Le président du Medef, qui prône une réforme de la retraite et de l’assurance-chômage, a mis en garde le gouvernement contre le risque de faillite des entreprises en raison des prix de l’énergie. « Il y a urgence », a-t-il prévenu.
Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, était l’invité de franceinfo ce jeudi 29 septembre à 8h30. Il s’est dit « préoccupé » par les « faillites » d’entreprises confrontées à la crise énergétique. La cheffe des patrons a également assuré qu’il se rendrait « bien sûr à la concertation annoncée par Elisabeth Borne » sur la réforme des retraites, qu’elle souhaitait faire approuver « avant la fin de l’hiver ». Voici ce que vous pouvez retenir de cette interview.
Réforme des retraites : « On ira évidemment à cette concertation »
« Avec une réforme aussi importante, il était difficile de ne pas tenir de concertation », a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux, alors que le Premier ministre veut ouvrir un nouveau cycle de discussions. « Nous irons bien sûr à cette consultation. Nous examinerons d’abord ce qui est proposé, puis nous ferons des suggestions.
« Nous avons soutenu le principe d’une réforme des retraites dès le début », a-t-il rappelé, alors que le gouvernement veut faire voter un projet de loi « avant la fin de l’hiver » pour « que la réforme entre en vigueur à l’été 2023 ». « Si nous voulons conserver notre système social, il nous faut cette réforme », a martelé le patron des patrons, lui aussi pour une réforme des régimes spéciaux de retraite.
Retraites ➡️ Il y a une « injustice dans le système de retraite entre salariés du privé et du public ». Concernant les régimes spéciaux, « il sera difficile de demander aux Français de travailler plus longtemps si certaines catégories sont exemptées », a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux. pic.twitter.com/czyFEbSDbY
Les pensions de retraites complémentaires du privé seront revalorisées « de 5,1% »
Après les négociations entre le patronat et les syndicats, « c’est un équilibre qu’on a trouvé. Les retraites de ceux qui travaillent dans le privé et qui ont fait des efforts, qui ont des réserves, ne doivent pas être ponctionnées d’une manière ou d’une autre pour financer d’autres régimes. Cela fera partie de la ligne rouge sur laquelle nous serons très vigilants. Ce principe, approuvé par les syndicats et les employeurs en commission paritaire mardi, doit être ratifié lors d’une réunion du conseil d’administration le 6 octobre.
« On aura des faillites » : le Medef alerte Emmanuel Macron sur la crise de l’énergie
« Nous avons mené une enquête éclair auprès de nos adhérents. Sur les 800 entreprises interrogées, 11 % envisagent de ralentir ou d’arrêter leur production », note Geoffroy Roux de Bézieux, interrogé sur la hausse des prix de l’énergie.
Le président du Medef se dit « préoccupé »: « On a parlé du mur des faillites pendant la crise du Covid, ça ne s’est pas fait. On va avoir des faillites là-bas. » Geoffroy Roux de Bézieux alerte Emmanuel Macron sur « l’urgence » de la situation. « Au niveau européen, nous pouvons changer ce système absurde qui fait que le prix de l’électricité est lié au prix du gaz. C’est un prix artificiel qui ne correspond à aucune réalité économique », a-t-il déclaré.
Crise de l’énergie ➡️ « Je suis très inquiet. On a parlé du mur des faillites pendant la crise du Covid, ça ne s’est pas fait. On va avoir des faillites là-bas », assure Geoffroy Roux de Bézieux. « Je vais sonner l’alarme. »
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Réforme de l’assurance-chômage : « Elle est indispensable mais elle ne va pas tout résoudre »
Une autre réforme de la rentrée scolaire prioritaire pour le gouvernement est celle de l’assurance-chômage, qui alignera les règles du chômage sur la santé économique du pays. Pour Geoffroy Roux de Bézieux c’est « essentiel ». « Oui, dans certains cas, il y a des incitations à ne pas travailler ou à changer d’horaire ‘parce que c’est plus gratifiant’ que de travailler. Il y a des gens qui optimisent », dit-il.
Outre la question de « l’attractivité de certains métiers », il lui faut aussi aborder le logement et la mobilité. On voit que la France se déplace là où se créent des emplois et qu’il est toujours difficile pour les Français de se déplacer. » Si des critères géographiques ont été temporairement pris en compte dans la réforme de l’assurance-chômage, « ce n’est plus le cas », assure-t-il. le président par le Medef.
Crédit d’impôt recherche : Total est « le bouc-émissaire favori »
Total a réalisé plus de 10 milliards d’euros de bénéfices en 6 mois et a annoncé qu’il verserait un acompte sur dividende extraordinaire de 1 euro par action sur 2,62 milliards d’actions en décembre 2022. Si une entreprise comme Total « ne verse pas de dividendes, elle sera à la merci d’un rachat étranger », a réagi le patron.
« Je suis fier que nous soyons Total en France, Sanofi, de grandes entreprises qui sont restées avec nous »
Mais ces gains font grincer des dents certains, qui ne comprennent pas pourquoi l’entreprise bénéficie d’avantages fiscaux, notamment dans le cadre du crédit d’impôt recherche. « Vous voulez interdire à une entreprise de bénéficier d’un système ? Ça ne marche pas, on ne peut pas faire le tri. Soit il y a un système pour toutes les entreprises, soit il n’y a pas de système. » Geoffroy Roux de Bézieux estime que « Total est le bouc émissaire favori ». Il vaut mieux qu’il reste en France « que qu’il parte à l’étranger ».
Si nous avons des crédits d’impôt en France, c’est « parce que nous avons le taux d’imposition le plus élevé d’Europe. Je parle des prélèvements obligatoires. Nous avons créé des soi-disant échappatoires fiscales pour atténuer cet impact. Le crédit d’impôt de 6 milliards permet d’avoir « des chercheurs en France, chez Total, chez Sanofi et aussi dans les TPE ».
Retrouvez l’intégralité du 8h30 franceinfo de Geoffroy Roux de Bézieux face à Salhia Braklhia et Marc Fauvelle en vidéo.