Barcelone (ESPAGNE) Consacré lors des Beyond Luxury Awards (prix destinés à récompenser l’industrie hôtelière de luxe en Espagne et au Portugal), le directeur de l’hôtel barcelonais Majestic revient sur son parcours. Conseils à la clé.

Pascal Billard est un battant pour qui « il n’est jamais question de se reposer sur ses lauriers ». Récompensé du meilleur hôtelier d’Espagne 2022 aux Beyond Luxury Awards, le Français a démarré sa carrière en trombe. En 1989, le jeune homme s’envole pour le Sofitel de Miami après avoir obtenu un BTS en Management Hôtelier au Lycée Jean Drouant (Paris). Le serveur gravit rapidement les échelons et devient trois ans plus tard directeur d’un restaurant gastronomique. « Aux États-Unis, j’ai appris à travailler dur et à me battre pour tout. C’est « Ride or die » là-bas, il nous fait confiance. Il occupe ensuite des postes à responsabilité : directeur de la restauration au Château de Bagnols en Beaujolais, au Carlton Casino Club de Cannes, à l’Hôtel de Crillon, puis au sein du groupe de restauration américain travaillant avec le Morgans Hotel Group de Ian Schrager (présenté comme le inventeur des hôtels de charme). Dans ce cadre, Pascal Billard a notamment supervisé l’ouverture du restaurant Spoon d’Alain Ducasse à l’hôtel Sanderson à Londres.

Après s’être associé au groupe de bistrot argentin Novecento, il devient directeur adjoint du Plaza Athénée, avant de prendre les rênes de l’hôtel Majestic à Barcelone en 2013. « La passion, le travail acharné et l’ambition sont le véritable moteur du succès dans l’industrie hôtelière. Il faut savoir pousser la porte et se démarquer, collaborer et donner de bonnes idées : alors vous penserez à la promotion. Il faut aussi savoir être patient. Partir à l’étranger est un vrai plus pour faire carrière et décrocher certains jobs. La conscience de l’échec est aussi constructive, elle permet de se renforcer », observe-t-il.

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Accompagner les salariés dans leur cheminement

La péninsule ibérique, dont « la qualité de vie est exceptionnelle », est très attractive pour les Français. « Je reçois beaucoup de demandes, note Pascal Billard. Être français c’est apprécié, c’est un vrai plus, mais il faut savoir parler espagnol, s’adapter et ne pas croire qu’on est les meilleurs. D’autant que « la pénurie de main-d’œuvre en Espagne est moindre qu’en France ». « Pendant le Covid, les gens ont reçu moins d’aides qu’en France et ont vite repris le travail », note-t-il.

Il n’y a presque pas de problèmes de main-d’œuvre à l’hôtel Majestic. « Nous approchons les écoles hôtelières depuis des années pour trouver des stagiaires. Nous essayons d’être une usine attractive en prenant soin de nos employés et de nos stagiaires en tant que clients pour faire de la bonne publicité autour d’eux. Il faut s’adapter à la jeune génération, par exemple en se demandant quels horaires conviennent aux candidats. Il faut les écouter, être prêt à les aider à se développer et même leur donner d’autres opportunités dans d’autres institutions. Grâce à mon réseau, j’ai trouvé des emplois pour des salariés, même en dehors de notre groupe. Il faut rester en contact avec les meilleurs, même s’ils quittent l’hôtel, pour grandir et vivre d’autres expériences. Ils pourraient revenir à notre hôtel plus tard », explique le directeur. Lui qui s’est fait cambrioler à plusieurs reprises se rend compte que « l’intérêt de l’entreprise n’est pas forcément l’intérêt du salarié » : « Les réunions font une carrière. Ils m’ont aidé, mais maintenant c’est à mon tour d’aider les plus jeunes. »