Plusieurs experts du crédit mettent en garde contre un nombre alarmant de demandes de prêt qui ont été rejetées en cette année 2022. Le gouverneur de la Banque de France, pour sa part, juge ces chiffres peu crédibles.
Près d’un dossier de demande de crédit immobilier sur deux serait aujourd’hui rejeté par les banques, selon certains acteurs du secteur. Notamment : la hausse des prix de l’immobilier depuis le début de l’année, qui avoisine les 2 %. Mais aujourd’hui le taux annuel effectif global (TAEG) ne peut dépasser le taux d’usure, seuil au-dessus duquel une banque ne peut pas prêter. Celles-ci sont de 2,60 % pour les prêts de moins de 20 ans et de 2,57 % pour les prêts d’une durée de 20 ans ou plus.
Le problème, qui est remarqué par plusieurs courtiers, est que ce taux bloque de nombreux ménages qui sollicitent le prêt. Le TAEG représente le coût total du prêt, c’est-à-dire qu’il prend également en compte le coût de l’assurance de prêt, l’ensemble des frais de dossier et les garanties obligatoires. Cependant, cela peut entraîner une augmentation rapide de l’APR.
Un relèvement du taux d’usure jugé risqué
Pour François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, « certains courtiers qui réclament cette hausse des tarifs logement, réclament un taux d’éviction (autrement dit une saisine de crédit auprès des banques, rédaction) de plus de 40% du Crédit immobilier. Ces chiffres ne sont pas très crédibles », a-t-il déclaré au quotidien Ouest-France.
Pire, si une hausse du taux d’usure est effectivement constatée, cela pourrait pénaliser davantage les emprunteurs. « Les prêteurs qui demandent une hausse supplémentaire du taux logement sont ceux qui veulent pouvoir emprunter davantage aux Français », estime-t-il. « Par ailleurs, aucune association représentant les emprunteurs et les familles n’a demandé une augmentation du taux d’usure. Nous sommes aussi là pour protéger les ménages et les emprunteurs ».
Par ailleurs, la Banque de France refuse l’exclusion du marché des primo-accédants ou des ménages les moins agréés. « Nous n’en voyons aucun signe probant. Cependant, nous restons vigilants et si cela change, nous n’hésiterons pas à réagir. Les primo-accédants, qui sont souvent des ménages un peu moins aisés, conservent une très grande les nouveaux crédits immobiliers, avec près de la moitié des nouveaux crédits immobiliers pour l’acquisition d’une résidence principale, en 2022 a-t-il expliqué.