Annuler ou pas ? Les vacances scolaires de la Toussaint débutent ce vendredi pour les trois zones scolaires, mais le timing est incertain en raison des pénuries de carburant. Alors que la grève a été interrompue vendredi chez Esso-ExxonMobil, elle s’est poursuivie lundi sur cinq sites de TotalEnergies. Conséquence : dimanche, 30 % des stations-service ont connu une pénurie d’au moins un carburant.
Dimanche soir, Elisabeth Borne a indiqué qu’il y aurait de nouvelles réquisitions d’employés des dépôts pétroliers en cas de « situations très tendues » concernant l’approvisionnement. Mais le retour à la normale, « ce ne sera sans doute pas au moins avant la semaine prochaine », a indiqué lundi sur France Inter Clément Beaune, le ministre délégué aux Transports. Un contexte incertain qui remet en cause les projets de vacances de certains, sachant qu’un Français sur cinq prend une semaine de vacances à la Toussaint, selon la Dares.
« Il est hors de question que j’annule »
Pourtant, ces vacances d’automne s’annonçaient sous de bons auspices pour les professionnels : « Les réservations étaient au même niveau qu’en 2019 avant la pandémie », indique Xavier Rousselou, porte-parole d’Abritel. « Le taux d’occupation des Gîtes de France devrait être de 52% pour la première semaine et de 51% pour la seconde », renseigne Solange Escure, leur directrice générale. Preuve que les Français, qui avaient les moyens de payer une trêve, n’entendaient pas s’en priver.
D’ailleurs, rareté de l’or noir ou pas, certains sont déterminés à partir, quitte à devoir faire le tour de toutes les stations-service à proximité, choisir une voiture ou louer un véhicule électrique. Elisha, qui a répondu à notre appel à témoins, fait partie de ces vacanciers « n’importe quoi ». « Ça me dépasse d’annuler. Ma mère habite à 500 km, en Loire-Atlantique, elle ne voit jamais ses petits-enfants. Pour l’instant, j’ai eu de la chance, j’ai toujours trouvé du carburant en Seine-et-Marne sans trop attendre. »
Ils « attendent mercredi ou jeudi pour se décider »
D’autres Français sont beaucoup moins sûrs de pouvoir partir. « On n’observe pas un mouvement de panique, mais il y a une certaine attentisme », note Xavier Rousselou, porte-parole d’Abritel. C’est le cas de Catherine, qui souhaite se rendre dans une maison familiale : « J’attends de savoir si je pourrais avoir de l’essence pour aller en Creuse », précise-t-elle. Pour ceux qui ont loué un gîte, ils ne sont pas non plus sûrs de pouvoir faire leur valise, la plupart de ces locations se font en zone rurale : « Nous enregistrons une annulation de 1 % des séjours pour les vacances de la Toussaint. Car la plupart des gens qui nous appellent attendent mercredi ou jeudi pour se décider », observe Solange Escure. D’autant plus que les personnes qui annulent ne sont pas remboursées, elles peuvent simplement demander un report de leur séjour si le propriétaire est d’accord et a une autre disponibilité à proposer.
Autre solution pour ceux qui n’ont pas encore réservé : changer de destination. « Dans ce genre de situation, le tourisme local est privilégié. Les Lyonnais iront dans le Jura, le Massif central ou la Drôme. Un Parisien optera pour la Baie de Somme, la Picardie ou le Perche », indique Laurent Duc, président de la branche hôtelière de l’Umih (Union des métiers et industries de l’hôtellerie). Une tendance que Xavier Rousselou observe également : « Concernant les réservations de dernière minute, on assiste à un transfert des vacanciers vers des destinations proches. Les Parisiens, par exemple, préfèrent la Seine-Maritime, la côte normande, la Manche et le Calvados, qu’ils peuvent rejoindre le plein d’essence. »
« Nous irons finalement en Espagne en avion »
Les destinations accessibles en train pourraient également tirer leur épingle du jeu : « Nous avons également constaté une augmentation des réservations pour Nice ces derniers jours. Car la ville a l’avantage d’être accessible en train mais aussi en avion », note Xavier Rousselou. D’autres vacanciers se rabattent également sur des destinations accessibles en avion, même si ce n’est pas le même budget. Comme Manon : « Mon compagnon et moi avions prévu de partir une semaine en vacances en camping-car au départ de Marseille, pour traverser la côte atlantique de Biarritz à la Bretagne. Mais quand il s’agit de passer 3 heures tous les 2 jours dans les stations-service et de s’inquiéter de ne pas pouvoir se déplacer, ça n’en vaut pas la peine. Nous préférons partir à l’étranger. On regarde les billets d’avion et une formule tout compris. Même réflexe pour un autre lecteur : « Nous voulions emmener nos deux petites-filles dans les Alpes pendant une semaine. Nous irons enfin en Espagne en avion. »
Pourtant, certains qui souhaitaient se rendre en France ne veulent pas risquer d’être bloqués et décident d’annuler : « Les hôtels enregistrent 20 à 30 % d’annulations pendant les deux semaines de la Toussaint. Car un Parisien n’ira pas à Cannes s’il n’est pas sûr. qu’il peut revenir », explique Laurent Duc. C’est le cas de Mathieu, qui a dû s’absenter une semaine comme chaque année : « Les quelques stations ouvertes ne proposent que du Diesel dans le secteur Clamart/Meudon/Vélizy », explique-t-il. Idem pour Isa : « Je devais aller voir mes parents dans le Sud-Ouest, mais je ne peux pas y aller car il y a peu de stations de ravitaillement dans ma section. Les trains sont pleins et l’avion est hors de prix », ajoute-t-elle.
En plus du manque d’essence, il y a un problème de pouvoir d’achat, comme le confie Brice : « Le manque d’essence, l’augmentation de tout (cantine, taxes foncières, électricité, etc.) fait qu’on va rester chez soi au lieu de Un sentiment partagé par Karl : « Pénurie de gaz, taxe foncière… Mon compte en banque saigne. Ma voiture reste au garage et tant pis pour le tourisme sous la pluie. »