essentiel à l’étranger et donc ils ne sont pas taxés en France parce que c’est le grand principe de la fiscalité internationale, alors s’il vous plait investissez pour faire baisser la facture pétrolière des français en période d’inflation et investissez dans les énergies renouvelables.
MARC FAUVELLE
Et si TOTAL ne fait pas tout ce que vous demandez, que se passera-t-il ?
GABRIEL ATTAL
Premièrement, nous leur demandons de le faire.
GABRIEL ATTAL
Ensuite, vous savez, nous avons pris une décision importante, c’était le quatrième point que je voulais mentionner. C’est qu’on va les taxer parce qu’il y a un mécanisme européen auquel on a contribué, qui est consigné. Le projet de loi de finances, actuellement à l’examen au Parlement, instaure un mécanisme qui permettra de taxer les activités, notamment le raffinage. C’est ce qui préoccupe TOTAL en France, du moins pour les énergies fossiles, et donc contribue aux finances publiques.
SALHIA BRACHHLIA
Vous disiez tout à l’heure que le gouvernement faisait pression sur TOTAL pour cette fameuse ristourne à la pompe, pour le carburant. Maintenant que vous savez que le bénéfice en neuf mois est de plus de 17 milliards, allez-vous demander à TOTAL de prolonger, de prolonger ce rabais à la pompe ?
GABRIEL ATTAL
Tout d’abord, il a déjà été prolongé.
SALHIA BRACHHLIA
Jusqu’au 15 novembre.
GABRIEL ATTAL
Oui, car nous-mêmes, le gouvernement, avons annoncé que la ristourne de l’État serait prolongée de quelques semaines et TOTAL s’y est conformé. On va leur redemander, c’est toujours les trois éléments que je viens d’évoquer. C’est 1/ partager la valeur de l’entreprise avec les salariés ; 2/ baisser la facture française quand on le peut ; et 3/ investir…
SALHIA BRACHHLIA
Concernant les remises, allez-vous leur demander de les prolonger ?
GABRIEL ATTAL
Je vous le dis, il y a une exigence générale d’être inclus. Ensuite, nous verrons comment il se répartit.
MARC FAUVELLE
Parce que vous dites que les Français profitent de l’énergie, c’est-à-dire du gaz, de l’électricité, mais pas des carburants ?
GABRIEL ATTAL
Mais ils ont introduit une remise sur le carburant, je vous le rappelle.
MARC FAUVELLE
Mais ira-t-il au-delà ?
GABRIEL ATTAL
Ils ont annoncé 15 jours supplémentaires. Je ne poste pas à la place de TOTAL.
MARC FAUVELLE
BIEN. Patrick POUYANNE, patron de TOTAL, explique dans Le Monde d’aujourd’hui qu’il envisageait de verser le salaire mensuel à tous les salariés à partir de juillet, mais n’a pas voulu le rendre public dans l’immédiat. Quand vous voyez les blocages provoqués par la grève, comprenez-vous son modus operandi ?
GABRIEL ATTAL
Je ne suis pas ici pour m’encombrer ou donner des leçons. Il est certain que, bien sûr, nous aimerions tous que ce dialogue social se déroule autrement, pour éviter ce que certains Français ont vécu et vivent encore, à savoir les files d’attente interminables aux stations-service.
MARC FAUVELLE
Et qui dans certains départements perdurent encore aujourd’hui.
GABRIEL ATTAL
Bien sûr. Alors je dis : tant qu’ils vivent.
MARC FAUVELLE
Nous avons une station sur 10 à travers la France, une station sur 10 qui est en panne de carburant. Dans un quart du pays, nous avons une station sur 5 qui n’a pas de carburant. Combien de temps cela prendra-t-il ?
GABRIEL ATTAL
Vous savez nous avons une mobilisation absolue justement pour faciliter les choses et les débloquer. De plus, ces derniers jours, il y a quand même une amélioration et nous continuons à nous mobiliser, c’est-à-dire à faire en sorte que les gisements libèrent du carburant, que les raffineries fonctionnent. Cela prend du temps. Je vois qu’il y a eu cette amélioration au niveau national, mais on peut vraiment parler d’amélioration et de solution quand il n’y a plus de Français qui doivent se lever deux heures plus tôt le matin pour aller faire le plein de leur voiture.
MARC FAUVELLE
Cette fois il n’y a plus de calendrier fixé dessus ? Il n’y a aucune promesse du gouvernement de dire : c’est fini dans une semaine, par exemple ?
GABRIEL ATTAL
Nous continuerons d’avancer et nous continuerons à faire pression et à nous mobiliser.
SALHIA BRACHHLIA
Gabriel ATTAL, hier sur France 2, Emmanuel MACRON a évoqué un mécanisme sur les grosses bouteilles qui remplacerait l’actuelle ristourne carburant à la pompe. De quoi parle-t-il? Verra-t-il le jour en janvier et de quoi s’agit-il exactement ?
GABRIEL ATTAL
Vous savez que nous voulons continuer à soutenir les Français face à la hausse des prix. Nous devons le faire de manière plus ciblée. Je suis le ministre du budget, je suis ici pour dire la vérité. Les payes de vacances coûtent très cher, on ne peut pas se permettre des payes de vacances toute sa vie, parce qu’à la fin ça voudrait dire qu’on dépense beaucoup d’argent en paye de vacances, mais cet argent devra être trouvé quelque part. Et je ne veux pas augmenter les impôts ou les taxes sur les Français, donc il faut passer à des mécanismes plus ciblés. Cet été on a travaillé, on ne l’a pas encore monté, mais sur un mécanisme que certains appelaient les gros rouleurs – c’est le terme que le président de la république utilisait hier. Je parle aussi des travailleurs acharnés, car il s’agit de soutenir ceux qui travaillent. Ceux qui nous écoutent là-bas, par exemple, qui se lèvent, se rendent au travail en voiture et qui n’ont d’autre choix que d’aller au travail en voiture. Et c’est pourquoi nous travaillons sur un mécanisme ciblé pour les soutenir. Cela signifie que l’aide doit être dirigée vers les Français qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler, qui sont de la classe moyenne, qui souffrent des hausses de prix. Ceci est fourni par ce mécanisme.
MARC FAUVELLE
Combien ça coûtera?
GABRIEL ATTAL
Vous devez spécifier les paramètres.
MARC FAUVELLE
Nous sommes actuellement en train de voter sur le budget. N’y a-t-il pas déjà une enveloppe prévue ?
GABRIEL ATTAL
Ce que j’ai prévu dans le budget, j’ai prévu l’enveloppe si on devait mobiliser ce dispositif – on avait raison, car le président l’a annoncé – environ un milliard 500 millions d’euros. Je ne vous dis pas combien va coûter l’appareil, c’est peut-être un peu moins, c’est peut-être un peu plus, mais en tout cas, on a une enveloppe budgétée pour ça.
SALHIA BRACHHLIA
Donc le critère qui sera pris en compte sera forcément l’utilisation de la voiture pour se rendre au travail, sera-t-il aussi basé sur le salaire du salarié ?
GABRIEL ATTAL
Ce que nous avions prévu cet été en pensant à cet appareil, ce sont 3 critères. Il s’agit d’un 1/ emploi, vous devez donc déclarer le revenu gagné à l’administration fiscale. C’est 2/ avoir une voiture, donc un permis de conduire et une carte grise. Et 3/ avoir effectivement un certain niveau de revenus ; pour cet été, il était prévu que la moitié de ceux qui travaillent puissent en bénéficier. Je pense que c’est 11 millions de foyers. Je ne vous dis pas que ce seront les paramètres qui seront dans l’aide annoncée par le président de la République.
MARC FAUVELLE
Dois-je le demander ou non ? Ou le paiement sera-t-il automatique ?
GABRIEL ATTAL
Alors non, il y aura un compteur qui sera un site très simple. Cet été, on l’a encore préparé au cas où on mettrait en place ce système. Nous avons finalement prolongé la réduction, mais un site Web très basique a été mis en place. Vous entrez votre numéro de télédéclarant fiscal, votre numéro de carte grise, le dossier croise tout cela, et vous pouvez obtenir de l’aide en quelques jours.
SALHIA BRACHHLIA
Nous ne sommes donc pas sur une centrale à gaz comme l’inspection des aliments.
SALHIA BRACHHLIA
Il y verra vraiment le jour à partir du mois de janvier.
GABRIEL ATTAL
Le Président de la République a annoncé la mise en place de ce système, et donc nous allons évidemment y travailler.
MARC FAUVELLE
Nous parlerons des entreprises dans un instant. Beaucoup d’entre eux sont actuellement confrontés à la hausse des prix de l’énergie. On a beaucoup parlé des boulangers ces derniers temps, mais d’autres professions sont très concernées. Emmanuel MACRON a téléphoné hier, on n’a pas bien compris les détails. On essaiera d’y voir un peu plus clair avec vous, si vous le permettez à Gabriel ATTAL, dans un instant.
SALHIA BRACHHLIA
Toujours avec Gabriel ATTAL, Ministre, Chargé des Comptes Publics des PME, TOUS et Collectivités Territoriales. Emmanuel MACRON a déclaré hier qu’il souhaitait mettre en place un mécanisme de modération des prix de l’électricité. De quoi s’agit-il ? Sera-t-il différent du bouclier des prix qui existe déjà ?
GABRIEL ATTAL
oui Vous avez aujourd’hui un bouclier tarifaire qui profite aux très petites entreprises. Si vous avez moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, moins de 10 salariés, comme tous les particuliers français, vous avez droit à un bouclier tarifaire. Cela signifie qu’au lieu d’une augmentation de 120 %, comme ce serait le cas si vous ne faisiez rien l’année prochaine, votre facture d’électricité et de gaz restera à 15 %. C’est un bouclier tarifaire, tout Français qui nous écoutera verra la hausse limitée à 15% au lieu de 120%, la différence entre 15 et 120% étant amortie dans les finances publiques.
MARC FAUVELLE
120% serait l’augmentation pour le gaz, pour l’électricité elle serait d’environ 40%.
GABRIEL ATTAL
Non, 40% c’est cette année. L’an prochain, le prix de l’électricité devrait augmenter de 100 %, si on ne faisait pas un bouclier tarifaire. 40% c’est ce qui devrait augmenter en 2022, c’était 4%.
MARC FAUVELLE
L’ensemble de l’entreprise sera-t-il désormais protégé ?
GABRIEL ATTAL
À venir. Donc jusqu’à 2 millions de trafic, 10 employés, vous avez ce prix bouclier. Ensuite, il y a les petites et moyennes entreprises qui sont au-dessus de ces seuils ou qui consomment beaucoup d’énergie. Je veux dire, par exemple, nos boulangers. Ils n’ont pas accès à ce bouclier.
SALHIA BRACHHLIA
Mais Bruno LE MAIRE, qui était à votre place il y a deux semaines, nous a dit qu’il allait changer les critères du bouclier tarifaire pour que ces entreprises entrent dans le bouclier.
GABRIEL ATTAL
Et donc on met en place un nouveau système, le président de la République l’a annoncé, les détails seront annoncés par le Premier ministre demain, pour que même ces petites et moyennes entreprises qui sont au-dessus des seuils puissent avoir des amortissements . facture d’électricité pour leur dire qu’elle n’augmentera pas plus que cela. Il est important qu’ils préparent le budget pour l’année suivante. Et puis vous avez de plus grandes entreprises, des entreprises de taille moyenne. Je pense que c’est plus de 250 salariés, pour les grandes entreprises, où ils vont mettre en place un compteur avec une aide pour les aider à amortir le choc. Des aides qui seront versées par tranches à partir de la fin de cette année et pourront s’élever à plusieurs millions voire dizaines de millions d’euros. Quel est le but de cela ? Pour permettre à 1/ nos entreprises de survivre, de résister au choc et ainsi à tous les Français qui travaillent dans ces entreprises de continuer à conserver leur emploi. Et 2/ limiter également l’inflation, car plus on accompagne les entreprises dans la réduction des coûts, moins elles répercutent sur les consommateurs dans leurs prix.
SALHIA BRACHHLIA
Mais à quel niveau limite-t-on ? Le président de la République a parlé hier d’un prix raisonnable. Obtiendrons-nous une augmentation maximale de 15 % sur le bouclier tarifaire ou serait-ce beaucoup plus ?
GABRIEL ATTAL
Il sera annoncé par le Premier ministre demain, je ne peux donc pas donner plus de détails aujourd’hui. Il est certain qu’il sera bien en deçà de l’augmentation que ces entreprises recevraient si elles ne faisaient rien.
MARC FAUVELLE
Sur la réforme des retraites, Emmanuel MACRON a rappelé son objectif de relever l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans, mais a indiqué qu’il pourrait éventuellement être de 64 ans si la durée de cotisation est parallèlement allongée. Qu’est-ce que cela signifie ? Jusqu’où allons-nous l’étendre ?
GABRIEL ATTAL
Cela signifie qu’aujourd’hui vous avez 2 critères pour partir à la retraite : c’est l’âge légal de la retraite pour la liquidation des droits…
MARC FAUVELLE
62 ans aujourd’hui.
GABRIEL ATTAL
Et puis la période de cotisation pour le montant de votre…
MARC FAUVELLE
42 ans aujourd’hui. 42 ans et quelques mois aujourd’hui.
GABRIEL ATTAL
Donc. Pendant la campagne présidentielle, le président a déclaré : Je vais déplacer l’âge légal de la retraite à 65 ans pendant 10 ans, c’est-à-dire pendant 3 ans, puisqu’aujourd’hui il est de 62 ans. Hier, il a dit que dans la discussion que nous avons avec les syndicats et les partenaires sociaux, nous sommes prêts à abaisser moins l’âge légal de départ à la retraite, si en retour les syndicats nous disent : allonger un peu la durée de cotisation.
MARC FAUVELLE
Mais attendez, qu’est-ce que c’est ? C’est 45 ans de cotisations, 44 ans ?
GABRIEL ATTAL
Les négociations et les consultations avec les syndicats sont en cours. Donc, si je vous disais ici de quoi il s’agit, la consultation ne servirait pas à grand-chose. Le travail a commencé, il y a déjà eu plusieurs réunions avec mon collègue, le ministre du Travail, qui se poursuivront jusqu’à la fin de l’année, afin de définir les contours de la réforme. Il y aura d’autres dimensions dans cette réforme : la prise en compte du travail acharné, des carrières longues, de la pluralité des emplois et de la retraite. Tout est sur la table.
MARC FAUVELLE
Les carrières longues sont aujourd’hui de 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler avant l’âge de 20 ans. Si on applique le principe de réforme aux carrières longues, on recule de 3 ans comme pour les autres Français, donc 63 ans. Pourriez-vous prendre votre retraite à 63 ans ?
GABRIEL ATTAL
Il est certain, et c’est ce qu’a dit hier le président de la République, que les carrières longues, c’est-à-dire les Français qui ont commencé à travailler tôt, continueront à partir avant les autres. C’est ce qu’a dit le président de la République.
MARC FAUVELLE
Donc quelque part entre 60 et 63.
GABRIEL ATTAL
Les paramètres sont en cours de discussion avec les partenaires sociaux.
SALHIA BRACHHLIA
Gabriel ATTAL, au Sénat, la droite majoritaire vient de durcir la réforme de l’assurance-chômage. Il propose la suppression des indemnités lorsqu’un salarié en CDD refuse 3 contrats à durée indéterminée en un an. Conserverez-vous cette version du texte ?
GABRIEL ATTAL
Je pense donc que mon collègue ministre du Travail s’est opposé à cette mesure dans le débat. Je vous dirai pourquoi dans un instant, mais d’abord, il est important de s’en tenir à cette réforme de l’assurance-chômage, qui est très importante. Aujourd’hui, nous avons beaucoup d’entreprises qui nous disent : nous ne pouvons pas recruter. Nous avons des postes vacants, de plus, nous avons augmenté les salaires, mais nous ne pouvons pas trouver de candidats pour ces postes. Et d’un autre côté, il y a toujours des Français au chômage, même si nous avons le taux de chômage le plus bas des 15 dernières années. Cette réforme vise donc à favoriser le réemploi. Alors quand l’économie va bien, les conditions d’accès au chômage sont plus difficiles. Et une mesure particulièrement importante est que désormais nous n’aurons plus d’allocations de chômage lorsqu’un emploi est abandonné. Il y a beaucoup de chefs d’entreprise, de restaurateurs qui vous disent : c’est dur d’embaucher, on arrive enfin à embaucher quelqu’un, mais après quelques semaines ou quelques mois on ne le voit plus. Et il est en réalité au chômage.
MARC FAUVELLE
Nous ne savons pas combien de personnes cela affecte aujourd’hui. Il n’y a pas de chiffres.
GABRIEL ATTAL
Nous ne le savons pas statistiquement, mais nous savons que lorsque nous discutons avec des restaurateurs, des commerçants, des artisans, des chefs d’entreprise, ils vous disent qu’il y a eu de nombreux cas de ce genre auxquels ils ont été confrontés, c’est donc sur cela que nous nous concentrons.
SALHIA BRACHHLIA
Alors durcissons-nous sur les licenciements, mais durcissons-nous aussi ceux qui refusent les contrats à durée indéterminée ?
GABRIEL ATTAL
Et puis il y a eu en fait cette proposition qui dit : quand tu as un CDD et que tu finis par refuser un CDI, tu n’as pas d’allocations chômage. Mon collègue, le ministre du Travail, s’y est opposé en expliquant plusieurs choses. 1/ Aujourd’hui, alors que tu avais un CDD, qu’on t’a proposé un CDI et que tu l’as décliné, tu n’as plus accès à la prime précaire à la fin de ton CDD. Il y a donc déjà une forme de phrase entre guillemets. Et la deuxième chose, c’est qu’il voyait un risque dans cette disposition : que les gens, parce qu’ils ne veulent pas avoir de CDI, mais veulent enchaîner les CDD, finissent par refuser un CDD et donc ne Je n’ai pas envie de travailler, ce qui n’est quand même pas le but de la réforme, car je viens de vous l’expliquer.