► Quelles sont les scénarios à l’étude ?

« Les modalités ne sont pas fixes. Nous n’écartons aucune hypothèse », a confié jeudi 15 septembre à France 2 le ministre du Travail Olivier Dussopt, qui reçoit les partenaires sociaux lundi 19 septembre, pour engager avec eux une « consultation » sur la réforme des retraites.

La première possibilité serait celle d’une accélération de la réforme dite Touraine de 2014, qui prévoit une augmentation progressive de la durée de cotisation nécessaire à une retraite à taux plein : d’un peu plus de 41 ans en 2020 à 43 ans en 2035 pour les générations nées après 1973. Sans toucher à l’âge légal, cet allongement permet de retarder l’âge réel de sortie : de 62,4 ans aujourd’hui, il devrait atteindre près de 65 ans en 2040 selon le Pension Guidance Council (COR).

Le calendrier pourrait être avancé : non plus 2035, mais 2030, voire 2026, craignent les syndicats, unanimes à rejeter tout durcissement du système tourangeau. Lors de son congrès de juin à Lyon, la CFDT s’y est même explicitement opposée.

Mais cette première voie pourrait s’avérer insuffisante pour assurer l’équilibre financier des retraites. D’où la question du relèvement de l’âge légal de 62 ans à 64 ou 65 ans, comme l’avait proposé Emmanuel Macron pendant sa campagne. Une augmentation progressive serait envisagée, en commençant par les générations nées après le 1er juillet 1961 qui, à compter de juillet 2023, verraient l’âge légal passer à 62 ans et 4 mois.

► Quelles contreparties ?

Avec les anciennes mesures un drapeau rouge pour les syndicats, le gouvernement a quelques contreparties. Tout d’abord, autre promesse du candidat Macron, l’augmentation de la cotisation minimale (le minimum de retraite), qui pourrait s’élever à 1 100 € pour une carrière complète (741,64 € aujourd’hui).

Parallèlement à la réflexion sur une mesure de l’âge, le gouvernement souhaite également travailler sur l’emploi des seniors. Ceci pour répondre à ceux qui rappellent qu’il ne sert à rien de repousser l’âge de la retraite alors que les seniors sont contraints de quitter les entreprises beaucoup plus tôt : aujourd’hui, près d’un senior sur deux n’est plus en emploi au moment où il s’acquitte de sa retraite. Le gouvernement souhaite donc travailler sur l’aménagement des fins de carrière et concilier emploi et retraite.

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Autre projet : la pénibilité. Dans sa campagne, Emmanuel Macron s’était montré ouvert au fait que les transports de charges lourdes ou de risques chimiques, exclus du dispositif de pénibilité pendant les cinq premières années, redeviennent des critères de pénibilité qui lui permettent de liquider sa retraite. avant l’âge légal de la retraite. Les entreprises sont favorables mais réticentes à un système trop compliqué, par exemple pour des salariés qui n’ont exercé un métier difficile qu’une partie de leur carrière.

► Que faire des économies ?

Le gouvernement ne cache pas qu’une réforme des retraites doit conduire à des économies pour financer d’autres secteurs. C’est ainsi que la dépendance ou l’éducation ont été évoquées. « C’est possible : il y a déjà tout un pipeline entre le budget de l’Etat et celui de la Sécurité sociale », assure le président du COR, Pierre-Louis Bras.

« L’argent des pensions devrait aller aux retraités. Le travail ne doit pas seulement financer la santé ou l’éducation », rappelle la CFDT, qui proposait de financer la dépendance par un impôt sur les successions. Mais cela va à l’encontre de la volonté du gouvernement de ne pas créer une nouvelle taxe.

Cependant, des doutes subsistent sur la réalité des économies. Une étude réalisée pour le COR a montré que l’augmentation de l’âge de la retraite, tout en permettant l’épargne dans le régime vieillesse, pouvait augmenter d’autres dépenses sociales comme le chômage ou la prise en charge des maladies professionnelles.

Selon Ulysse Lojkine, doctorant à l’Ecole d’économie de Paris, le relèvement de l’âge de la retraite ferait passer la pension moyenne des retraités les plus modestes de 16,5 à 14 ans, multipliant par deux leur risque de mourir avant de partir. « Les politiques publiques ne peuvent être considérées que d’un point de vue comptable, mais aussi en tenant compte de leurs effets sur le bien-être, rappelle Pierre-Louis Bras. Or, si on travaille plus, on a aussi moins de ce temps libre qui contribue au bonheur. »