Fin septembre, les autorités sanitaires recensaient 26 cas de dengue autochtone (c’est-à-dire locale et non importée de l’étranger) en France métropolitaine depuis le début de l’année. En 2020, 14 cas de dengue autonome ont été recensés et en 2021, 2 cas. Une augmentation qui inquiète autorités et riverains. Au point que plusieurs mairies ont procédé en septembre à des opérations de démoustication, notamment à Saint-Didier-au-Mont d’Or (Rhône), à Arès (Gironde), à Strasbourg (Alsace) et près de Toulouse (Haute-Garonne). . Si cette maladie est encore rare, elle s’installe en France. C’est pourquoi Notre Temps vous donne six informations importantes sur la dengue.
Pourquoi parle-t-on de plus en plus de cette maladie en France?
La dengue est la maladie virale transmise par les moustiques la plus répandue dans le monde. Au total, cela représente 400 millions d’infections par an. En France, elle se transmet presque exclusivement par la piqûre du moustique tigre. Si dans les Outre-mer, des épidémies sévissent chaque année pendant les saisons chaudes et humides depuis longtemps, sur la métropole, le moustique tigre a été observé jusque dans les années 2000… et avec lui des cas de fièvre dengue.
Ils sont de deux types : importés, c’est-à-dire la personne qui a attrapé le virus à l’étranger, mais qui développe des symptômes dès son retour. « De nombreux cas de dengue sont importés chaque année depuis 20 ans », souligne Louis Lambrechts, responsable de l’unité Interactions virus-insectes à l’Institut Pasteur. Mais le plus inquiétant, c’est que les « cas indigènes » se multiplient : la personne est piquée par un moustique infecté, en France. « Il y a des micro-épidémies sporadiques, mais elles ont tendance à être plus fréquentes et à toucher de nouveaux départements », poursuit le chercheur. Cependant, il est peu probable que la tendance s’inverse puisque le moustique vecteur du virus colonise toute la France. « Au début, c’était surtout sur la Côte d’Azur, mais ça a beaucoup progressé vers le Nord, résume-t-il. Il est maintenant implanté en Alsace, en Ile-de-France, en Val de Loire… » Sur la carte du Ministère, on voit que seules les régions Bretagne et Normandie sont épargnées (pour le moment).
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Quels sont les symptômes de la dengue?
Forte fièvre, fatigue intense, courbatures… Ça vous dit quelque chose ? Ces symptômes peuvent être confondus avec ceux de la grippe ou du Covid-19. Il n’en reste pas moins que si vous ressentez ces symptômes en décembre, il y a de fortes chances que ce soit la grippe et non la dengue, puisque les moustiques piquent durant l’été… « Parfois, les patients ont une éruption cutanée, des rougeurs et des petites bosses », dit Louis Lambrechts.
Autre problème qui retarde le diagnostic : les médecins traitants ne pensent pas spontanément à la dengue lorsque leur patient ne revient pas d’un pays tropical. Enfin, ces symptômes surviennent entre 4 et 10 jours après la piqûre de moustique. Une longue période d’incubation qui complique aussi le diagnostic : on peut développer la maladie une semaine après son retour de vacances, quand le soleil et les moustiques ne sont plus qu’un lointain souvenir…
Quand faut-il s’inquiéter?
« La majorité des infections par le virus de la dengue sont bénignes, dans le sens où elles ne mettent pas la vie en danger, rassure le chercheur. Cependant, un faible pourcentage de cas peut évoluer vers une dengue sévère, provoquant une hémorragie interne. »
Malheureusement, il n’existe pas de traitement spécifique pour la dengue. Il faudra donc se contenter de doliprane pour faire baisser la fièvre et soulager la douleur. Mais surtout pas d’aspirine, qui a un effet anticoagulant. Il existe un risque accru d’hémorragie interne dans la dengue sévère. « On ne peut que surveiller la personne pour être sûr que la personne ne se détériore pas, avoue le chercheur. Et surtout les symptômes inhabituels : si on a des douleurs oculaires, des maux de tête, des vomissements, des douleurs musculaires, des douleurs osseuses… » Si tel est le cas Dans ce cas, il est préférable de contacter votre médecin ou un service de médecine tropicale.
Peut-on avoir plusieurs fois cette maladie?
https://www.pasteur.fr/frOui, et c’est une information importante. « Pas une dengue, mais quatre types de virus, poursuit Louis Lembrechts. Donc on peut être jusqu’à quatre fois. Pire, « si on a déjà été infecté par le premier type de dengue, on a plus de chances de se développer de manière intensive. la dengue lorsqu’elle est infectée par une autre forme » ! Pourquoi ? » Les anticorps produits par la première infection reconnaîtront partiellement l’autre forme du virus, mais ne seront pas assez bons pour les neutraliser. Au contraire, ils faciliteront l’infection. »
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Quels sont les bons gestes de prévention?
Aujourd’hui, en l’absence de traitement spécifique, les autorités sanitaires recommandent une protection contre les moustiques. Si vous séjournez dans un département infecté par le moustique tigre, mieux vaut se promener avec des vêtements longs, ne pas oublier son répulsif et éliminer toutes les sources d’eau où se propagent les larves. « Comme on sait que le moustique tigre pique le jour, on ne peut pas s’en protéger avec une moustiquaire !, reconnaît le directeur de recherche de l’Institut Pasteur. Et que leur pic d’activité se situe en fin de matinée et en fin d’après-midi. » A l’aube, il est donc temps de sortir son pantalon et son anti-moustique.
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Quelles sont les pistes du côté de la recherche?
Il existe un vaccin, mais il n’est pas autorisé en France. Car inefficace, voire dangereux. En effet, « on s’est rendu compte que le vaccin a un effet négatif : il agit comme une primo-infection et il y a un risque de maladie grave chez les personnes qui n’ont jamais été infectées si elles rencontrent le virus », révèle le chercheur. Ce qui, en revanche, garantit qu’il existe plusieurs vaccins candidats en phase de développement. « Mais nous ne savons toujours pas à quel point ils seront efficaces et s’ils pourront être distribués à grande échelle. »
Une nouvelle méthode a été testée, notamment en Floride : les moustiques OGM. « Nous allons stériliser génétiquement les mâles, ce qui élimine efficacement la prochaine génération », explique-t-il. Une voie qui n’est pas attendue en France pour le moment. « Mais il y a une autre méthode, plus prometteuse, poursuit Louis Lambrechts. On va infecter les moustiques avec des bactéries, ce qui empêche l’insecte de transmettre le virus, comme un antidote. » Une étude en Indonésie a montré que les habitants du quartier où les moustiques ont infecté avec la bactérie libérée avait un risque 77% moins élevé d’attraper la dengue que les autres résidents du quartier. »
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