Mila a obtenu l’agrément de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) qui lui confère le statut d’assureur. La startup, qui adresse le secteur de l’immobilier à travers une offre de loyers impayés, lève 10 millions d’euros pour se développer.

Et cinq Mila, co-fondée en 2020 par Gérard Deray et Jean Boucher, devient la « cinquième entreprise en l’espace de 50 ans » à recevoir l’agrément de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Il n’aura fallu que huit mois à AssurTech pour obtenir le précieux sésame qui lui confère officiellement le statut d’assureur. Parmi ceux qui l’ont précédé figurent désormais des noms connus de l’écosystème : Alan, Seyna, MIC Insurance et plus récemment Acheel.

Mila a répondu aux exigences de l’ACPR. « Il faut présenter un business plan très détaillé. Nous avions aussi 10 millions d’euros de fonds propres, ainsi que des réassureurs qui nous soutiennent. De plus, nous avons fait appel à des experts d’assureurs traditionnels comme Allianz ou Macif », explique Gérard Deray, estimant que le processus qui aboutit à un dossier de 1 500 pages est comparable à « l’ascension de la face nord du Mont-Blanc » encore que « l’ACPR a été exemplaire dans la manière dont elle a instruit le dossier ». Leur obstination a été récompensée, puisque le jeune bourgeon annonce également une collecte de 10 millions d’euros, réalisée auprès de Breega et de business angels – qui porte son financement total à 12 millions d’euros-.

15% de bailleurs à l’abri du loyer impayé

Mila ambitionne de disrupter un marché qui est au cœur des préoccupations des Français : l’accès au logement. « Les exigences financières des futurs locataires sont fortes, mais les contraintes législatives pesant sur les propriétaires sont tout aussi fortes », précise Gérard Deray, qui espère « concilier ces deux volets afin d’accélérer l’accès au logement avec une offre qui se targue de place dans les services numériques.

Selon la startup, qui vient de signer ses premiers clients, le jeu en vaut la chandelle. « On pourrait penser que tous les propriétaires sont assurés pour ne pas courir le risque de ne pas pouvoir payer leur hypothèque. Pourtant, on estime que seulement 15% du marché est couvert », pointe Gérard Deray, selon qui l’utilisation des données – combinée à la condition d’assureur – permettra d’inverser la tendance.

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Pour lutter contre les loyers impayés, Mila a lancé une batterie de services digitaux. Pour le bailleur, c’est la garantie d’une vérification des antécédents des candidats locataires pour « mettre fin à l’incertitude ». « En cas d’incident, nous indemnisons le mois en cours. Chose qui ne se fait nulle part ailleurs », précise le co-fondateur, précisant que « chaque assuré a un conseiller désigné » pour faciliter la déclaration du sinistre.

Une réserve de fonds propres réglementaires

Mais l’offre InsurTech vise, dans le même temps, à élargir l’éligibilité des locataires à certains logements. « On a un taux d’acceptation supérieur de 40% en moyenne car notre assurance loyers impayés protège le bailleur », note Gérard Deray, qui indique que cela conduit à accepter des candidatures de candidats avec un salaire qui représente « deux loyers et demi, au lieu de trois dans la plupart des cas.

Autre avantage, selon le responsable : les profils qui ont souvent du mal à se loger seront davantage pris en compte. « Prenons une personne au chômage, mais qui gagnait bien sa vie et qui avait de l’argent à revendre. Il n’y a aucune raison tangible de rejeter votre candidature, surtout si vous avez droit aux allocations de Pôle Emploi pendant encore quelques mois », explique Gérard Deray.

Sa levée de fonds de 10 millions d’euros doit permettre à Mila de développer de nouveaux services et d’améliorer encore l’expérience utilisateur. L’entreprise, qui compte 12 employés, compte étoffer ses effectifs en recrutant des analystes et développeurs de données, ainsi que des responsables des communications et des ventes. Elle espère franchir le cap des 20 salariés d’ici fin 2022, date à laquelle elle devra également avoir atteint son objectif de sécurisation de « plusieurs dizaines de milliers de lots ».

Mais la table ronde annoncée aujourd’hui porte principalement sur la constitution d’un tampon de capital réglementaire. « Nous ne prévoyons pas de dépenser plus de 3 millions d’euros. Dans sa structure, Mila ne fait pas courir un grand risque à ses investisseurs », souligne Gérard Deray, qui estime avoir l’ambition d' »être plus intelligent en matière de couverture des risques ». Mila aimerait, à l’avenir, pouvoir déterminer si les loyers sont mieux payés dans la ville X que dans la ville Y ou la typologie des occupants qui payent mieux ce montant mensuel.