De quels droits et protections disposez-vous si vous êtes victime d’un piratage informatique ou d’une arnaque en ligne ?
Les cas de piratage informatique se multiplient, mais que pouvez-vous faire lorsque vous êtes vous-même victime d’une arnaque en ligne, pouvez-vous être indemnisé ? Les coordonnées de Philippe Duport, spécialiste de l’emploi, du droit du travail et de la vie quotidienne.
franceinfo : Ces situations sont-elles reconnues par la loi française ?
Philippe Duport : Oui, tout à fait, le droit pénal s’est approprié la nouvelle pratique frauduleuse qui fleurit sur Internet. Le phishing, par exemple, est la pratique consistant à « leurrer » quelqu’un à qui l’on envoie un lien cliquable, se faisant passer pour une entité ou une entreprise digne de confiance dans le but d’obtenir des informations confidentielles, il est passible de cinq ans de prison et de 75 000 euros d’amende.
L’usurpation d’identité fait également l’objet d’un article pénal. Un an de prison et 15 000 euros d’amende. La collecte frauduleuse de données personnelles est sanctionnée encore plus sévèrement : 300 000 euros d’amende et un an de prison.
Que faire lorsque vous êtes victime de telles arnaques ?
Portez plainte immédiatement. Sans elle, il n’y aura pas d’enquête, pas de condamnation, pas de couverture d’assurance. La plainte doit contenir toutes les références aux transferts d’argent, les listes de personnes contactées, tout ce qui permettra aux enquêteurs d’identifier les auteurs.
Que peut-on attendre d’une telle plainte ?
Le principe est l’indemnisation intégrale. Si vous êtes une entreprise et que la fraude vous a fait perdre un client ou vous a mis en faillite, tous les dommages seront réparés. Et puis il y a les dommages moraux. Si des données personnelles ont été publiées sur les réseaux sociaux, selon Etienne Deshoulières, avocat spécialisé en droit de l’informatique, vous pouvez vous attendre entre 3000 et 5000 euros d’indemnisation.
Si votre vie privée a été détruite, par exemple parce que votre orientation sexuelle a été révélée à votre insu, des photos intimes ont été publiées, cela peut monter jusqu’à 50 000 euros. Il peut aller encore plus haut s’il en résulte une dépression sévère.
Et si de l’argent vous était prélevé, si des achats étaient effectués à votre insu ?
C’est donc la banque qui a été victime d’une fraude, et c’est à elle de se retourner contre l’auteur de l’escroquerie. Pour vous, il doit rembourser intégralement les sommes déduites à tort.
Et si la faute d’une entreprise piratée incombait à un employé qui a manqué de vigilance ?
La sanction doit être proportionnée. Mais si le salarié s’est trompé en révélant des identifiants ou des codes, alors il peut être sanctionné et pourquoi pas licencié.