Médiateur, ce médecin généraliste des quartiers nord de Marseille mesure chaque jour son caractère « vraiment utile ». Dans son cabinet de la Cité des Oliviers dans le 13e arrondissement, le Dr Slim Hadiji reçoit ainsi des patients qu’il ne verrait jamais sans le travail d’associations de terrain qui vont à la rencontre des personnes les plus éloignées du système de soins. Sans parler du rôle qu’ils jouent en termes d’information médicale, comme la nécessité d’un traitement contre le cancer. « Je peux prescrire, malheureusement les gens ne font pas les tests », a déploré le médecin. Pour les mammographies, seulement une personne sur dix revient après les avoir passées. Il n’y a pas un seul centre de radiologie dans le district et l’hôpital du nord est loin. »

Ce vendredi à Marseille, dans le cadre du Conseil national pour la refondation de la santé, le ministre de la Santé, François Braun, écoute attentivement ce témoignage. A l’image des associations qui se sont renouvelées depuis le premier confinement et restent au plus près des gens. « Le Covid a aussi eu un effet positif sur le besoin d’échange entre partenaires, a déclaré le Dr Philippe Malfait, médecin français et épidémiologiste de Santé publique. Il a posé la question : comment orientez-vous les groupes vers les zones qui en ont le plus besoin ? Ainsi, donner les quartiers où le virus circulait le plus « Ce processus prioritaire, pourquoi ne pas suivre le vaccin, avec le dépistage du cancer ?

Des équipes mobiles, comme dans l’humanitaire

Le dispositif des équipes mobiles en CorHES de lutte contre l’épidémie, déployé pour accompagner spécifiquement les familles à domicile contraintes à l’isolement et pour lutter contre le faible taux de vaccination contre le Covid-19, se poursuit dans certaines problématiques de santé : dépistage mammaire, cervical, cervical et cervical . cancers du côlon, amélioration de la couverture vaccinale (pas seulement contre le Covid), le tout en banlieue nord. Avec des intermédiaires qui renseignent dans les lieux de vie, ou en porte-à-porte à domicile, comme le fait la SEPT (Santé environnement pour tous). « Il y a une population d’hommes difficile à atteindre, on essaie de se réunir dans les mosquées, les centres sportifs, de distribuer des kits de diagnostic du cancer colorectal », raconte par exemple Karima Djelat, l’une des médiatrices.

À Lire  Hygiène bucco-dentaire : quels conseils pour des dents éclatantes ?

« En France, on a fini par abandonner cette forme d’action de santé publique, basée sur la médiation, alors que dans le domaine humanitaire, les équipes mobiles se rendent auprès des populations », explique le Dr Stanislas Rebaudet, infectiologue à l’hôpital européen. Et d’ajouter : « L’idée est de maintenir ce type d’action. Le financement de CorHESan s’achève en juillet prochain, mais il faudrait s’engager pour au moins trois ans, à la fois devant la population, et pour évaluer cette dynamique et produire des informations importantes pour la stratégie de santé publique. L’inquiétude face à l’avenir est la même pour les courtiers SEPT. « Il n’y a rien de pire que de montrer aux habitants qu’il y a des solutions mais pas de financement », a prévenu Yazid Attalah, son président.

« Eh bien banco ! »

Le PDG de l’AP-HM, François Crémieux, enfonce un peu plus le clou, s’adressant au ministre de la Santé avec ces mots clairs et précis : « Il faut quitter Marseille avec un peu de colère. Dans dix ans on risque de se retrouver encore avec de grands des histoires et des actions engagées, mais de la bonne volonté Il faut sortir et briser cette triste réalité qui ne s’améliore pourtant pas. Il faut se fixer des objectifs à atteindre. » Derrière, une carte illustrée, des indicateurs supplémentaires, distinguant le nord/sud de l’accès à l’attention à Marseille.

Le ministre refuse de donner des objectifs, estimant qu’ils doivent venir du terrain : « Si l’objectif est de réduire de 60% le dépistage du cancer du sein, ba banco », lance-t-il, pour renvoyer la balle dans le filet. « Les solutions viennent du terrain, on voit très bien ça à Marseille », dit-il, tentant de nous rassurer sur la pérennité de ces projets pilotes de médiation sanitaire : « C’est quelque chose qui marche, bien sûr on va le prolonger. »

« On peut faire pareil en banlieue parisienne ou à la campagne », a ajouté François Braun, qui a également visité le phare du sourire, le centre d’accueil pour enfants atteints de cancer et le centre de santé ouvert au coeur de l’AP-HM. la ville des Aygalades. « Je suis venu à Marseille pour voir les originalités, les choses mises en place pour répondre aux besoins sanitaires, les initiatives exemplaires de Marseille », poursuit le ministre. Il dit avoir vu « tout l’intérêt de la médiation sanitaire ». Le Dr Philippe Denormandie se verra confier une mission sur le sujet.