Qui peut donner son corps à la science?
Adultes non supervisés seulement. Surtout, ils doivent rédiger en toutes lettres à la main un testament signé précisant qu’ils laissent leur corps à la science. « Il arrive qu’une famille nous appelle en disant que sa mère voulait faire don de son corps, mais ce n’est pas possible, les proches ne peuvent pas se substituer au donneur », pointe Jean-Pierre Faure, chargé du don du corps à l’université de Poitiers. . Il y a environ 3 000 dons de corps à la science chaque année en France.
Quelle démarche faut-il faire?
Il appartient au donneur de trouver un établissement, près de chez lui, qui aurait besoin de ce corps. Vous pouvez contacter ces établissements de formation et de recherche ou de santé par téléphone sur le site du ministère de l’enseignement supérieur. Ou téléchargez les documents nécessaires à remplir sur le site internet de l’établissement.
Une fois toutes les informations échangées et le souhait confirmé par écrit, l’établissement qui accepte le don doit également signer ce document. Une carte de donneur est alors délivrée à cette personne, qui doit toujours l’avoir sur elle.
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À quoi va servir ce don?
A la formation et à la recherche. « Apprendre l’anatomie dans les livres, c’est bien, mais c’est aussi intéressant de le faire sur un corps réel, en 3 dimensions, résume Jean-Pierre Faure. Dans un livre, les artères sont en rouge et il n’y a rien derrière le cœur… » Un autre . besoin : les élèves peuvent s’entraîner sur ces corps pour les opérations. « Il est important avant d’opérer un patient de l’avoir fait dans un environnement où il n’y a pas de risque. Les modèles sont bons pour les médecins, moins pour les chirurgiens ! C’est encore loin de ce qui se passe dans le bloc. »
Pour rester au plus près de la réalité, l’Université de Poitiers innove avec Sim Life. « Lorsqu’un corps arrive au centre de don de corps, nous disséquons l’artère au niveau du cou et des tubes de débit, prélevons le sang puis maintenons le corps à -23 degrés. Quand nous en avons besoin, nous le décongelons et nous . se connectera à une machine qui envoie un liquide rouge chaud dans les artères, qui imite le sang, et cela permet à la consistance des tissus d’être plus proche de celle d’une personne vivante. Depuis, cette technique a été utilisée dans de nombreuses universités
Quant aux travaux de recherche, l’utilisation de l’organisme dépend des atouts de chaque université. « A Poitiers, on travaille sur la biomécanique : les prothèses de hanche et de genou, comment soigner les fractures », poursuit le médecin. Dans d’autres universités, c’est le cerveau du donneur qui aidera les chercheurs à avancer.
À quelles conditions le corps sera-t-il accepté?
L’université pourra recevoir le corps et l’utiliser dans un délai de six mois à un an après le décès. Pour cela, il faut
En savoir plus > Don d’organes après décès : modalités et explications
Qu’a changé le décret voté en avril 2022?
Avant le décret voté en avril 2022, la gestion des corps dévolus à la science n’était pas homogène sur l’ensemble du territoire. Le scandale du « chantier des Saints-Pères » a été un choc électrique. En effet, L’Express révélait, en novembre 2019, des dysfonctionnements et des malversations au Centre du don des corps de la rue des Saints-Pères, à Paris. Les corps étaient conservés dans des conditions terribles.
« Le décret d’avril remet la volonté du donateur au centre du jeu », résume Jean-Pierre Faure. Avec deux gros changements. La première est que le donateur doit désigner une personne de référence, qui sera le correspondant privilégié. « Ce qui nous inquiète le plus, c’est quand quelqu’un veut faire don de son corps à la science, mais qu’il n’en a pas parlé à sa famille, explique le médecin. Ce don nécessite un départ assez rapide du corps, on reconnaît volontiers que le processus de deuil peut être difficile. » Deuxième changement, le plus important avec ce décret d’avril : la famille peut récupérer le corps du défunt.
Les familles peuvent-elles récupérer le corps de leur proche?
Oui, et c’est depuis peu que cette possibilité est automatique pour tous les donateurs. « Historiquement on ne pouvait pas lever l’anonymat, donc on ne pouvait pas donner les cendres à la famille, poursuit le médecin. Alors qu’aujourd’hui, les donneurs ont le choix entre trois options. Soit ils veulent que l’anonymat soit respecté et dans ce cas, ses cendres sont déposés au cimetière ou dispersés dans le jardin de la mémoire, ou les cendres peuvent être remises à la famille, dans ce cas, c’est l’université qui s’occupe de la crémation et propose une petite cérémonie pour transmettre les cendres, par contre . l’urne funéraire doit être fournie par la famille. »
Enfin, troisième possibilité, le corps du donneur peut être restitué à la famille dans un cercueil scellé. Qu’en est-il des frais ? « L’université fournit le cercueil, mais la famille paie le transport et l’éventuelle cérémonie », précise Jean-Pierre Faure.
Une petite révolution dans ce monde du don de corps à la science. « On a souscrit avec plaisir, je pense que ça va ouvrir le don du corps, espère Jean-Pierre Faure. On fait systématiquement une cérémonie avant la Toussaint, cette année ce sera ce vendredi, pour les familles des donneurs. ont discuté avec eux, c’est toujours la même question qui revient : « c’était pour quoi ? ». Alors souvent, notre réponse rassure les familles qui répondent : « c’est ce qu’il voulait ». Les gens repartent rassurés et en paix. . »
Est-ce que la famille peut s’opposer au don du corps?
Non. D’où l’importance de parler à votre famille de vos souhaits et de désigner une personne de référence, un proche, pas nécessairement un proche, qui s’assurera que les souhaits du donneur seront respectés.
Le donneur peut-il changer d’avis?
Absolument, il peut changer d’avis à tout moment. Pour communiquer sa décision, il adresse une demande écrite à l’établissement qui lui a délivré la carte.