Face à l’offensive de ses concurrents, Nespresso s’apprête à lancer des capsules compostables à base de papier. Cependant, ces nouveaux pods ne remplaceront pas ceux en aluminium.

Nespresso, la filiale du géant suisse du café Nestlé, se lance à son tour dans la course aux dosettes compostables en réponse à ses concurrents qui tentent de gagner des parts de ce juteux marché en misant sur la carte zéro déchet. La marque représentée par l’acteur américain George Clooney va lancer des dosettes à base de papier compostables à domicile, « d’abord en France et en Suisse en 2023 », puis sur d’autres marchés en 2024, a révélé son directeur général, Guillaume Le Cunff, à l’AFP.

Comme les capsules annoncées il y a une dizaine de jours par Nescafé Dolce Gusto – autre marque Nestlé – elles sont pourvues d’une fine pellicule de biopolymère, également compostable, afin de préserver la fraîcheur du café. Aux commandes de Nespresso depuis 2020, Guillaume Le Cunff précise que ces nouvelles capsules, utilisables sur les machines actuelles, ne remplaceront pas les dosettes en aluminium mais donneront « une alternative » aux amateurs de café qui préfèrent composter leurs dosettes plutôt que de les apporter. retour au point de recyclage ou dans les magasins.

« C’est un complément. L’objectif est de donner le choix » explique-t-il, tout en précisant que cette nouvelle capsule a nécessité trois ans de recherche. « Nous devions créer des cafés qui fonctionnent avec cet emballage. Pendant que les ingénieurs travaillaient sur l’emballage, nos experts en café développaient de nouveaux cafés, travaillaient sur la torréfaction et le broyage », se souvient-il, soulignant qu’il a pris 28 prototypes avant de trouver la solution.

Beaucoup jetées, peu recyclées

D’autres marques se sont déjà lancées dans le compostage, comme l’américain Keurig, qui a mis au point une capsule en polypropylène, un plastique recyclable dans certaines déchetteries, facile à ouvrir pour le vider et composter le café. La chaîne de supermarchés suisse Migros a pour sa part dévoilé en septembre des dosettes sans aucun emballage, en forme de boule, recouvertes d’une fine pellicule à base d’algues. Compostables au jardin, ils nécessitent cependant une nouvelle machine.

Migros a de très fortes ambitions pour ces dosettes compostables, lancées en Suisse mais aussi en France, l’un des plus grands marchés de Nespresso, avant de s’attaquer l’an prochain au marché allemand. Pour séduire les consommateurs, Migros met en avant des arguments environnementaux, affirmant que les dosettes traditionnelles génèrent environ 100 000 tonnes de déchets par an, dont beaucoup finissent à la poubelle sans être recyclés. « Nespresso reste le leader sur le segment du café portionné. Cependant, il y a plus de concurrence », a déclaré à l’AFP l’analyste de Kepler Cheuvreux, Jon Cox.

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Avec des ventes de 6,4 milliards de francs suisses (un montant équivalent en euros) en 2021, Nespresso est la deuxième marque de café au monde derrière Nescafé, et la première en Europe occidentale, selon le cabinet Euromonitor International. Lancée en 1986, la dosette Nespresso a révolutionné la consommation de café en Europe en permettant de préparer un expresso à la maison. Son succès avait rapidement suscité les convoitises et donné lieu à de féroces batailles devant les tribunaux pour tenter d’empêcher l’arrivée de capsules compatibles avec ses machines.

Prudence des ONG environnementales

Si la concurrence s’était alors faite sur le prix, les organisations environnementales regardent avec prudence cette nouvelle bataille des produits compostables. Pour Florian Kasser, expert consommation et économie circulaire chez Greenpeace Suisse, les alternatives compostables sont « un petit pas en avant ». Mais « le problème avec ces innovations, c’est qu’elles donnent l’impression qu’on peut consommer du café sans aucun problème environnemental », a-t-il fait valoir dans un entretien à l’AFP.

Selon lui, ils vont « dans la mauvaise direction » car comme la viande ou les produits laitiers, le café fait partie des denrées qui ont « une très mauvaise empreinte écologique » qu’il faut plutôt rechercher « pour en réduire la consommation ». Larissa Copello, chargée de la consommation à l’ONG Zero Waste, craint aussi que « les consommateurs en déduisent à tort que si ça composte dans mon jardin, ça peut aussi se dégrader dans la nature », avec le risque de détritus sauvages, prévient-elle.

Avec le lancement de ces nouvelles capsules, Nespresso va créer un groupement d’intérêt appelé l’Union des Acteurs du Compostable, regroupant des organismes publics, des entreprises, des ONG et des opérateurs de collecte des déchets pour sensibiliser les consommateurs au compostage, a expliqué son directeur. général.