Le chef de l’Etat s’est rendu vendredi à Pau, la ville de son allié centriste, qui s’est opposé ces dernières semaines à tout « passage en force » pour la réforme des retraites.
Ils dînèrent jusque tard dans la nuit à Pau. Si tard que, ce jeudi 29 septembre, quand François Bayrou rentre chez lui, l’heure est, dit-il, « indécente ». Aucune trace de confusion. Pas de gêne. Mais des discours qu’on imagine enflammés, sur les grands auteurs et la philosophie. Entre le patron du MoDem et Emmanuel Macron, il existe, selon le premier, une « relation privilégiée », faite d’un mélange de complicité intellectuelle et de respect politique. « Nous sommes infaillibles », assure le Béarnais.
Prévue de longue date ou organisée de manière opportune, la visite du chef de l’Etat, venu inaugurer ce vendredi 30 septembre, le centre culturel du Foirail à Pau, devait attester de ce lien indissociable. Il fallait voir les deux hommes se tenir la main, échanger des sourires, des regards complices et des câlins en déambulant dans l’ancienne foire aux bestiaux pour s’en convaincre. Et peu importe que l’extrait du film de Jean Renoir qui fut montré ce matin-là aux deux hommes politiques porte un nom évocateur : La Grande Illusion. Quand François Bayrou évoque les liens qui l’unissent au chef de l’Etat, lui viennent les mots de Charles Péguy : « Vous nous voyez marcher, nous sommes les fantassins (…) et leurs chapeaux à plumes avec leurs valets, ont appris ce que c’est que d’être familier, et comment on peut marcher, les pieds dans ses souliers, vers un dernier carré le soir d’une bataille. »
600 conversations en six ans
Un ancien membre de l’Elysée admet que l’agrégé des lettres, ancien ministre de l’éducation, a un statut particulier. Bayrou et Macron ont beau s’appeler « vous », ils se parlent plusieurs fois par semaine depuis six ans. Soit plus de 600 conversations, a calculé le centriste. Et Emmanuel Macron n’hésite jamais à se rendre dans sa ville, celle d’Henri IV, d’où l’on aperçoit les Pyrénées, où il a enterré sa grand-mère et laissé quelques souvenirs d’enfance.
Il n’est donc plus question de bataille. Même si moins de quinze jours séparent ces retrouvailles et le scandale provoqué en Macronie par François Bayrou. Le patron du Modem, qui revendique une certaine « folie », s’est offusqué, mi-septembre dans la presse, de la tentation présidentielle de « passer par la force » dans le dossier des retraites. Emmanuel Macron n’avait pas exclu l’adoption, en urgence et sans débat, d’un des projets les plus abrasifs de son programme en inscrivant la réforme dans un simple amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale, cet automne.
Le chef de l’Etat a finalement opté, mercredi, après plusieurs semaines de tension et un dîner à l’Elysée, où François Bayrou était notamment invité, pour une méthode plus consensuelle : un texte de loi ad hoc sera rédigé début 2023 , après trois mois de concertation avec les partenaires sociaux.
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