C’est la sixième fois que le groupe mène ici ce type d’opération, réclamant l’interdiction, au nom de l’environnement, des écailles des géants des mers. Les deux à cause de leurs émissions : « Un navire à passagers émet, chaque jour, autant de particules fines qu’un million de voitures », précise Extinction Rebellion. Et pour leur voracité : « En plus, ils ont besoin de plus d’énergie quand ils ont des hôtels, des casinos ou même des piscines chauffées à bord. »
Par exemple, le « Azamara Pursuit » est un navire de 30 000 tonnes à 11 ponts d’une capacité de 700 passagers et propulsé par quatre moteurs diesel.
« Du côté des touristes, l’action avait l’air amusante », note Extinction Rebellion. Il y a ceux qui ont dit bonjour et qui se sont même permis un petit pas de danse avant de retourner à leurs occupations. »
Innocents
A Bordeaux, il y en a d’autres qui ne s’amusent plus de ces coups de gueule contre les paquebots de croisière. A commencer par Laurence Bouchardie, coordinatrice des croisières bordelaises au Grand Port Maritime.
Pour elle, c’est une mauvaise épreuve qu’on fait dans les paquebots. Car une étude indépendante Atmo publiée il y a quatre ans a déjà « effacé » leurs taux de pollution. « Je vous renvoie au résumé de leurs conclusions, ce n’est pas nous qui le disons », invite Laurence Bouchardie. « Enfin, cette étude montre que le trafic des navires maritimes a un impact négligeable sur les concentrations d’oxydes d’azote et de particules PM10 dans les bassins de Bordeaux », peut-on lire sur le site Atmo, qui poursuit : « Le trafic routier et le fond urbain sont les principales sources de ces concentrations. »
De son côté, Extinction Rebellion met en avant une autre étude, liée à une autre substance : « La Fédération Européenne des Transports et de l’Environnement annonce que l’ensemble de la flotte de Carnival Corporation, qui possède des bateaux similaires au ‘Azarama Pursuit’, émet 10 fois plus d’oxyde de soufre que l’ensemble de la flotte européenne. »
Laurence Bouchardie dénonce également un argument fallacieux. « Mais Carnival, c’est la moitié de la flotte mondiale ! » Bordeaux, c’est 26 escales par an… De quoi parle-t-on ? »
Pas que beaux ?
Le Port met également en avant les actions menées pour réduire l’impact des navires de croisière dans le cadre de sa charte environnementale. « Dès leur entrée dans l’estuaire, ils doivent utiliser le carburant le moins soufré, réduire leur vitesse à 30 % de la cylindrée du moteur et utiliser le courant de marée pour réduire leur puissance. Ce n’est pas parce que l’impact de l’activité de revêtement a été jugé négligeable qu’il ne peut plus être réduit. Nous y travaillons. »
La pollution visuelle restera-t-elle, peut-être ? Chaque marche du paquebot ne fait-elle pas surgir un édifice flottant, comme si un morceau de La Grande-Motte occupait les quais néoclassiques classés par l’Unesco ? « C’est un point de vue », répond Laurence Bouchardie. Il y a aussi beaucoup de gens qui viennent sur les quais spécialement pour photographier les paquebots parce qu’ils pensent que c’est une belle vue. »
Qu’on imagine même qu’un navire défigure les quais, Laurence Bouchardie ne peut l’expliquer : « Si Bordeaux a été classé par l’Unesco, c’est en tant que port. Et si la ville s’est développée à cet endroit précis c’est parce qu’elle possède un tirant d’eau naturel pouvant accueillir tout type de bateau ! »