Lancé par L’Oréal Paris, l’ONG Right to Be et la Fondation des Femmes, le programme Stand Up vise à lutter contre le harcèlement de rue. Il comprend une formation en ligne gratuite sur la meilleure façon de réagir en cas de témoin. Nous sommes présents.

Armé du lien Zoom, je me suis connecté un peu avant 12h30, début des entraînements. L’atelier du 18 novembre offert par Stand Up est sur le point de commencer. Ce programme, lancé par L’Oréal Paris, l’ONG Right to Be et la Fondation des Femmes, vise à apprendre à agir face au harcèlement. Elle propose plusieurs formations en visioconférence, gratuites et accessibles à tous sur inscription.

Ce jour-là, c’est la sociétaire et chargée de projet de l’association Nantes Résonantes, qui vise à lutter contre les violences sexistes et sexuelles, qui est chargée d’animer l’exercice. Nous avons 68 personnes connectées. Avec le curseur de ma souris, j’ai fait défiler le chat où chacun s’est présenté : représentants d’associations, représentants du personnel, collectivités locales, élus mais aussi citoyens ordinaires, victimes et proches de victimes, une assemblée éclectique.

Les motivations sont variées. Certains participent « à titre professionnel », « à titre personnel » ou « les deux ». « Je suis maman d’une jeune fille de 15 ans qui souffre de harcèlement de rue. J’espère pouvoir mieux l’aider grâce à votre intervention », écrit la participante. L’adolescente est loin d’être la seule : ainsi 80 % des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel, rappelle l’oratrice.

Ne pas avoir peur d’intervenir

Dans la conversation, témoin de la pluie. Je les lis attentivement : « Quand ma fille est harcelée, elle dit son âge… Certains s’excusent, d’autres trouvent que ce n’est pas un problème », déplore une mère de famille. Se faire agresser par des laveurs, subir des regards déplacés, des sifflements et des bruits d’animaux, des gestes et commentaires déplacés, être suivi ou même assister à une exhibition publique… Le spectre du harcèlement dans les lieux publics est (malheureusement) très large.

Interactif, l’exercice débute par un sondage aux réponses anonymes : « A votre avis, quel pourcentage de personnes disent que lorsque quelqu’un intervient pour faire cesser le harcèlement, la situation s’améliore ? ». Quatre options s’offrent à moi. J’ai sauté à l’eau et j’ai rapidement répondu « 62% ».

Erreur : ce sera en fait 79 %. La plupart des répondants ont trouvé le pourcentage « correct », contrairement à moi. J’ai évidemment (encore) des choses à apprendre.

Il sera donc utile, sans grande surprise, d’intervenir en cas de témoin de harcèlement sexuel dans l’espace public. Oui mais comment? « C’est difficile de se rendre compte qu’une personne est harcelée, surtout quand on ne voit personne dans la rue ou dans les transports », écrit l’internaute dans le chat. « Notre objectif est que vous vous sentiez préparé et prêt à agir en toute sécurité, sans vous mettre en danger. Le but de cet exercice est de vous faciliter la prise du chapeau comme d’aider les autres », a expliqué le représentant. des Resonantes.

La règle magique des « 5D »

Pour ce faire, il nous a présenté la règle des « 5D ». Il m’était familier, mais j’ai réalisé dans la conversation que ce n’est pas pour tout le monde. « 5D » ? « Divertir, déléguer, documenter, diriger et dialoguer ». Pour voir comment mettre en œuvre ce modus operandi, nous regardons quelques vidéos. Une jeune femme a reçu des regards dans le bus de la part d’un homme placé un peu trop près d’elle.

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Un passager s’en aperçoit et décide de se placer entre les deux : il choisit alors l’option « dérangeant ». Dans un autre ordre, il signale la situation au chauffeur du bus : ici il « délègue ». Enfin, il prend des photos de la scène avec son téléphone : il « documente » la situation et recueille des preuves pour la victime.

C’est une façon bien précise de procéder qui ne doit pas être faite au hasard. « Avant de prendre une vidéo, vous devez évaluer sa sécurité », a déclaré l’animateur. « Si on filme, le seul but est de donner des preuves à la victime. La vidéo et la photo ne sont pas à nous. Si un jour il veut le faire, on lui donne la photo et la vidéo et on lui enlève », analyse le conférencier.

La documentation peut également fournir des informations, a posteriori, sur l’heure et le lieu de l’attaque. « Documenter c’est très bien, mais il faut s’assurer que les gens auront de l’aide à côté », prévient notre professeur du jour.

Les plus aventureux peuvent choisir de « diriger », c’est-à-dire d’intervenir directement auprès de la victime en demandant au harceleur de s’arrêter et de partir, ou de « dialoguer ». Une fois le harceleur parti, il s’agit d’aller voir la victime pour la rassurer, lui dire que le comportement du harceleur n’est pas normal et qu’il n’est pas fautif.

Puis, une vidéo d’une jeune femme victime d’une phrase à connotation sexuelle dans une salle de sport, puis une autre séquence de harcèlement dans un bar se succèdent. A travers le questionnaire, nous avons été interrogés sur notre choix d’intervention parmi les « 5D » pour chaque situation.

« Très instructif et motivant »

L’exercice favorise le partage. Dans le chat, les participants ont échangé numéros de hotline et conseils : « De plus en plus de bars ont des cocktails à commander spécifiquement [en cas de harcèlement] », accusant par exemple les internautes.

A 14h00, l’atelier s’est terminé. Il semble être efficace pour beaucoup. « Si vous êtes témoin d’intimidation aujourd’hui, pensez-vous qu’il y a au moins une chose que vous pouvez faire pour aider ? » demander le dernier sondage. J’ai répondu par l’affirmative. 98% d’entre nous ont coché la case « oui ».

Dans la discussion de groupe, grâce au flow. « C’est super merci, je me sens plus courageux », « Très instructif et motivant pour enrayer ce fléau du harcèlement », « Je me sentirai plus à l’aise dans cette situation » abonnement commentaire.

« Pouvez-vous nous donner d’autres dates ? J’ai envie de les partager avec mon entourage », a demandé l’un d’eux, en contrôle. Comme lui, je ne peux que vous conseiller de vous inscrire à cette formation sans erreur et facilement accessible, qui favorise les échanges et propose des solutions concrètes.

Attention, le nombre de places est limité : retrouvez ici les créneaux de formation et les modalités d’inscription.