Dans un message revu par « le Parisien » qui a alarmé les automobilistes et la CGT, la direction propose une réponse au problème des femmes devant porter trop longtemps des tampons ou des serviettes. La direction ne comprend pas le conflit.

« Culotte menstruelle, phase de test. » C’est l’adresse du mystérieux message reçu par les conducteurs de train du train de marchandises SNCF. Il a été envoyé par le service SNCF Mixité, chargé de l’égalité femmes-hommes dans l’entreprise, et était censé répondre à un problème rencontré par les femmes du secteur, à savoir l’absence de toilettes dans les trains de marchandises. Mais selon le Parisien, il a surtout provoqué l’émoi. « Ça ne passe pas ! proteste le cheminot. Depuis vingt ans, nous nous battons pour des conditions de travail décentes, notamment l’accès à des toilettes dédiées et des temps de pause suffisants. La box nous répond ainsi : « Mettez la culotte et portez la pendant huit heures ! »

« Dans le cadre d’entretiens sur le thème de l’accès aux sanitaires », une expérimentation aurait été lancée avec des « personnels conducteurs féminins » portant la fameuse culotte lavable, selon le quotidien qui lit le message. « Cela combine des avantages écologiques, une utilisation sûre et pratique [car] il peut être stocké pendant plusieurs heures. » Et pour aller plus loin, le service a même demandé à trois volontaires – dont quatre ont finalement voulu participer – d’essayer cette « protection de six mois », avec trois culottes en tissu bio et équitable et leurs propres serviettes à attacher au la personne.

Parmi les conducteurs de trains SNCF, les femmes sont très minoritaires, avec 394 d’entre elles contre 12 530 de leurs homologues masculins. Et leurs conditions de travail sont particulièrement précaires, certaines expliquant qu’elles doivent faire pipi entre deux voitures, comme les hommes. La situation est légèrement meilleure dans les trains de voyageurs, car les toilettes sont souvent sales, ce qui est encore plus problématique pour les femmes.

«Il fallait agir immédiatement»

La présidente de SNCF Mixité, Anne-Sophie Nomblot, a dénoncé samedi la « présentation déloyale » de l’expérimentation. « Je pense que la polémique qu’elle veut attiser nuit aux intérêts des femmes et pourrait les dissuader de postuler à ce très beau poste », a-t-elle ajouté sur Twitter.

Je regrette la présentation injuste de l’expérimentation menée par SNCF Mixité en faveur des conductrices dans l’article paru ce matin ⬇️ (1/10)

Mais il explique qu’il comprend la polémique « si on ne voit pas les choses dans leur intégralité ». « Nous ne prétendons pas tout arranger avec des culottes menstruelles. C’est une solution palliative à court terme, mais nous réalisons également un travail de fond avec la traction et la gestion du personnel. « C’est lors de l’enquête auprès des conducteurs en fin d’année dernière que le problème des toilettes est apparu, explique l’un des quatre ambassadeurs SNCF Mixité. Les trajets durent parfois six ou sept heures et, contrairement aux trains de voyageurs longue distance, les trains de marchandises ne disposent pas de toilettes.

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Il poursuit : « Il y avait une question de règles. Les chauffeurs nous ont expliqué qu’ils avaient porté le tampon ou l’insert pendant une durée anormalement longue. Avec risque de choc toxique. Il fallait agir immédiatement. C’est comme ça que j’ai eu l’idée de les financer, car ce sont des culottes menstruelles chères. Une décision qui ne semble donc pas avoir convaincu les parties concernées.

«Pratiques sexistes et discriminatoires»

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la SNCF est dénoncée pour son traitement des femmes. En 2014, un livret distribué aux employés contenait des « conseils beauté » pendant que leurs agents exhibaient leur nouvel uniforme. La page rose indiquait alors qu' »un maquillage simple et soigné est fortement recommandé » et conseillait six produits « essentiels », dont « un bon blush » et « un rouge à lèvres discret », notamment pour les vitrines « acceptables ».

Et si les hommes aussi avaient droit à des conseils, la page bleue de la CGT Cheminots fustigeait à l’époque « la direction de la SNCF [qui] aurait choisi des pratiques sexistes et discriminatoires d’autrefois pour faire d’une entreprise publique comme la SNCF, qui a le devoir donner l’exemple, indigne d’une entreprise publique », précisant que « dans certains départements régionaux, les conducteurs de train se voient offrir un kit (go girl !) qui leur permet d’uriner debout ». Une idée qui rappelle les serviettes hygiéniques offertes à la place des toilettes ou des aires de repos aux endroits où ils en ont. Nous avons émis un plan des toilettes, gare par gare, et nous avons demandé une expertise pour équiper les portes d’un lecteur d’abonnement SNCF », assure l’un des quatre SNCF Mixité Une cartographie qui servira aussi bien aux femmes qu’aux hommes, car le problème de faire pipi dans de bonnes conditions est un problème général chez les cheminots.

Mise à jour à 17h55 avec détails et nouvelle réaction de la SNCF.