Abusé dans son enfance, Olivier Perret avait perdu toute confiance en lui et en les autres. Un terrible accident de voiture, dont il sort indemne, lui fait prendre conscience que c’est à lui de changer. Une longue route commence jusqu’à ce qu’il rencontre le Christ.
Dans le coin de son atelier d’Angers, on le repère tout de suite : une magnifique icône triptyque XXL qui s’ouvre comme des bras accueillants, contrastant avec le joyeux désordre de la pièce. Bienvenue dans cette image de l’histoire, l’histoire de la renaissance.
Car Olivier Perret, étudiant en psychologie de 25 ans, a fait du chemin. Le jeune baptisé de Grenoble n’a pas été élevé dans la foi et se méfie plutôt de l’église.
Un garçon « hypersensible » est harcelé à la maison par un père « dur », puis à l’université, délaissé par son meilleur ami. « Ça m’a mis dans le rôle d’une victime », analyse aujourd’hui l’étudiant, qui alors « mange beaucoup pour compenser ». Le harcèlement commence : insultes, coups de pied. Au lycée, il était surnommé « Monsieur Goulu ». Mépris, honte : chaque jour est un combat pour « tenir le coup ». L’agoraphobie se développe, Olivier cache tout à ses parents et s’accroche aux addictions : pornographie, jeux d’argent. Après le bac, il s’oriente vers la filière ingénierie marketing, ce qui ne le comble pas. S’il n’est plus agressé, il sera profondément meurtri.
« J’ai compris que c’était à moi de changer »
A 19h, Olivier est en voiture avec deux amis pour faire une virée nocturne sur une route de montagne. Le conducteur roule vite, la voiture glisse dans le gouffre. Et puis, à l’automne, quelque chose d’incroyable se produit en une fraction de seconde : « Je suis hors du temps, dans un nuage. Je ressens une chaleur intense et une paix intérieure. Je ne sens plus le poids de mon corps, ni la pouvoir de jugement. Une voix qui est la mienne, mais qui vient de l’extérieur, me dit : Qu’as-tu fait de ta vie ? La voiture arrête l’arbre. Pas de blessé. « Au moment où je sors du véhicule, ma vie a modifié. En mettant les pieds sur terre, je fais le premier pas pour devenir acteur au lieu d’être spectateur de ma vie. Une longue route s’ouvre. Il ne le dit à personne, mais tout est clair pour lui : « Je devais changer ». Olivier ne fait alors aucun lien avec Dieu. Il change ses habitudes : baignade quotidienne, alimentation saine. Sa vision de lui-même commence à changer.
Un an plus tard, après une nouvelle déception face à son orientation, il rejoint les Restos du Coeur en tant que bénévole. Confronté à une grande incertitude, il réfléchit à un avenir à la hauteur de ses valeurs.
C’est à l’IFF Europe à Angers, institution qui accompagne les jeunes dans leur recherche professionnelle, qu’il voit clairement son orientation : ce sera le travail d’accompagnement. Il y retrouve sa « confiance aux autres » et son stage à la Maison Bernadette, communauté catholique des quartiers nord de Marseille, est une révélation. « Tout avait du sens pour moi », se souvient Olivier, qui préfère les échanges avec la population aux moments de prière.
Car lorsqu’il a commencé le chemin de la conversion, la présence de Dieu ne s’est pas encore révélée à lui. Un jour un bénévole lui dit : « Olivier, en quoi crois-tu ? Clic : pourquoi critiquer « la religion », celui qui « ne se donne pas les moyens de connaître » l’expérience des chrétiens ? Il retourne dans la maison de Bernadette, accompagne la Société à Lourdes, participe au thème de la croix.« On m’a parlé d’amour pour la première fois », s’émerveille l’élève, qui à ce moment-là « sent des choses fortes », sans encore évoquer Dieu.
Retour à Grenoble. Une ambiance électrique car ses parents divorcent.
Tous appelés à aimer comme Dieu nous aime
Après avoir cherché sur Internet une « retraite tranquille et athée », il est ici au Foyer de Charité de la Flatière, une retraite catholique de montagne dans la vallée de Chamonix ! Chapelet, Complies : Olivier décide de partir. Mais une rencontre avec un prêtre à l’écoute le convainc de rester. La dernière nuit : la nuit d’adoration. Pas question de se lever en pleine nuit pour Olivier. Le prêtre lui prête sa Bible : « Si tu veilles la nuit, je te demande de partir. Choisis deux mots et ouvre la Bible. » Réveillé au milieu de la nuit, fidèle à sa promesse, il rejoint la chapelle et se demande ce qu’il y fait. Il choisit les mots « foi » et « amour » et ouvre la Bible. C’est le passage de Simon le Cyrène, cet homme incrédule, qui fut réquisitionné par les Romains pour aider le Christ à porter sa croix… Olivier perçoit un sens dans le texte, mais le spirituel « ne clique toujours pas » cette nuit-là.
Ce n’est que le lendemain, quand elle s’est réveillée et a rouvert la Bible, qu’elle a vu le nom de Jésus et a éclaté en sanglots. Touché au coeur. « Jésus est un témoin vivant que nous sommes aimés inconditionnellement par une puissance infinie et que nous avons l’obligation de nous aimer inconditionnellement », affirme-t-il. Dès lors, il l’appelle Dieu.
Septembre 2019. De retour à Angers, il intègre la Faculté de Psychologie. « Bien intégré dans sa promotion », Olivier revit, persuadé qu’il est aimé, réconcilié avec lui-même et avec Dieu. Tout en travaillant dans la protection de l’enfance, il assiste régulièrement à la messe et lit l’Évangile tous les jours.
La période d’incarcération, très éprouvante pour Olivier, lui permet de poursuivre sur cette voie de la réconciliation : il révèle toute son histoire à sa famille et commence à l’écrire dans un livre (Ressentir et comprendre, le chemin de l’amour inconditionnel, Anov publications). Une explication avec son père lui permet également de faire la lumière sur sa petite enfance.
Aujourd’hui, Olivier s’est éloigné de son père, mais a retrouvé l’ami qui l’a quitté à l’université et lui a pardonné. S’il est moins assidu à la messe qu’avant et s’interroge sur certaines positions de l’Église (notamment concernant l’acceptation des homosexuels), ce chercheur croit en l’amour inconditionnel de Dieu pour tous. Et cet amour, cet admirateur d’Éloi Leclerc et de Frédéric Lenoir veut le vivre au quotidien : à l’accueil de ses frères, avec les sans-abri… Car « Jésus se met toujours du côté de ceux qui souffrent ».