A 50 ans, le corps d’une femme change, tout comme sa sexualité. La faute à la ménopause ? Pas seulement. Comment continuer à vouloir tomber amoureux ? Et en profiter ? Pourquoi certaines femmes découvrent-elles l’orgasme à cet âge ?

Perte de la libido à la ménopause : mythe ou réalité ?

Selon une étude publiée en février 2020, 15% des femmes ménopausées ou préménopausées vivent mal la transition ménopausique, et 36% constatent une diminution du désir sexuel (libido). Une vraie relation de cause à effet ? « La ménopause est certes caractérisée par des changements hormonaux, comme une baisse du taux d’oestrogène, qui sont des hormones qui jouent un rôle dans la libido, mais elles n’interviennent pas seules. Il existe aussi des hormones – la testostérone – au niveau des surrénales qui affectent le désir sexuel. Ces hormones ne chutent pas pendant la ménopause.La libido n’est donc pas uniquement liée aux oestrogènes et peut rester normale même après la ménopause, rassure le Dr Christelle Besnard-Charvet, gynécologue-obstétricienne.Le désir peut exister jusqu’à 50 ans, 60… même la fin de vie ! »

A quel âge ?

En France, la ménopause survient en moyenne vers 51 ans. Cependant, des changements physiologiques et hormonaux peuvent survenir plus tôt, vers l’âge de 40 à 45 ans, pendant la périménopause, qui comprend la période de cycles menstruels irréguliers avant la ménopause et l’année suivant la ménopause. l’arrêt effectif des règles ou plus tard, vers l’âge. 55.

« Une femme qui reste longtemps sans rapport sexuel est plus susceptible d’éprouver de la douleur par la suite. »

« La société a énormément changé : il y a de plus en plus de divorces, de couples mixtes, et donc aussi de femmes qui vivent de longues périodes sans relation. Ce qui était moins courant, par exemple, il y a 50 ans », note notre expert. Et une femme qui traverse une longue période sans rapport sexuel et qui n’a pas « désiré » son vagin depuis longtemps est plus susceptible d’avoir une atrophie du système urogénital et donc des douleurs lors des rapports sexuels.

Pourquoi le plaisir peut baisser après 50 ans ?

• Un vagin plus sec

Les femmes confondent souvent la luxure avec le plaisir. « Une femme peut vraiment avoir envie de faire l’amour mais n’en être mécaniquement pas capable », précise le Dr Besnard-Charvet. En effet, alors que la libido est principalement liée au côté psychologique, le plaisir sexuel et l’atteinte de l’orgasme sont dépendants des oestrogènes. « Parlons donc de problèmes ‘mécaniques’ ou ‘physiques’. En effet, un manque d’oestrogène entraîne souvent un manque de lubrification vaginale, qui peut donc prendre plus de temps à se réaliser. Mais c’est un véritable cercle vicieux : les rapports sexuels peuvent devenir moins nombreux et Et ces douleurs peuvent provoquer une appréhension lors du prochain rapport sexuel ou une anticipation négative, ce qui peut affecter l’excitation sexuelle et le désir de faire l’amour à long terme, précise le gynécologue.

• Une atrophie de la vulve et du vagin

Des changements physiologiques se produisent dans la vulve et le vagin pendant la ménopause. « Les femmes souffrant d’un déficit sévère en oestrogènes peuvent parfois développer un syndrome d’atrophie de l’appareil génito-urinaire, qui peut rendre mécaniquement les rapports sexuels difficiles », note notre interlocuteur. Ce syndrome se caractérise par un amincissement des parois vaginales, qui peut provoquer une gêne et des douleurs lors des rapports sexuels (dyspareunie). « Evidemment, ce syndrome varie d’une femme à l’autre. Il y a des patientes qui, 5 à 10 ans après la ménopause, ne peuvent plus insérer un doigt dans le vagin. D’autres, chez qui on ne s’en aperçoit pas, peuvent ne pas développer d’atrophie vulvo-vaginale », précise-t-il. ajoute. . Le problème : les femmes n’ont pas toujours le courage d’en parler à leur médecin. Or, l’atrophie de l’appareil génito-urinaire peut réellement affecter le confort lors des rapports sexuels, affecter l’intimité du couple et plus généralement modifier l’estime de soi.

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• Des odeurs vaginales

Le manque d’hormones dans le vagin déséquilibre la flore : le manque d’oestrogènes entraîne une diminution des « bonnes bactéries » dans le vagin et favorise la formation de « mauvaises bactéries » (Gardnerella, Streptocoques B…), qui sont absolument absents. n’est pas dangereux, mais peut provoquer des pertes nauséabondes du vagin. Ces parfums intimes peuvent réduire la confiance, le désir et augmenter l’inconfort pendant les rapports sexuels. « Ces odeurs nauséabondes ne sont pas graves et ne sont pas un signe d’infection : un peu d’hormone (hormonothérapie locale à base d’estriol) ou de probiotiques vaginaux suffisent généralement à les soulager. Dans tous les cas, acceptez que votre corps change et dites-vous que il existe des solutions médicales dont il ne faut pas se priver », conseille le Dr Besnard-Charvet.

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• Des raisons psychologiques

De plus, « la libido n’est pas complètement dépendante de l’hormone. Le côté psychologique compte beaucoup », poursuit notre interlocuteur. La libido peut en effet être affectée par un certain malaise psychologique ou émotionnel dû aux fluctuations hormonales lors de la ménopause : on voit notre corps changer, on prend quelques kilos, on est plus anxieux, irritable, stressé, on a moins confiance en soi. .et tout cela affecte l’intimité. Pour surmonter ces changements et retrouver une vie intime satisfaisante, il est préférable de consulter un médecin – que ce soit un gynécologue, une sage-femme ou un sexologue.

Quelles solutions pour une vie sexuelle satisfaisante après 50 ans ?

Il existe des mesures préventives pour prévenir le syndrome d’atrophie génito-urinaire. « Je conseille aux femmes qui n’ont pas eu de partenaire depuis un moment d’observer leur vagin en essayant d’insérer un ou deux doigts. En général, si une femme peut insérer deux doigts sans se faire mal, la relation est possible. Si elle a des douleurs , il faut faire des ajustements consulter un professionnel de santé (gynécologue, sage-femme) pour trouver une solution », conseille le gynécologue.

Le sperme contient des substances qui aident à lubrifier le vagin.

« Dans l’idéal, il faut ‘former’ son vagin et avoir des relations sexuelles régulières pour éviter qu’il ne se contracte et aussi parce que le sperme contient des substances qui aident à lubrifier le vagin et à augmenter la souplesse des muqueuses », explique le spécialiste. Si vous n’avez pas de partenaire, cet « exercice » préventif suffit amplement. Les femmes qui ne se sentent pas à l’aise avec leur corps peuvent, si elles le souhaitent, consulter un médecin (sage-femme, gynécologue), qui examinera l’état de leur vagin environ une fois par an et leur prescrira un traitement adapté. Selon le patient, le professionnel de santé peut prescrire :

Pour de nombreuses femmes, la sexualité post-ménopausique reste très agréable et pleinement satisfaisante.

Une sexualité plus épanouie à 50 ans ?

Bien sûr, la sexualité à 20 ans n’est pas la même qu’à 50 ans. Mais cela peut être plus enrichissant et l’occasion de découvrir de nouveaux plaisirs. « Le déroulement de la ménopause de la femme correspond à la période où les enfants prennent leur autonomie, quittent le foyer, elle se retrouve seule avec son conjoint. [La femme peut] voir une nouvelle liberté et se sentir désirable et désirable. », a déclaré le Collège national français. des Gynécologues et Obstétriciens (CNGOF) rapporte dans un article sur « La ménopause et au-delà ? » Cette période représente l’affranchissement du risque de grossesse et du rituel des menstruations, qui est la « source de la sexualité ravivée ». Un corps toujours désirable et un imaginaire toujours riche.En général, pour beaucoup de femmes, la sexualité post-ménopausique reste très agréable et offre une entière satisfaction.

Ils sont pleins de confiance en eux et veulent faire l’amour très souvent.

Grâce à des années d’expérience et à la connaissance de plusieurs partenaires, une femme connaît également mieux son corps et sa réaction. Elle a acquis une confiance qui lui permet de mieux définir ses positions préférées et les parties du corps les plus érogènes. Il est à l’écoute de ses envies, de ses souhaits et peut être curieux de tester d’autres expériences ou de découvrir d’autres pratiques… « Mes patients comptent de nombreuses femmes de 50 ans séparées de leur mari, avec qui elles entretiennent une relation depuis très longtemps. depuis longtemps, et qui tombent éperdument amoureux d’un nouveau partenaire. Ils sont pleins de confiance en eux, beaucoup d’excitation et veulent faire l’amour très souvent. Ils retrouvent cette fougue et cette passion qu’ils avaient perdues un peu auparavant. En tout Dans ce cas, se connaître, accepter les changements physiques, être conscient de ses désirs et les communiquer à son partenaire sont les meilleurs moyens de maintenir une vie intime bien remplie », conclut le Dr Besnard-Charvet.

Merci Dr Christelle Besnard-Charvet, Gynécologue-Obstétricienne.