L’ostéoporose est liée au vieillissement

L’âge est le principal coupable et agit sur de nombreux paramètres. Avec l’âge, la vitamine D est moins synthétisée dans la peau et ce déficit réduit l’absorption du calcium. Les femmes sont plus touchées après la ménopause, lorsque la production d’œstrogène, qui protège les os, s’arrête. Et il faut être plus vigilant en cas de ménopause précoce (avant 45 ans). Mais selon le professeur Cortet, « à profil égal, les risques ne sont pas les mêmes et l’hérédité joue un rôle ». Ainsi, si une femme a subi une fracture de la hanche, sa fille est deux fois plus susceptible d’être touchée.

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On ne peut pas prévenir l’apparition de l’ostéoporose

« Éliminer l’alcool, le tabac et lutter contre la sédentarité ne peut qu’aider, souligne le Dr Gepner.

Il est fortement recommandé d’encourager l’activité physique, comme la marche rapide ou le jogging sur sol meuble, qui stimulent les ostéoblastes par les impacts répétés des pieds sur le sol. Ils sont plus protecteurs pour les os que les vêtements de sport (natation, vélo), même si l’essentiel est de bouger très régulièrement. »

De plus, le tai chi est parfait pour gagner en équilibre et limiter les chutes. « Nous veillons également à l’apport en calcium au quotidien (1200 mg par jour, selon l’OMS).

Si les trois laitages conseillés sont mal tolérés, les eaux minérales qui en sont riches (Hépar, Courmayeur, etc.) et certains légumes ou légumineuses (épinards, haricots blancs, etc.) peuvent compenser », ajoute le médecin.

Pour l’apport de vitamine D, on s’expose au soleil (sans oublier la crème solaire) vingt minutes par jour. Il appartient au professionnel de santé de proposer une dose pour évaluer les besoins de supplémentation. Nous discuterons avec lui de l’opportunité d’un traitement hormonal substitutif à la ménopause.

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L’ostéoporose ne fait pas mal

Le seul indice perceptible pour le patient est la fracture, le plus souvent des membres périphériques, du bassin ou de la colonne vertébrale. « Lorsqu’elle survient sans traumatisme majeur, après une petite chute ou le port d’une charge minime, l’ostéoporose est suspectée », précise le professeur Cortet. Mais le mal de dos qui ne passe pas doit alerter et nécessiter une radiographie pour identifier la présence ou non d’une compression vertébrale.

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L’ostéoporose diminue la densité osseuse

C’est cette diminution de la densité osseuse qui explique sa fragilité. « Sa membrane externe se rétracte et son architecture interne se perfore progressivement », explique le professeur Cortet. Le problème résulte du déséquilibre du processus cellulaire : les ostéoblastes, qui constituent les tissus osseux, ne sont plus assez nombreux ni suffisamment efficaces pour contrer l’action des ostéoclastes, responsables de la perte de matière.

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Il n’y a pas de facteurs aggravants

Le mode de vie joue un rôle essentiel : une alimentation déséquilibrée pauvre en calcium (surtout à l’adolescence, mais aussi tout au long de la vie) vous expose à un risque accru d’ostéoporose. « Faites également attention à l’impact des substances toxiques qui nuisent à la santé osseuse, comme l’alcool, prévient le professeur Cortet.

La minceur est un autre facteur de risque, à plus d’un titre : le faible poids limite la stimulation des muscles et des ostéoblastes et, en l’absence de tissu adipeux suffisant, les androgènes ne peuvent se transformer en œstrogènes protecteurs.

De même, l’ostéoporose peut être causée par l’hyperthyroïdie ou par certains traitements, comme les corticoïdes pris au long cours, ou en oncologie, dans les protocoles de lutte contre le cancer du sein ou de la prostate.

On peut la traiter

Il n’y a pas de traitement miracle. Les médicaments peuvent augmenter la densité osseuse en inhibant l’action des ostéoclastes et en augmentant celle des ostéoblastes.

Les bisphosphonates sont proposés en première intention (en comprimés hebdomadaires ou par voie intraveineuse une fois par an). Mais ils ont une mauvaise image, car ils ont été responsables de nécrose de la mâchoire. Cela peut être le cas s’ils sont administrés à fortes doses pour lutter contre le cancer avec métastases osseuses. Mais à dose modérée pour l’ostéoporose, le lien avec l’ostéonécrose est quasi nul et, même ainsi, l’effet est réversible. Le tériparatide injectable est destiné aux patients à haut risque de fracture. Autre médicament, « le romosozumab est un anticorps monoclonal dirigé contre la sclérostine, qui est un puissant inhibiteur de la formation osseuse.  » se plaint le professeur Cortet.

Les médicaments disponibles pourraient aussi être plus prescrits et mieux observés par les patients, mais ils ne font pas tout et le Dr Gepner rappelle que le respect des mesures d’hygiène et de prévention diététique reste indispensable, même s’ils ne suffisent pas chez les personnes à haut risque. La stratégie payante est globale.

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Le Dr Bernard Cortet est rhumatologue au CHU de Lille, président du Groupe de Recherche et d’Information sur l’Ostéoporose. Le Dr Patrick Gepner est rhumatologue à l’hôpital Foch de Suresnes, auteur de A la découverte du corps humain pour les nuls (Première éd.)