Les employés qui quittent leur poste seront désormais considérés comme ayant démissionné. L’Assemblée nationale a voté mercredi les amendements de la majorité et des députés Les Républicains limitant l’accès à l’assurance-chômage. 20 Minutes revient sur ces mutations et le débat qu’elles suscitent, avec le regard de Claire Abate, avocate en droit social et fondatrice d’AC Legal Avocat.

Qu’est-ce qu’un abandon de poste ?

« L’abandon de poste est une absence injustifiée du salarié à son poste », définit d’emblée l’avocate Claire Abate. Cet abandon peut entraîner un licenciement pour faute lourde, ce qui ne prive pas le travailleur du recours à l’assurance-chômage. Selon les élus de la majorité, ces décrochages sont de plus en plus fréquents. C’est un « phénomène qui ne cesse d’augmenter », affirme la ministre déléguée Carole Grandjean. Claire Abate partage cette analyse : « C’est assez courant et avec la crise sanitaire que nous vivons, c’est un phénomène qui a tendance à se généraliser », explique-t-elle, citant notamment un « désengagement des salariés dans l’entreprise », des « changements de carrière » et « change brusquement de vie » comme un déménagement. La gauche prétend au contraire que ces cas sont « marginaux ».

En France, il n’existe pas de statistiques sur l’abandon du travail, qui se noie dans les « licenciements pour motif personnel ». Dans un entretien accordé à France Info, le vice-président de l’Association nationale des défenseurs des droits de l’homme, Benoît Serre, a toutefois affirmé ne pas « constater une augmentation des abandons d’emploi ».

Pourquoi l’amendement fait-il débat ?

A gauche, cet amendement, adopté par 219 voix pour et 68 contre dans le cadre du projet de loi de réforme de l’assurance-chômage, a fait frissonner. Dans l’hémicycle, les députés Nupes (PS, EELV, LFI, PCF) ont reproché au gouvernement d' »affaiblir la protection des salariés ». Car en cas de démission, les salariés n’ont pas droit à une indemnisation de Pôle emploi, sauf dans de très rares cas. Les socialistes ont fait valoir que la mesure était inconstitutionnelle et incompatible avec les normes de l’Organisation internationale du travail. « Quelle est la cause de ces abandons ? », s’est interrogé le communiste Pierre Dharréville, évoquant un lien avec les conditions de travail. Une analyse partagée par la CGT, qui dénonce un « scandale ». n’ont pas pu obtenir de résolution contractuelle en cas de mauvaise dégradation de l’ouvrage », indique Denis Gravouil, secrétaire confédéral, sur France Info.

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En revanche, pour le député de la Renaissance Dominique Da Silva, c’est une mesure « claire et juste » pour tout le monde, car l’abandon du travail bouleverse les entreprises. « Ces pratiques provoquent de grandes désorganisations et dysfonctionnements dans l’entreprise », acquiesce Claire Abate, dont la société accompagne les entreprises. « Lorsqu’il n’y a pas de salarié pour remplacer le salarié absent, un préjudice est causé à l’entreprise, cela peut entraîner une grosse perte de chiffre d’affaires, surtout dans les petites entreprises, et même mettre en danger la vie de l’entreprise », juge le fondateur par AC Juriste Juridique.

Qu’est-ce que ça change pour les salariés ?

Jusqu’à présent, les salariés qui n’obtenaient pas de rupture conventionnelle pouvaient quitter leur poste dans l’espoir que leur employeur les licencierait pour faute grave, leur donnant ainsi droit à des allocations de chômage. « En quittant leur emploi, les salariés tentent tout », explique Claire Abate. Avec ce nouvel amendement, les employeurs pourront considérer le départ comme une démission et remplacer le travailleur à un rythme soutenu.

« L’employeur doit donner un avertissement formel au travailleur pour justifier son absence et reprendre son poste par lettre recommandée avec accusé de réception », précise toutefois l’avocat, qui ajoute que cette discipline permet de clarifier les choses et de vérifier que l’absence est injustifié. Car un salarié peut s’absenter et ne pas pouvoir prévenir son employeur pour d’autres raisons, notamment médicales. Ensuite, avec ces nouveaux amendements, « le salarié pourra contester devant le conseil des prud’hommes le fait que son abandon de poste est considéré comme un renoncement », souligne Claire Abate, qui ajoute que « l’affaire serait portée directement devant le tribunal ». bureau qui aura un mois pour se prononcer. C’est une procédure extrêmement rapide.