Près de 2% des enfants et adolescents en France souffrent de phobie scolaire. Une véritable pathologie qu’il ne faut pas prendre à la légère. L’avis du pédopsychiatre.

S’il y a des élèves qui sont contents de retrouver le chemin de l’école, pour d’autres, la rentrée est un vrai challenge. En France, 0,5% à 1,7% des enfants et adolescents souffrent de phobie scolaire, une pathologie grave… mais souvent sous-estimée.

Phobie scolaire : qu’est-ce que c’est, exactement ?

La phobie scolaire est très grave. « Comme l’arachnophobie (phobie des araignées) ou la bélénophobie (phobie des piqûres) c’est une phobie, c’est-à-dire une peur irrationnelle et incontrôlable, qui a des effets invalidants sur la vie de tous les jours, explique le Dr François Jacquemin, pédopsychiatre. L’objet phobique est l’objet l’environnement scolaire et tout ce qui s’y rapporte. »

Ce phénomène touche les enfants de 10 à 18 ans : « Chez les jeunes enfants, la « peur scolaire » sera motivée par l’angoisse de quitter la maison et les parents, on ne parle pas de phobie scolaire ; cette pathologie est plutôt liée jusqu’à l’adolescence » souligne le spécialiste .

Connaissances. Environ 5 % des enfants et adolescents qui consultent un psychologue/pédopsychiatre souffrent de phobie scolaire.

Phobie scolaire : comment la reconnaître chez un enfant ou un adolescent ?

Comment faire la différence entre un enfant/adolescent qui « ne veut pas » aller à l’école et une vraie phobie scolaire ? « Le jeune qui ne veut pas aller à l’école est généralement très à l’aise avec ses pairs ; il n’est pas anxieux, il ne montre pas de signes de dépression ; il ne se sent pas mal – d’avoir ou peur de ses résultats scolaires en baisse. pas donner une « rupture » nette dans son comportement », répond le docteur François Jacquemin.

A l’inverse, identifiez plus facilement l’enfant/adolescent souffrant de phobie scolaire aux signes suivants :

Quelles sont les causes de la phobie scolaire ?

Dans la plupart des cas, il s’agit d’un « syndrome traumatique ou post-traumatique », précise le docteur François Jacquemin. « Le harcèlement scolaire est un véritable fléau dont la condamnation n’est pas encore suffisamment reconnue ; il retarde l’adolescent/enfant dans son développement psycho-affectif ! »

Il peut s’agir de violences psychologiques et/ou physiques, mais aussi de violences sexuelles – « que le jeune/enfant soit victime ou témoin » précise le pédopsychiatre. Ces violences « catastrophiques, dévastatrices » peuvent avoir eu lieu à l’école ou dans un lieu relié à l’école – en chemin, dans l’autobus, au gymnase… « Pour se protéger, l’enfant/jeune va donc développer une phobie, comme ainsi qu’éventuellement une phobie liée de tous les endroits où il est susceptible de rencontrer une personne qui lui rappelle le milieu scolaire.

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Moins souvent, c’est l’adolescence elle-même qui peut être à l’origine de la phobie scolaire. « Les circonstances hormonales peuvent entraîner une dévalorisation des apprentissages, des connaissances, de la réflexion intellectuelle… au profit des émotions, des sentiments et des ‘actions’, explique le Dr François Jacquemin. Une phobie scolaire. »

Le pédopsychiatre ajoute que la phobie scolaire touche plus souvent les enfants en bas âge : « la précocité intellectuelle est plus un handicap qu’autre chose ! L’enfant s’ennuie à l’école, il se sent incompris par ses camarades… il fera donc le choix de sacrifier sa scolarité, ce qui entraîne une phobie scolaire.

Si le développement d’une phobie scolaire peut être lié au contexte familial (« un enfant/adolescent vivant dans un foyer où la violence, les conflits… »), il est important de noter que « la phobie scolaire n’est jamais la faute du Parents! » insista le docteur Jacquemin.

Phobie scolaire : que fait-on ?

« Il est important d’agir rapidement, conseille le Dr François Jacquemin. Lorsque la phobie scolaire s’installe, on peut observer une « pause » dans le rythme scolaire avec (éventuellement) des risques de décrochage scolaire.

Première étape : arriver à discuter avec votre enfant/adolescent. « Ne vous attaquez pas directement au problème : expliquez plutôt à votre enfant/adolescent que vous voyez clairement qu’il y a un problème et demandez-lui de l’aide pour le résoudre. Contrairement aux idées reçues, il est rare qu’un adolescent refuse de comprendre. « 

Une consultation avec un psychologue ou un pédopsychiatre est recommandée. « Il est essentiel que l’enfant/adolescent comprenne qu’il s’agit d’une solution possible à son problème : il ne doit pas se sentir obligé de consulter. »

En attendant la solution du problème, le spécialiste recommande de ne pas couper le lien avec l’école : « en collaboration avec l’établissement, continuez l’école à la maison : vos devoirs et leçons délivrés… » Dans certains cas graves (s’il y a eu un événement traumatisant par exemple), « la seule solution est de changer l’enfant/jeune de la classe voire de l’école ».

Merci au Dr. François Jacquemin, pédopsychiatre à l’unité jeunesse de l’établissement psychiatrique de la Clinique du Château du Tremblay.

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