Nespresso a beau rappeler à qui veut l’entendre que le café en grains n’est pas plus vertueux d’un point de vue environnemental que le café en dosettes, le public ne lui emboîte plus le pas. En effet, il a été démontré que ce qui pollue le plus, dans la consommation de café en dosette, c’est la production de grains et de graines, ainsi que l’énergie électrique nécessaire à la machine, et non la production et le recyclage de l’aluminium. capsule, sa taille optimise la consommation d’énergie. Mais rien n’y fait. Dans la grande distribution, les ventes de céréales, encore très minoritaires (10 % du marché) explosent de 38 % en 2021.
Alors Nespresso, filiale du géant suisse Nestlé, s’est lancé à son tour dans la course aux dosettes compostables en réponse à ses concurrents qui tentaient de se tailler une part de ce marché passionnant en misant sur les cartes zéro déchet. La marque représentée par l’acteur américain George Clooney va lancer des dosettes à base de papier compostables à domicile, « d’abord en France et en Suisse en 2023 », puis sur d’autres marchés en 2024, a indiqué à l’AFP son directeur général, Guillaume Le Cunff.
Comme les capsules annoncées il y a dix jours par Nescafé Dolce Gusto — une autre marque Nestlé — elles possèdent une fine couche de biopolymère, également compostable, pour garder le café frais.
Inutile de changer de machine à café, la dosette compostable remplace celle en alu
Aux commandes de Nespresso depuis 2020, Guillaume Le Cunff a déterminé que ces nouvelles capsules, utilisables dans les machines actuelles, ne remplaceront pas les dosettes en aluminium mais offriront une « alternative » aux amateurs de café qui préfèrent composter leurs dosettes plutôt que de les transporter. avec eux. retour aux points de recyclage ou dans les magasins.
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« C’est complémentaire. Le but est d’offrir des choix », a-t-il expliqué, expliquant que la nouvelle capsule a nécessité trois ans de recherche. « Nous devions faire du café qui rentrerait dans cet emballage. Pendant que les ingénieurs travaillaient sur l’emballage, nos experts en café développaient de nouveaux cafés, travaillaient sur la torréfaction et la mouture », se souvient-il, soulignant qu’il avait pris 28 prototypes avant de trouver une solution. .
Nespresso fait face à des concurrents ambitieux
D’autres marques se sont lancées dans le compostage, comme l’américain Keurig qui a développé des capsules en polypropylène, un plastique recyclable dans certaines déchetteries, faciles à ouvrir pour les contenants vides et compostables pour le café.
La chaîne de supermarchés suisse Migros a pour sa part lancé en septembre des dosettes non emballées, en forme de boules, recouvertes d’une fine couche à base d’algues. Peuvent être utilisés comme compost dans le jardin, mais ils nécessitent une nouvelle machine.
Migros a de très fortes ambitions pour ces dosettes compostables, lancées en Suisse mais aussi en France, l’un des plus gros marchés de Nespresso, avant de toucher le marché allemand l’année prochaine. Pour séduire les consommateurs, Migros avance un argument environnemental, affirmant que les dosettes traditionnelles génèrent environ 100 000 tonnes de déchets par an, dont une grande partie finit en décharge sans être recyclée.
Prudence des ONG environnementales
« Nespresso reste le leader sur le segment du café portionné. Cependant, il y a plus de concurrence », a déclaré à l’AFP l’analyste de Kepler Cheuvreux, Jon Cox. Avec des ventes de 6,4 milliards de francs suisses (équivalent en euros) en 2021, Nespresso est la deuxième marque de café au monde après Nescafé, et la première en Europe occidentale, selon la société Euromonitor International.
Lancées en 1986, les dosettes Nespresso ont révolutionné la consommation de café en Europe en rendant possible l’infusion d’espresso à la maison. Son succès engendre rapidement la cupidité et donne lieu à de féroces batailles judiciaires pour tenter d’empêcher l’arrivée d’une capsule compatible avec son moteur.
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Si la concurrence se fait alors sur le prix, les organisations environnementales assistent avec prudence à cette nouvelle bataille des produits compostables. Pour Florian Kasser, expert consommation et économie circulaire chez Greenpeace Suisse, l’alternative au compost est « un petit pas en avant ». Mais « le problème avec ces innovations, c’est qu’elles donnent l’impression qu’on peut consommer du café sans souci environnemental », a-t-il fait valoir dans un entretien à l’AFP.
Selon lui, ils vont « dans la mauvaise direction » car, comme la viande ou les produits laitiers, le café fait partie des aliments qui ont une « très mauvaise empreinte écologique » dont au contraire « la consommation devrait être réduite ».
Larissa Copello, responsable de la consommation à l’ONG Zero Waste, s’inquiète aussi que « les consommateurs se trompent en concluant que si ça composte dans mon jardin, ça peut aussi se dégrader dans la nature », au risque de déchets sauvages, prévient-elle.
Avec le lancement de ces nouvelles capsules, Nespresso va constituer un groupement d’intérêt baptisé Compostable Actors Union, regroupant organismes publics, entreprises, ONG et opérateurs de collecte des déchets pour sensibiliser les consommateurs au compostage, a expliqué son directeur général.