DUBAÏ : Au 21e siècle, l’anglais s’est imposé comme la lingua franca pour presque le monde entier. Dans le Golfe, les enfants sont souvent poussés à apprendre l’anglais dès leur plus jeune âge, et beaucoup parlent un anglais presque parfait et sans accent. Effectuez simplement une recherche Google pour « écoles d’anglais en Arabie saoudite » pour être inondé de résultats.

Cependant, dans cette course pour produire des anglophones dans le monde arabe, certains éducateurs craignent que l’importance de la maîtrise de l’arabe standard diminue. Bien que la plupart des pays du Golfe puissent se targuer d’avoir des taux d’alphabétisation des adultes supérieurs à 94 %, seuls 73 % environ des Égyptiens et 68 % des Marocains savent lire et écrire, selon le World Factbook de la CIA.

Alors que certains pensent que l’arabe n’est plus un pré-requis pour trouver un emploi, pour le Dr Hanada Taha Thomure cette affirmation est illusoire. « Vous aurez besoin de l’arabe. Une situation se présentera à un moment donné et vous devrez être capable d’utiliser la langue au travail », a-t-elle déclaré à Arab News.

Mme Thomure, avec de nombreuses années d’expérience dans l’enseignement de la langue arabe, est convaincue qu’elle est loin d’être obsolète. « Promenez-vous dans les rues du Caire ou de Beyrouth, ou de n’importe quel pays arabe, et vous entendrez cette langue. Nos problèmes, j’en suis sûr, sont liés à la politique. »

En plus d’être professeur et membre du conseil d’administration de l’Université Zayed d’Abu Dhabi, Mme Thomure est également directrice d’un nouveau centre de recherche innovant au sein de l’université : le Zai Centre.

Le centre Zaï a été inauguré le 18 décembre à l’occasion de la journée mondiale de la langue arabe célébrée par les Nations Unies. Le centre vise à analyser la façon dont la langue est enseignée dans le monde, à identifier les meilleures pratiques d’enseignement et à fournir des outils pour renforcer les capacités des enseignants. Première institution à étudier comment l’arabe est enseigné dans le monde, le centre vise à devenir le premier organisme d’accréditation pour l’enseignement de l’arabe d’ici 2026.

L’institut a plusieurs objectifs : il supervisera la création de nouveaux programmes de langue arabe pour les enfants et assurera la traduction des ressources académiques et des revues disponibles uniquement en anglais. Le bureau des médias d’Abu Dhabi a publié une déclaration qualifiant le Zai Center de « vision d’Abu Dhabi pour préserver et développer la langue arabe ».

Selon Mme Thomure, le centre est un mouvement communautaire dont les méthodes d’enseignement modernes sont uniques. Son programme vise à stimuler les élèves par des méthodes ludiques et à proposer des conseils aux parents pour aider leurs enfants à pratiquer l’arabe à la maison dès leur plus jeune âge. Sa plateforme numérique qui sera bientôt lancée sera une ressource importante pour les enseignants.

Le Centre Zai est le premier changement stratégique manifeste pour l’Université Zayed, qui se concentre désormais sur la recherche appliquée.

« Notre objectif est de donner des conseils sur la meilleure façon d’enseigner la langue arabe. Le programme vise également à aider les décideurs à élaborer les bonnes politiques et lois qui affectent la perception de la langue arabe », a expliqué Mme Thomure. « Nous collaborerons avec d’autres chercheurs dans divers domaines pour comprendre comment soutenir l’enseignement et l’apprentissage de la langue arabe et faire en sorte que les parents, les enseignants et les décideurs politiques disposent des outils nécessaires et appropriés pour bien aborder la langue. . .

« Nous avons découvert que dans certains endroits, l’arabe n’est pas enseigné de manière optimale. La détection précoce des difficultés scolaires chez les enfants est importante. L’intervention est tout aussi importante. Nous pourrons détecter, corriger et tester les compétences cognitives et mémorielles pour aider les élèves à exceller dès leur plus jeune âge. C’est une approche très avant-gardiste; rien de tel n’avait été fait auparavant.

« Vous voulez que les gens réalisent l’importance de la langue, sa beauté et même sa valeur économique en termes d’opportunités d’emploi et d’opportunités. Même si vous êtes bilingue, votre langue maternelle est celle que vous parlez à la maison. Les nuances des langues maternelles des autres vous manquent », dit-elle. « Vous ne pouvez pas saisir certaines phrases de chansons ou de dialectes. Chaque langue est différente. Nous incorporons des versets coraniques, des expressions et des accents; nous nous faufilons entre les deux, et vous manquez de tout si vous n’apprenez pas votre langue maternelle. »

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Le Centre Zaï collaborera avec des chercheurs de différents domaines pour créer des outils pour soutenir et inspirer les nouvelles générations d’arabophones. Le centre prévoit également de créer le premier corpus arabe pour les enfants en partenariat avec le Abu Dhabi Arabic Language Center, qui identifiera les mots arabes les plus fréquemment utilisés et normalisera le vocabulaire.

Le centre a déjà signé des partenariats avec plusieurs organisations et institutions, dont le Centre de langue arabe d’Abou Dhabi, la Fondation Reine Rania, Sheikh Mohammad Bin Rashed Global Initiatives et la Fondation de la pensée arabe.

Promouvoir et soutenir la langue arabe est une priorité pour de nombreux gouvernements. En 2020, le ministère saoudien de la Culture a créé l’Académie mondiale de la langue arabe du roi Salmane pour promouvoir la langue arabe, renforcer son rôle au niveau régional et mondial et renforcer son rôle dans l’expression de la profondeur linguistique de la culture arabe et islamique.

L’académie travaillera au renforcement de l’identité culturelle arabe. En particulier, il travaillera à soutenir les applications, les produits et la recherche en langue arabe dans le Royaume et dans le monde arabe et islamique.

« L’Académie Mondiale Roi Salmane pour la Langue Arabe porte un nom qui nous est cher à tous, en reconnaissance du Serviteur des Deux Saintes Mosquées – que Dieu le protège – et pour ses efforts sincères au service de la culture arabe, son enthousiasme pour la langue arabe et son soutien à tous les efforts pour la préserver. Le prince Badr bin Abdullah bin Farhane, ministre saoudien de la Culture, a expliqué qu’il s’agirait d’une académie mondiale au service de la langue arabe et soutenant ses applications modernes, confirmant le leadership saoudien de l’Arabie saoudite au service de la langue du Coran.

Noura al-Kaabi, ministre de la Culture et de la Jeunesse des Émirats arabes unis et présidente du conseil d’administration de l’Université Zayed, a déclaré en décembre que la langue arabe est liée à « notre patrimoine, notre culture et notre patrie ». Ajoutant que la création de programmes, l’amélioration et le maintenir est un devoir national.

Le rapport sur le statut et l’avenir de la langue arabe du ministère de la Culture et de la Jeunesse des Émirats arabes unis, publié en septembre de cette année, a noté un manque évident de vision pour l’enseignement de l’arabe. « Notre ambition est de faire du Centre Zaï un leader dans ce domaine et de devenir le premier organisme d’accréditation pour l’enseignement de la langue arabe dans le monde d’ici 2026 », a déclaré Mme Al-Kaabi.

La volonté de répandre le goût d’apprendre l’arabe va bien au-delà de la création du centre Zaï. En septembre dernier, Madras Arabic Lessons, une plateforme d’apprentissage en ligne lancée dans le cadre des Initiatives mondiales Mohammed Bin Rashid en 2018, a reçu le prix de lecture UNESCO King Sejong. Le programme compte plus de trois millions d’utilisateurs dans 50 pays. Ses dizaines de millions de leçons et ses centaines de vidéos ont fourni un enseignement essentiel pendant la pandémie de Covid-19, qui a fermé les écoles pendant des années.

En juin, le souverain de Sharjah, Sheikh Dr Sultan bin Mohammed al-Qasimi, s’est adressé aux institutions universitaires, soulignant l’importance de développer de nouvelles méthodes d’enseignement pour encourager les jeunes hommes et femmes à apprendre l’arabe.

« La langue arabe est notre appartenance au Coran. C’est la réserve de notre histoire, de notre savoir et de notre culture. La langue arabe est ce qui maintient fermement notre foi en notre religion. La langue arabe est ce qui nous unit depuis les coins les plus reculés de la Terre, de l’extrême Orient à l’extrême Occident, nous sommes unis sous la même langue », a affirmé M. Al-Qasimi.

Ce texte est la traduction d’un article publié sur Arabnews.com