tribune Une grande majorité de Français a depuis longtemps perdu tout intérêt pour les affaires, l’entrepreneuriat et les finances personnelles. Mais ces questions intéressaient-elles vraiment de larges pans de la population ?
Il est vrai que pendant la révolution industrielle il fallait déjà « posséder » des usines, avoir des salariés et commercialiser des produits. La barrière à l’entrée était presque insurmontable à l’époque. Être entrepreneur à cette époque, c’était faire partie d’un club très privé et très fermé. Mais depuis, le contexte a changé avec l’avènement du numérique et de l’économie qu’il supporte. Les nouvelles technologies permettent donc de diffuser de nouvelles cartes à l’échelle planétaire. Ce nouveau contexte nécessite donc de revoir l’ensemble de nos approches et paradigmes.
L’argent en France, c’est comme le sexe aux États-Unis. Le puritanisme règne. C’est un sujet tabou. Outre-Atlantique, leur salaire est annoncé dans le cadre de leur poste de la manière la plus naturelle et la plus décontractée qui soit.
L’élite française issue des grandes écoles se partage la gestion des grands groupes privés et publics dans un jeu de chaises musicales, avec pour corollaire salaires, avantages sociaux, primes, retraites, parachutes dorés et stock-options…
Avant l’an 2000, un entrepreneur raté est devenu fou et a marqué l’arrêt de mort de l’inconscient (ou inconscient) pour commencer. Les malheureux ont alors tenté de passer par la case liquidation judiciaire le plus discrètement possible, oubliant à jamais leurs rêves de création d’entreprise.
Or, paradoxalement, les investisseurs, business angles, fonds d’investissement et VC (Ventures Capital) préfèrent miser sur des entrepreneurs qui ont prouvé qu’ils avaient déjà « planté » leurs précédents « projets ». L’expérience peut donc être utilisée pour parvenir à une meilleure exécution opérationnelle et éviter (dans la mesure du possible) les erreurs précédentes.
Mais que de chemin parcouru en quelques décennies !
C’est l’un des signes de progrès les plus encourageants en France. Alors, bien sûr, nous ne sommes pas encore dans « l’Ibarra », mais l’écosystème français a renforcé son jeu avec la multiplication des fonds d’investissement (spécialisés ou non), avec des écoles supérieures formant des ingénieurs, des informaticiens et des responsables qualité. (reconnue d’un point de vue international) La France passe progressivement des entreprises familiales à la FrenchTech, puis de la FrenchTech à la StartUp Nation.
Rappelons qu’elle reste la 1ère destination européenne en termes d’investissement étranger. Grâce à une politique gouvernementale volontariste et libérale. Après tout, c’est l’une des raisons d’élire le président actuel. Que la France soit le bastion de l’économie européenne, en profitant de toutes les opportunités que le Brexit a ouvertes et des difficultés économiques que connaissent actuellement les Britanniques.
Grâce à Internet et aux réseaux sociaux, le domaine et le sujet des finances personnelles se sont -partiellement- démocratisés en France, mais le retard accumulé depuis plusieurs décennies est plus que présent et les conséquences sont bien plus sinistres que prévu. .
Mais avant de nous pencher sur les implications, revenons sur les causes et les raisons de ce retard alarmant. Car une nation qui n’apprend plus et n’est plus mise à jour avec certaines connaissances essentielles (économie, militaire, alimentation, commerce, politique, géopolitique, renseignement et diplomatie, pour ne citer que quelques exemples) est une nation en déclin. Avec l’apparition de nouvelles puissances alternatives (Inde, Brésil, Afrique du Sud, Turquie, etc.), qui veulent entendre leur voix.
Examinons donc les quatre principales raisons derrière le retard de 30 ans de la France – au moins – dans les finances personnelles, la création d’entreprise et l’argent.
I. La cause religieuse : la chrétienté
La France est une République laïque et Démocratique (c’est-à-dire où l’Etat garantit la liberté des cultes, tant que cette pratique se crée et s’exprime dans un cadre privé. L’Etat n’y participe pas) mais aussi et surtout un pays ancien (il n’a rien de péjoratif, inversement). Ancienne et donc riche d’un millénaire d’histoire entre les Mérovingiens, passant de Charlemagne à François Ier, d’Henri IV à Louis XIV. De l’Empire à De Gaulle à la Ve République.
La France est considérée comme la Grande Fille de l’Église, ce qui révèle son lien avec le christianisme.
Jésus-Christ (Jésus de Nazareth, fils de Marie), Prophète et Messie a toujours puni le matériel et l’argent. Il critiquait et attaqua sévèrement les marchands du temple. Et l’action à la hauteur de la parole qu’il a vécue parmi les pauvres, les nécessiteux et les nécessiteux, rappelant dans son sermon : « Mon Royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18, 36).
Aussi, très symboliquement, Judas Iscariot le trahira pour quelques sous. Ainsi, grâce à ces signes, les Romains retrouveront Jésus très facilement et le mettront sur la croix après l’avoir sévèrement puni. Cela propagera une puissante association inconsciente dans l’esprit des croyants selon laquelle l’argent est un outil de trahison et de corruption.
Gagner de l’argent, c’est mal. C’est sale. Il trahit son époque, sa santé, sa famille, ses valeurs, son histoire et ses principes. Alors à quoi bon gâcher sa vie pour la gagner ?
Au cœur de cette trahison se trouve l’idée que l’argent corrompt, ce qui suscite une immense méfiance.
(Cela ne l’empêchera pas de montrer au Pape son or et les Borgia d’être incroyablement riches…)
Le christianisme encourage le vœu de pauvreté, c’est-à-dire le renoncement à la possession des biens matériels, dans le but de trouver Dieu et de partager ce que l’on a avec les faibles et les nécessiteux. Ce vœu de pauvreté est, bien entendu, étendu à toutes les personnes admises dans l’Ordre ou la Congrégation religieuse, car les fidèles et les fidèles doivent s’en libérer et lutter contre le matérialisme et l’individualisme, et leur émancipation dans le spirituel, infini et « intemporel ».
Jésus invite un jeune homme riche à laisser ses biens et lui dit : « Viens, suis-moi ». (Matthieu 19, 17-21).
Elle sera encore plus explicite dans l’évangile de Matthieu : « Je vous le répète : il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. (19, 23-25).
Chaque religion rejette le matérialisme et le matérialisme, qui sont vus comme un processus d’accumulation qui annonce l’arrivée du règne de la quantité. Le christianisme invite ses croyants à mettre cela de côté afin de vivre une vie spirituelle pleine et épanouie, en recherchant la connexion avec Dieu par la prière, l’aumône, le jeûne et la lecture des Écritures.
Certes, 100% des Français ne sont pas pratiquants, mais cette histoire plus que récente entre la France et le christianisme a laissé des traces indélébiles dans les coutumes, croyances et traditions qui se transmettent de génération en génération et se propagent inconsciemment.
II. la cause historique : la révolution française (1789)
La Révolution française est un événement historique dont nous n’avons pas encore fini d’analyser l’onde de choc.
En effet, il représente un clivage sans précédent entre l’ancien régime et l’épopée napoléonienne, la révolution de 1848 et l’émergence de la république et de la démocratie après la défaite de Sedan.
C’est la fin de l’Ancien Régime lorsque Louis XVI et Marie-Antoinette sont guillotinés, et la déclaration de la Première République à la place de la Monarchie Absolue. La Révolution française créera la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. L’égalité des citoyens devant la loi, qui affirmera les libertés fondamentales et la souveraineté des nations. La féodalité et l’abolition des privilèges de la noblesse et du clergé, avec un équilibre entre l’Église et l’État.
Nous conserverons deux éléments centraux et principaux :
– Instaurer l’égalité (entre les citoyens) comme valeur cardinale.
-La chute de la monarchie, donc, l’établissement progressif d’un Etat et la fin des privilèges d’une caste Noblesse sur une autre.
III. La cause culturelle : les romans du XIXè siècle
La culture n’est jamais neutre. Il y a toujours un message sous-jacent et une idéologie qui s’exprime pleinement pour ceux qui savent les déchiffrer et les voir. Il a donc encore un impact important. Il faut juste du temps pour s’infiltrer dans la conscience d’une génération
Nietzsche influencera (malgré lui) le IIIe Reich (notamment avec le concept de « Surhomme » qui sera donné aux Aryens et la « Volonté des Puissances » qui conduira à la conquête de l’espace vital (Pologne, Autriche, Hongrie), Slovaquie) et un monde qui se terminera par plusieurs dizaines de millions de morts – ce qui créera un conflit).
Rousseau influencera Napoléon Bonaparte. A ses détracteurs (et malgré tous ses défauts et erreurs, comme la vente de la Louisiane aux Américains) il n’a pas fait la mise à jour nécessaire pour la France, avec la création de :
-De la Banque de France, Germinal Franc, Coup de pouce au Commerce.
– Lycée et Lycée.
– Le Code civil, renforçant les libertés individuelles et l’égalité des citoyens devant la loi
-Mise en place des départements, préfets, modernisation de Paris, construction de nombreux ponts, égouts, lampadaires, rues et avenues qui seront entièrement remplacées.
– La restauration du Louvre et la création de la Comédie Française.
– La constitution de la grande armée, le conseil d’état, fait oublier, entre autres, l’expédition d’Egypte qui permettra à la France de construire le canal de Suez, et qui permettra la récupération de la pierre de Rosette – quelques années plus tard -. Champollion pour déchiffrer les hiéroglyphes et ouvrir la porte à l’égyptologie, mais c’est une autre histoire…)
La littérature française a écrit ses pages les plus sublimes, intemporelles et mémorables au XIXe siècle. Au XIXe siècle, le nombre de génies littéraires (n’ayons pas peur des mots) fait de la France un centre culturel de classe mondiale avec une production sans précédent, que l’on retrouve :
Chateaubriand, Balzac, Flaubert, Lamartine, Victor Hugo, Maupassant, De Nerval, Zola, Stendhal, Baudelaire, Alexandre Dumas, Alphonse Daudet, Lautréamont, Mallarmé, Alfred de Musset, Rimbaud, Verlaine, Jules Verne, Ernest Renand, Mérimée, Alfred Jarry , Théophile Gauthier…
Le plus influent serait sans doute Victor Hugo, l’auteur de « L’homme qui rit » où il écrit : « De l’enfer des pauvres on fait le paradis des riches. Comment culpabiliser toute une génération avec des épisodes spécialement fichus dans le Lycée.
Zola portera avec Germinal les événements et les causes des mineurs avec leurs souffrances, leurs peines, leurs vies et leurs combats. Zola, inspiré de la Comédie humaine de Balzac, a écrit Les Rougon-Macquart (20 romans écrits entre 1870 et 1893). L’argent, ou où fortune et scandales financiers coexistent, dont le tome 18.
Balzac, le plus entreprenant de tous les auteurs français de ce siècle (librairie, journal, imprimerie, exploitation des mines d’argent en Sardaigne et plantation industrielle d’ananas), bien qu’il ait condamné sans appel le capitalisme : « La bourse n’est qu’une loterie, une grand tapis vert de spéculation. Jeu irrégulier où les petits transporteurs perdent toute la cargaison au profit des gros porteurs, les insiders.’
Ces condamnations unanimes de ces auteurs célèbres façonneront l’opinion et perdureront à travers les nombreuses réimpressions qui sont faites chaque année.
IV. La cause politique et la naissance du capitalisme
Le capitalisme n’est pas né en France, mais en Angleterre pendant la révolution industrielle. Manu militari avant d’être exporté aux États-Unis puis dans le reste de l’Europe.
Les immigrants anglo-saxons du XIXe siècle seront accueillis principalement grâce à une politique volontariste de la couronne britannique. Pour encourager le travail, l’Angleterre encourage les « pauvres » de son pays à émigrer, promettant de payer les frais de terrain et de voyage. Ainsi, de 1600 à 1776, entre 50 % et 66 % des migrants étaient britanniques. 1680 millions d’Ecossais, d’Irlandais, d’Allemands, de Français, de Scandinaves et d’Africains suivis.
Ces migrants trouveront aux États-Unis la terre des opportunités et du rêve américain (avec des espaces ouverts). Autrement dit, la ville où tout devait être fait. L’Europe recevra le nom de « Vieux Continent » en vue du Nouveau Monde découvert par Christophe Collomb.
CONCLUSION
C’est donc la conjonction et la convergence de ces quatre causes qui expliquent le retard accumulé. Sans oublier que l’État centralisé assume le rôle de l’État-providence.
En France, les « riches » sont automatiquement perçus et accusés d’être sordides. C’est tout à fait naturel pour un pays dont le fondement est l’égalité (théorique et relativement relative) de ses citoyens. Techniquement, nous sommes tous censés pouvoir accéder aux mêmes opportunités, aux mêmes cercles, aux mêmes réseaux. Nous devrions donc tous être aussi riches que Bernard Arnault. En fait, c’est exactement le contraire qui se produit. Les riches accumulent et concentrent toujours plus d’actifs, plus de richesses, plus de profits, plus de dividendes au détriment des autres. Et cela n’est pas près de changer, au contraire, la tendance va s’accélérer. Jusqu’à ce que les ultra-riches soient tentés de se séparer du reste de la population.
Cerise sur le gâteau : la ségrégation sociale n’a jamais été aussi forte et la notion de « classes » n’a jamais été aussi prégnante.
Devenir riche – rapidement ou non – est suspect en France et pas du tout valorisé. La question se pose, quels sont les critères de réussite dans notre pays ? Ou devons-nous vivre longtemps dans la schizophrénie et l’hypocrisie ?
Alors, pour éviter d’attirer le « mauvais œil » sur soi, la croyance des anciens et des nouveaux riches est alors : Vivre heureux, vivre en secret.
Les « riches » et les « très riches » disposent d’une armée de fiscalistes, d’avocats, de gestionnaires de patrimoine, de consultants, de comptables et de comptables, dont l’objectif est d’alléger la charge de leurs clients et d’augmenter la liquidité de leurs actifs et de leurs bénéfices. investir encore et encore. Et relancer la boucle d’enrichissement…
Le traitement médiatique du service public de l’entrepreneuriat a de quoi laisser à la prudence et à l’incertitude.
Résidence fiscale, choix d’une convention collective, salaires des salariés, horaires de travail, préférences de qualité du produit fini, marges et bénéfices, transmission de l’héritage familial, critique de la stratégie du groupe, négociation excessive du fondateur avec certains fournisseurs. Rien ne sera épargné dans ces rapports clairs. Or le but est de dénigrer, ternir, rabaisser, dégoûter définitivement le grand public avec le sujet de l’entrepreneuriat, de la création d’entreprise et de la réussite.
La prise de risque, l’apport de valeur ajoutée, la créativité, la création de solutions pratiques et la participation à l’économie du pays n’en seront pas moins valorisées ni évoquées.
Écœurés et révoltés par ces points de vue, comme la joie -malsaine- de ces journalistes et éditorialistes à décrire la chute d’une multinationale française.
Pendant ce temps, aux États-Unis, il existe de nombreuses émissions, talk-shows, podcasts, chaînes YouTube qui célèbrent des succès même modestes. (Par exemple : l’entrepreneur moyen qui passe de 20K à 300K par an). Le but est de mettre tout le monde debout, d’impliquer le plus de monde possible et d’avancer. Partager des conseils et des voyages de motivation.
Malgré les bonnes initiatives avec la multiplication des fonds d’investissement, avec un écosystème de plus en plus mature, le plus grand incubateur du monde à Paris, d’excellentes écoles dans le Top 10 mondial et européen, l’engagement, la détermination, l’engagement et la soif de liberté d’une nouvelle génération sans inhibitions. , projets et initiatives. Le travail accompli pour combler notre arriéré est encore énorme. Le « processus » du succès commence déjà dans nos têtes. Alors adoptons le bon état d’esprit et la bonne attitude. Si d’autres l’ont fait, nous pouvons le faire aussi.
Retroussons nos manches, mettons de la passion, de l’amour et de la créativité dans nos réalisations. Souvenons-nous de célébrer nos succès – aussi petits soient-ils – et surtout rappelons-nous : Impossible n’est pas français.