Nicolas Sicard, directeur du programme de l’école d’ingénieurs Efrei, fait le point sur la formation et l’avenir des diplômés du numérique.
L’Efrei, école d’ingénieur généraliste en informatique et technologies du numérique de 4 500 étudiants et technophiles, gère deux campus, l’un en région parisienne, l’autre à Bordeaux. Nicolas Sicard, directeur du programme école d’ingénieur, revient sur l’évolution de l’offre, l’avenir professionnel des diplômés et la mise en avant de l’intelligence artificielle dans les cursus.
Silicon.fr – L’offre de formation est en cours de développement. Quel est le développement réalisé par Efrei ?
Nicolas Sicard – L’Efrei privilégie les cours individualisés ou à la carte.
L’éducation est de plus en plus interactive. Ils reposent sur la collaboration, sur la forme projet (design thinking, hackathons, challenges) et sur la professionnalisation. Nous pensons notamment à impliquer les entreprises dans la formation, à sponsoriser des programmes et à développer des certifications.
Nous formons nos étudiants aux fondamentaux techniques transversaux (cybersécurité, données/intelligence artificielle, cloud) communs à tous, quelle que soit la spécialisation en fin de cursus. Outre un socle technique solide, l’ingénieur Efrei développe une part non négligeable de compétences liées au savoir-être, au comportement, à la capacité à collaborer, y compris dans un autre contexte culturel au sens large : métier, international, etc.
Consciente de l’importance de ces sujets, l’Efrei intègre davantage les questions et enjeux de la transition socio-écologique (climat, empreinte carbone) et de la RSE (développement durable, éthique, environnement de travail et sécurité) dans l’enseignement.
NS – L’objectif est d’outiller les futurs ingénieurs pour mieux accompagner leur entreprise dans la prise en compte de ces enjeux.
C’est essentiel car le numérique représente à la fois un objectif en tant que secteur d’activité (influence sous forme de consommation d’énergie, transformation des modes/conditions de travail, diffusion/maîtrise de l’information, etc.) et un outil essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique , consommation des ressources, recherche , santé, agriculture. Mais aussi au service de la démocratie.
Après avoir obtenu leur diplôme d’ingénieur à Efrei, que font vos étudiants ?
NS – En termes de secteurs d’activité, une grande partie travaille dans les services informatiques/DSI aux entreprises (près d’un tiers), une autre partie importante va à l’industrie des technologies de l’information (TIC) (environ 20%).
Certains débutent leur carrière professionnelle dans un cabinet de conseil ou un bureau d’études (>10%). Le secteur Télécom, Automobile/Ferroviaire/Naval/Transport, Banque/Assurance représente environ 20% du total.
Le reste est réparti entre les autres secteurs d’activité.
La plupart d’entre eux (>40%) sont des consultants techniques, soit des ingénieurs de conception, de développement, de R&D ou de MOE. D’autres deviennent consultant/ingénieur en Business Intelligence ou sont analyste de données (~20%). D’autres encore sont des ingénieurs en sécurité informatique (un peu moins de 20%).
Ils se répartissent ensuite entre consultants et ingénieurs réseaux, systèmes et télécommunications (>5%), profils managers, managers fintech, consultants en management (>5%) et ingénieurs d’affaires, chefs de projets juniors et architectes SI (~5%).
L’intelligence artificielle redéfinit-elle l’ingénierie ?
NS – En partie parce qu’avec l’intelligence artificielle plusieurs métiers sont sur le point de disparaître.
L’IA et les robots remplaceront progressivement les activités exercées par l’homme dans un certain nombre de fonctions, notamment peu qualifiées (assistant, support). Dans d’autres cas, les robots aideront les humains à prendre des décisions (diagnostics médicaux, par exemple). Une connaissance et une compréhension de l’IA – et une capacité à communiquer avec elle – deviennent nécessaires, voire essentielles pour un ingénieur informatique.
D’autres activités et métiers, sans doute plus qualifiés, verront le jour en lien avec le développement de l’IA, notamment la conception, la formation, la maîtrise de l’intelligence artificielle et les enjeux éthiques associés.
Quant aux questions éthiques, une nouvelle législation européenne est en préparation (l’Intelligence Artificielle Act) pour tenter de gérer les risques sans ralentir ni entraver inutilement l’innovation. Elle entrera probablement en vigueur dans les prochains mois, et l’ingénieur informatique doit intégrer cette nouvelle législation et ses conséquences.